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Une société amazighe algérienne en danger d'extermination programmée


Par NAT MZAB, AmazighWorld.org
Date : 2009-02-11

 

Marche initiée juste après l'inhumation des deux victimes de la barbarie BENZAIT Bachir et KERROUCHI Omar dans l'après-midi du 03 février 2009

Situation géographique

Berriane (ce toponyme tire son étymologie de Bergan signifiant « tente en poils de chameau » en langue amazighe du Mzab ), dont la date de fondation de son ancien Agherm (Ksar) remonte au dix-septième siècle de l'ère grégorienne, est une commune de l' Algérie et, en même temps, daïra (arrondissement) de la Wilaya (département) de Ghardaia (tagherdayt, en amazighe). Elle est située dans le Sahara septentrional, à l'extrême Nord de la wilaya de Ghardaïa , à 554 km au sud d' Alger . Elle est traversée par une artère économique et communicationnelle vitale qui est la Route Nationale Numéro 1. En plus de son importance régionale du point de vue démographique, économique et culturel, la commune de Berriane occupe une position stratégique qui relie les villes du Sud à celles du Nord. Cette commune, qui occupe une superficie de 2 250 km², se limite :

Au nord, par les communes de Hassi Delâa et Hassi R'Mel ( wilaya de Laghouat )

Au sud, par les communes de Bounoura, Ghardaïa et Daya (wilaya de Ghardaïa)

A l'est, par la commune de Guerrara ( wilaya de Ghardaïa )

A l'ouest, par la commune de Hassi R'Mel (wilaya de Laghouat).

 

Aperçu historique

A la lumière des témoignages archéologiques, préhistoriques et historiques, la région de Bergan avait connu la présence de l'homme depuis au moins le néolithique. Le peuplement historique de Berriane serait dans sa majorité d'origine amazighe de la branche zénète dont l'ascendance arrive jusqu'aux Garamantes.

Jadis cette ville était uniquement occupée par une population amazighe à laquelle s'était, comme les autres cités du Mzab (avec un z emphatisé), sédimentées d'autres familles amazighes d'ailleurs ayant rejoint au fil des temps cette région pour constituer la trame du monde des At Mzab ( mozabites ) tel que nous le connaissons aujourd'hui. Outre une communauté amazighophone, elle compte aujourd'hui six tribus arabophones qui, en quittant le régime nomade, s'y était installée définitivement depuis quelques décennies. L'itinéraire des mouvements, des vagues nomades et de l'installation des tribus arabes et belliqueuses peut être minutieusement établi. En bref, les At Mzab de Berriane, en particulier, avaient les longs des siècles entretenir des relations commerciales avec les tribus arabes nomadisant dans les parages avant de les accueillir définitivement chez eux en les faisant travailler, leur accordant des terrains pour construire leurs logements, leurs mosquées et leurs cimetières. Mais il s'avère que les arabophones, bien qu'ils se sont sédentarisés de manière définitive il y a bien quelques décennies de ça, n'ont pas encore franchi cette étape transitoire qui leur permettrait de devenir surtout dans leur état d'esprit des citadins à part entière. De ce fait, ils ne sont pas parvenus encore à comprendre que la vie sédentaire veut dire s'adapter sur divers plans à ses mécanismes. Cet état d'esprit hérité ne peut être soumis à l'ordre citadin et surtout à l'autorité, ni à l'organisation. C'est les habitudes de la sauvagerie qui sont une nature et un tempérament qui excluent et contredisent la civilisation. Le grand historien Ibn Khadoun dit de ces arabes nomades : « Mais il est en outre dans leur nature de dépouiller les gens de ce qu'ils possèdent et de se pourvoir du nécessaire grâce à leurs lances. Ils n'ont pour piller les biens d'autrui aucune limite à laquelle ils s'arrêtent… ». N'oublions pas surtout que les différents événements que la région du Mzab a vécus dans l'Algérie post-indépendante (1975 « At Izadjen », 1985 « Ighzer Mzab (vallée du Mzab) », 1989 « Igerraren », 1990 et 2008-2009 « Bergan »…) n'avaient pas été déclenchés par rapport aux données apparentes d'aujourd'hui. Les mêmes effets produisent les mêmes causes, mais les outils et les catalyseurs changent au cours dans l'espace et au cours du temps, tandis que le fond est le même. Le problème est beaucoup plus compliqué que l'on croit. Il est raisonnable d'évoquer ici qu'un tel séisme social sans précédent est le résultat d'un ensemble de facteurs réunis, mais le manque de données empêchent actuellement de trancher sur toutes les causes directes et indirectes, latentes et aigues ayant conduit à ces émeutes.

