Mohamed Anako, figure de proue de l'ex rébellion touareg des années 90 au Niger, s'est inquiété lundi d'éventuels "dérapages" de l'armée, dont les pouvoirs ont été renforcés dans le nord, théâtre d'affrontements entre l'armée et une nouvelle rébellion touareg.
"Les gens sont inquiets, et on craint des dérapages", a affirmé M. Anako, ex chef de front rebelle touareg et actuel responsable du Haut commissariat à la restauration de la paix (HCRP, gouvernemental), joint par téléphone.
Le HCRP est chargé du suivi des accords de paix signés entre les rebelles touareg et le gouvernement du Niger et qui avaient mis fin à la première révolte des Touaregs de 1991 à 1995.
Confronté à une nouvelle rébellion de plus en plus active au nord, le président nigérien Mamadou Tadja a signé vendredi un décret qui renforce les pouvoirs des forces de défense et de sécurité "à l'occasion de leurs opérations sur le terrain du conflit".
"Ils (des éléments de l'ex rébellion) ne font que m'appeler tous les jours au téléphone, pour me dire qu'ils sont inquiets, bien qu'ils aient réaffirmé leur soutien aux accords de 1995", a souligné Mohamed Anako.
Une source touareg à Agadez (nord) a affirmé lundi par téléphone à l'AFP qu'au moins trois personnes proches de l'ex rébellion ont été interpellées samedi et dimanche dans cette ville.
L'armée leur reprocherait des liens présumés avec la nouvelle rébellion touareg - le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ) apparue fin février dans la région.
Au moins cinq autres arrestations ont été signalées lundi à Arlit, la citée minière au nord d'Agadez.
"Nous avons des gens qui ont été arrêtés", a indiqué M. Anako, sans avancer de chiffres.
Il a par ailleurs lancé un appel aux autorités nigériennes "à vite aller au dialogue" avec le MNJ.
"J'ai toujours dit qu'il faut aller vite au dialogue et le privilégier. Tant qu'on ne va pas dans ce sens, il faut s'attendre à tout", a-t-il estimé.
Au Niger, au moins 3.000 ex combattants touaregs avaient été démobilisés et cantonnés essentiellement dans la région d'Agadez (nord), où certains attendent encore leur réinsertion socio-économique promise par les autorités.
Selon le MNJ plusieurs de ces ex rebelles ont déjà regagné ses rangs.
S'agissant d'un éventuel rapprochement du MNJ et d'ex rebelles touaregs maliens, M. Anako a ajouté: "Il faut aller vite vers le règlement de la question (touareg) au Niger comme au Mali, dans tous les cas c'est pareil".
Quinze militaires maliens ont été enlevés dimanche à Tédjérète (nord-est) par des "hommes armés" qui ont ensuite pris la direction de la frontière avec le Niger, a annoncé lundi l'armée malienne.
La semaine dernière, d'ex rebelles touaregs maliens, en rupture de ban, avaient annoncé la naissance de l'Alliance-Touareg-Niger-Mali (ATNM), une union entre les ex-rebelles touareg du Mali et le M |