Si l'on compare entre les commémorations du 20 avril de l'année précédente et de celle en cours, on constate une nette progression dans l'évolution de la cause du MAK : Le projet d'autonomie de la Kabylie avance, et cela, même si l'apathie des Kabyles vis-à-vis de la chose politique est à son niveau le plus fort. L'usure occasionnée par 4 ans d'agitation quotidienne n'ayant débouché sur aucun résultat tangible de la « plate-forme d'El-Kseur », grève toujours la mobilisation pour les marches du 20 avril. Si on y ajoute le boycott médiatique et la désinformation contre le MAK, les marches qu'il a initiées sont un éclatant succès. A Bouzaréah, les étudiants ayant manifesté et scandé « Kabylie autonome ! » étaient près de 2000. A Tizi-Ouzou, ils étaient le double et formaient l'écrasante majorité des manifestants. A Tuvirett et particulièrement Vgayet où Ferhat a marché avec les siens, aucun appel n'a drainé autant de monde que celui du MAK.
Pour la commémoration du 28ème anniversaire du printemps berbère, en plus de ces marches, des conférences-débats ont été animées par quelques responsables du MAK.
C'est ainsi que Ferhat MEHENNI a été ovationné au centre culturel d'Illoula-Ou-Malou, puis accueilli par le village d'Ihamziyen de la même commune le jeudi 17 avril 2008. Le lendemain matin vers 9h 30, il a rencontré les citoyens de Tazrart dans la commune de Makouda, avant de se rendre à Tizi-Ouzou pour animer une conférence de presse durant laquelle Ferhat l'homme politique s'est effacé devant l'artiste pour présenter son nouvel album « Requiem et espoir ». A cette occasion, la conférence intitulée « La prétention de la musique universelle » était une belle leçon sur la conception de la musique. Plusieurs artistes et journalistes étaient présents. A la fin de cette conférence, Ferhat MEHENNI s'est rendu à Ath-Douala pour s'incliner à la mémoire de Guermah Massinissa et y animer une rencontre publique en tant que président du MAK.
La journée du 19 avril 2008 a été un véritable marathon pour Ferhat MEHENNI qui a animé trois conférences-débats dans trois résidences universitaires de Vgayet, « 17 octobre » en début d'après-midi, « Targa Ouzemmour » à 16 heures et « Ireyahen » durant la soirée. Avant la dernière, il a animé un meeting sur l'esplanade de la mairie d'El-Kseur à l'invitation du Mouvement pour la réconciliation régionale. Accueilli triomphalement par la population d'El-Kseur, il a été également chaleureusement reçu par le P/APC RCD de cette commune.
Dans ses interventions, Ferhat MEHENNI a été radical dans ses interventions. Avant de conclure que la reconnaissance des Kabyles en tant que « peuple » et de la Kabylie en tant que « nation » est irréversible, le président du MAK a retracé l'histoire des résistances de la Kabylie. Au passage, il a révélé l'existence d'un acte daté du 17ème siècle prouvant l'existence antérieure de la nation kabyle en tant que telle avant son anéantissement par les forces coloniales françaises. Ce sont ces dernières qui ont fini par « créer » l'Algérie.
De la bataille d'Ichériden en 1857, de la résistance de 1871 aux printemps berbère et noir, en passant par l'Etoile Nord-Africaine, la crise berbériste et la guerre d'Algérie, Ferhat MEHENNI n'a pas manqué de souligner que la hargne des Kabyles à défendre leur liberté a toujours été la même quelque soit l'oppresseur. Toutefois, leur drame a toujours été ,aussi, leur vœu de construire toute l'Algérie, ce qui demande des moyens disproportionnés par rapport à leur taille.
L'Histoire, tout le monde la connaît. Mais, il faudra toujours la rappeler, la Kabylie s'est toujours retrouvée isolée. Pire encore, spoliée de ses droits après avoir été à l'avant-garde des luttes.
C'est ainsi que Ferhat MEHENNI déclarera que, le 5 juin 2001, il prît ses responsabilités en prenant l'initiative, avec un groupe de militants, de revendiquer officiellement un statut de large autonomie régionale pour la Kabylie. C'est en ces termes qu'il s'adressera à la génération actuelle en parlant de sa propre expérience : « J'ai toujours vécu dans la peur. Après l'armée coloniale française, l'ANP de Benbella, la SM de Boumediène puis la Police, les prisons et enfin, la Gendarmerie, demain, ce sera la peur pour vous que je considère tous comme mes propres enfants ». Si durant le printemps noir de 2001, les Gendarmes ont tiré sur les jeunes Kabyles, il est sûr que ce ne sera pas la dernière fois !
Ferhat MEHENNI fera remarquer qu'après avoir échoué en essayant d'arabiser la Kabylie par l'école, le pouvoir essaye de le faire par la mosquée en envoyant des imams intégristes. De plus, depuis 1980, l'arabisation n'a jamais reculé. Bien au contraire, elle avance : « Avant le printemps berbère, il y avait une seule chaîne de télévision en arabe. Aujourd'hui, il y en a trois et pas une seule en Tamazight ».
Le président du MAK insistera sur le fait que seul un Etat Régional Kabyle autonome prendra en charge les aspirations du peuple Kabyle. Toutefois, cette revendication ne doit pas s'éterniser. A cet effet, il déclarera que si le pouvoir central algérien continue de faire la sourde oreille, d'ici sept, huit ans au maximum, le MAK « passera la main » et cèdera la place aux autres propositions, notamment celle qui est plus radicale et qui est relative à… l'indépendance de la Kabylie !
Enfin, signalons, qu'au passage, Ferhat MEHENNI a cité quelques textes de droit international relatifs aux droits des peuples que l'Algérie a ratifiés et qu'elle ne respecte pas. Par contre, de son côté, sur le plan international, le MAK a réussi à faire répertorier la Kabylie en tant que peuple et nation. Par ailleurs, les Kabyles devront un jour demander des comptes au pouvoir algérien et exiger réparation.
Plus que jamais, les Kabyles doivent prendre conscience de leur existence en tant que peuple et nation et exiger leurs droits. Comme l'a si bien souligné Ferhat MEHNNI, ces derniers ne se présenteront pas au peuple Kabyle. C'est aux Kabyles de les arracher.
Rappelons que M. Mouloud Mebarki, Secrétaire Général du MAK, l'a accompagné dans tous ses déplacements et ses conférences. Signalons enfin que M. Mohand Larvi Tayev, président du Conseil National du MAK et Secrétaire National à la Formation a animé une conférence-débat le 21 avril à l'Institut de Droit à Boukhalfa, et une autre avec M. Bouaziz Ait Chebbib, Secrétaire National à l'organisation à Oued Aissi, le 22 avril 2008. Le 23, Ferhat s'est rendu à la commune d'At Vu Yusef où une association l'a accueilli et invité à faire une allocution dans laquelle il a, comme partout où il est passé, fait passer deux messages :
1 – À l'avenir, la journée du 20 avril ne doit plus être diluée dans des activités associatives qui retiennent les populations dans les villages et les petites villes mais dans les chefs-lieux de Wilayas où les démonstrations de force nous sont vitales.
2 – L'islamisme et l'arabisme rampants ont taillé des croupières aux civilités kabyles. En effet, il est devenu courant d'entendre presque tout le monde entrant dans un lieu public dire « Ssalamou-âlikoum » au lieu et place de « Azul ». Ssalamou-âlikoum est le signe de ralliement des islamistes et constitue de ce fait un signe religieux ostentatoire dont la laïcité kabyle ne devrait pas s'accommoder.