En effet, l'histoire de la ville de Berriane ne peut faire que partie intégrante de celle de la région d'At Mzab. C'est chronologiquement la dernière cité fondée de toutes les autres du Mzab. Notons toutefois que les At Mzab, dont les ascendants directs sont les anciennes populations amazighes semi-nomades connues sous le nom de mouâtazilites, sont apparus dans l'histoire en tant que société citadine organisée il y a plus d'un millénaire ; mais, nous devons également signaler qu'aucune hypothèse de peuplement arabophone antérieur à At Mzab ne peut être admise. La reconstitution du passé de la région du Mzab va rendre possible grâce à des recherches scientifiques une vision très claire de l'histoire de cette société algérienne ayant conservé jusqu'à nos jours sa langue amazighe, sa culture, son rite ibadhite, ses us et coutumes qui, en grande partie, datent de plusieurs millénaires. Ces hommes qui ont gardé jalousement leur langue-culture ancestrale peuvent éclairer les périodes précédentes et provoquer un enchevêtrement dans les recherches effectuées par les spécialistes quant à l'établissement d'une préhistoire et d'une histoire propre au Mzab .

Outre sa vocation première agricole, Berriane dont la taille démographique dépasse à présent les 47.000 habitants, est aussi une ville touristique attrayante (existence de gravures et de fresques rupestres datant de la préhistoire, d'inscriptions en alphabet amazighe " Tifinagh ", de monuments historiques et architecturaux de renommée internationale).

La différence à BERRIANE entre les amazighes At Mzab et les arabophones, s'articule principalement autour de 5 axes :

  • La différence linguistique (tamazight et l'arabe dialectal).
  • La différence culturelle (mode de vie, arts, connaissances, traditions…).
  • La différence historique (les mozabites ont en leur actif une histoire remontant à plus de 10 siècles d'existence sociale et les arabophones, de nature nomades implantés à Berriane de manière définitive depuis quelques décennies).
  • La différence économique (les mozabites possèdent une économie beaucoup plus développée que celle des arabophones. Ces derniers occupent principalement les petits métiers, travailleurs et paysans simples).
  • La différence rituelle (ibadhisme et malékisme).

Aperçu architectural

L'architecture d'Ighzer Mzab, qui découle de l'essence d'une culture, est le résultat d'un long processus nord-africain et d'une expérience collective continue qui, le long des siècles, ont mis en implication les capacités et les potentialités dynamiques d'une société amazighe. L'architecture traditionnelle de Berriane s'inscrit dans le cadre de l'architecture du Mzab qui est connue pour ses particularités spécifiques en raison qu'elle fait partie d'une société définie. Elle est, de ce fait, caractérisée par une structure organisée, cohérente aussi bien qu'ordonnée. Elle est régie par une centralité exprimée par la position de la mosquée, ponctuée par un minaret dressé au point le plus éminent de la cité ; et tout autour vient s'organiser les maisons agglomérées harmonieusement et étagées sur les terrasses en rebord du plateau. L'habitation (taddart), elle-même, obéit à une centralité qui se reflète par l'organisation autour de l'espace central (maison dite introvertie) ouvert vers le ciel.

La palmeraie s'étale à une distance au pied de la cité et forme ainsi le prolongement de son territoire. Ce dernier qui, de manière harmonieuse, est bien structuré aussi bien que ponctué par les seuils tout le long du parcours de l'extérieur jusqu'à l'intérieur. Il y a à noter que le système oasien dans le Mzab est de type artificiel.

