Une dizaine d’enseignantes et enseignants de Tamazight (langue amazighe), observent une grève de la faim depuis le 27 octobre 2007, dans les locaux de la Maison de la Presse à Alger, afin de protester contre leur licenciement abusif par le ministère de l’éducation nationale.
Ces personnes qui ont enseigné Tamazight pendant plusieurs années (5 ans pour la plupart), ont vu leurs contrats de travail unilatéralement rompus par le ministère à la rentrée 2007-2008.
Ces enseignants qui sont contractuels de l’Etat, subissent depuis des années les atteintes à leurs droits sociaux et les discriminations. Ils ont un statut précaire, une rémunération inférieure et des conditions de travail plus pénibles que celles de leurs collègues (emploi sur plusieurs sites éloignés les uns des autres, salaires versés avec des retards pouvant atteindre plusieurs mois, etc). Ces injustices les ont poussés à entreprendre de nombreuses actions de protestation (lettres, pétitions, grèves, manifestations publiques) mais sans résultat.
Aujourd’hui, le ministère de l’éducation nationale s’en prend tout simplement à leur emploi après les avoir exploités pendant plusieurs années au mépris de la légalité et de toute considération humaine.
Le licenciement des enseignants de Tamazight est particulièrement absurde car il se produit au moment où l’Algérie, après avoir reconnu le statut de langue nationale à Tamazight, avait justement besoin d’un grand nombre d’enseignants de cette langue afin d’en généraliser l’enseignement comme le stipule clairement l’article 3 bis de la Constitution : " Tamazight est langue nationale. L'Etat oeuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur le territoire national ".
Au lieu de créer de nouveaux postes afin de faire face aux besoins croissants d’enseignement de Tamazight, le gouvernement a décidé de supprimer cette année plusieurs postes budgétaires, particulièrement dans la Wilaya de Tubirett (Bouira) qui fait partie de la région de Kabylie. Cela correspond visiblement à la stratégie du gouvernement arabiste d’Alger de réduire progressivement l’aire géographique de l’amazighophonie jusqu’à son extinction totale en Algérie.
Le Congrès Mondial Amazigh condamne cette politique ethnocidaire et le mépris du droit fondamental des Amazighs d’Algérie de jouir de leur identité socioculturelle. Il exprime son total soutien aux grévistes de la faim et à l’ensemble des enseignants de langue amazighe dont les contrats n’ont pas été renouvelés cette année. Aux côtés de tous les enseignants de Tamazight, des enfants amazighs et du peuple amazigh d’Algérie, le CMA exige du gouvernement algérien :
- la réintégration immédiate de tous les enseignants de Tamazight licenciés,
- la généralisation de l’enseignement de la langue amazighe conformément à la Constitution,
- la reconnaissance du statut de langue officielle pour la langue amazighe et sa promotion avec des moyens institutionnels et financiers au moins égaux à ceux alloués à la promotion de l’arabe,
- Le respect par l’Etat algérien de ses engagements et ses obligations internationales en matière de droits de l’homme et de libertés fondamentales.
Le CMA dénonce l’hypocrisie du gouvernement algérien qui consiste à multiplier les annonces de bonnes intentions en faveur de la langue et de la culture amazighes tout en pratiquant une réelle politique anti-amazighe.
Paris, le 30/10/2007
Belkacem Lounes, Président
CMA
BP 124
108, rue Damremont
75018 Paris, France