L'implantation de l'Agherm avec la palmeraie forme le noyau-socle de la vie humaine qui, depuis que la région a connu le mode de vie sédentaire, fait partie d'une étendue géographique. Le territoire géographique de l'agherm Bergan, se localise dans un enclos défini par le relief. Le territoire-espace de Bergan se subdivise en trois sous espaces :

  1. Agherm (le Ksar au sens local) : espace habité.
  2. Tindhelt (le cimetière) : espace des morts.
  3. Tajemmi (la palmeraie) : espace de subsistance et de fraîcheur.

Le fondation de l'Agherm n Bergan (Ksar de Berriane) sur un piton, tels que les autres du Mzab, obéit aux critères suivant :

  1. Offrir la meilleure protection contre les rigueurs climatiques du sahara.
  2. Protéger les terres cultivées, réserver puis dégager les terres cultivables.
  3. Mettre hors eau les habitations et les espaces d'activités urbaines.
  4. Répondre aux nécessités défensives.

En guise de prologue

Il n'est pas admissible humainement et logique nationalement de se taire sur toute cette situation alarmante et apocalyptique dans laquelle continuent d'exister des algériens. La société d'At Mzab de plus en plus minoritaire, est une des sociétés nationales les plus organisées. Au lieu qu'elle soit prise comme bon exemple, la voilà matée et condamnée. Cette minorité communautaire, qui se présente sous forme d'une unité organisationnelle linguistique, spirituelle et socio-économique avec un mode de vie avancé et amélioré, a dans un long processus millénaire d'adaptation et de réadaptation, su maintenir son existence jusqu'à nos jours. C'est d'ailleurs grâce à cette organisation que cette communauté a pu arriver à un grand succès aux divers plans urbanistique, architectural, agricole, économique, culturelle... C'est l'une des rares sociétés humaines qui ont pu créer de telles oasis artificielles dans le monde. C'est une expérience sociale unique que nous devons sauver, maintenir et enrichir afin que cette société ne sera pas condamnée de dislocation, voire de disparition.

Depuis quelques décennies, il y a eu une cohabitation entre les autochtones amazighes et les arrivants de certaines tribus arabophones qu'entre autres le colonialisme y avait implantées, cela aux années quarante du siècle précédent, dans l'objectif, d'une meilleure maîtrise et d'une bonne surveillance de leurs mouvements. Et au lieu que ces nomades se sédentarisent et s'intègrent avec la civilisation y existante, ils se sont limités et se sont bornés avec des comportements ségrégationnistes, pleins de haine et de jalousie. Ces pratiques ont même été allaitées par les mères à leurs enfants jusqu'en 1990 (premiers événements de Berriane dans l'Algérie post-indépendante), ils ont été clairement exprimés par des violences dont deux hommes d'At Mzab de nom de DADDI ADDOUNE (un père et son enfant) ont été tués en usant d'arme à feu. Par qui? Par leur voisin. En effet, l'assassin n'avait jamais cessé de profiter de leur gentillesse et de leur générosité. Là l'on peut confirmer que ces amazighes du Mzab sont victimes de leur tolérance excessive et de leur naïveté, puisque contrairement aux arabophones, les mozabites croient selon leur rite ibadhite qu'il est absolument péché de tuer quiconque. Quant aux arabophones, non seulement ils emploient un double langage, mais aussi ont un esprit qui s'intègre dans une vision Manichéenne et stéréotypée. Les At Mzab sont irréductiblement leurs ennemis. Pourquoi ? Parce qu'ils sont des amazighophones et, puis, des ibadhites (et, selon leur conviction religieuse, des Kharidjites, donc des mécréants qui méritent d'être tués au nom de Dieu…). La pire des haines est alimentée par leur penchant religieux, leur culture, leur éducation familiale et sociale, leurs références livresques les plus anciennes. Cette haine inhumaine est entretenue et alimentée catastrophiquement par le pouvoir algérien qui ne reconnaît même pas l'existence de ce rite Ibadhite, et ne fait rien pour le faire connaître aux nouvelles générations et ce, au même titre que les autres. Par ailleurs, le pouvoir actuel participe d'une façon ou d'une autre à alimenter, aggraver et attiser activement ce feu. Il est aussi utile de savoir que ces arabophones ingrats historiquement et ignorants socialement, ne peuvent pas sortir de leur carapace tant que leur éducation est basée sur les fondements actuels.

L'on sait depuis longtemps que ces arabophones venus d'ailleurs, qui n'arrivent pas à s'adapter au mode de vie citadin et ne parviennent pas à s'organiser, ni à se structurer pour vivre, ont le sentiment d'être inférieurs. Et en se retrouvant face à une population qui est là et travaille depuis des siècles, on fait payer à cette société organisée qui avance de sérieuses crises. Le peuple-sujet est le grand cobaye des systèmes politiques ayant accédé au pouvoir depuis 1962. Ce qui avait jeté de l'huile sur le feu, c'est que les systèmes politiques de l'Algérie indépendante ont bel et bien, par leur politiques déséquilibrées et déstabilisatrices, poussé les nomades arabophones (éleveurs d'ovins et producteurs de lait et de la laine) de changer d'un seul coup de mode de vie pastoral et de rejoindre la ville de Berriane. Par ce déséquilibre fatal, ces nomades se sont trouvés coupés de leurs ressources pour tomber dans une misère imprévue. Dans un climat créé, maintenu et entretenu par le pouvoir politique d'Alger, ces nomades se sont trouvés, par la bêtise de la politique appliquée, exclus de leurs propres repères. Et l'ignorance dans ce cas n'a engendré que la peur, et la peur a donné naissance à la haine qui se transforme en violence et agression. Le conflit révèle la crise aigue et fait apparaître à l'évidence ce qui était latent et caché. Donc le conflit est le grand témoin de l'existence d'une crise. C'est bien ça ce qui se passe à présent dans le Mzab. La misère, la pauvreté et la perte des valeurs positives ne peuvent que pousser les gens à envier le voisin. Voilà de quoi le peuple est victime. Mais le comble en tout ça, c'est que les responsables ne veulent pas admettre que lorsqu'un groupe attaque, il est tout à fait légitime que l'autre se défende. Même la société humaine la plus pacifique du monde se défend dans des conditions d'agression. Même dans le pire des scénarios, si les amazighes quittent leur propre ville, alors qu'ils sont là depuis toujours et que leurs ancêtres ont construit et travaillé sur cette oasis pour en faire un des greniers des civilisations humaines, ça ne sera que la destruction de la civilisation de l'humanité.

Dans cette optique, l'ignorance a joué un rôle prépondérant, puisqu'elle a donné naissance à la peur et le doute, ce qui engendre à chaque fois la haine et l'intolérance qui, dans des cas, se manifestent par la violence. Donc il suffit d'une petite étincelle, toute une violence peut d'un seul coup être engendrée. Et là l'histoire l'a déjà démontré par le passé. Dans ce contexte, les arabophones sont par les faits conduits à la croyance stéréotypée selon laquelle les arabophones ont peur des At Mzab parce que ces derniers sont différents, non arabes, développés, civilisés et, avancés.

Il est même entendu que les arabophones essayent de montrer qu'ils étaient en légitime de défense. Ces mêmes arabophones ingrats, qui viennent à peine de sortir de leur nomadisme, oublient rapidement que ce sont ces amazighes At Mzab pacifistes et philanthropiques qui depuis quelques décennies, les avaient accueillis chez eux. En effet toutes les données les plus fondées se manifestent dans le sens de confirmer que c'est le contraire. D'ailleurs par nature, les At Mzab ne sont pas belliqueux. Là un petit détail mérite d'être relaté. Juste après la réussite du parti RCD aux élections locales de novembre 2007, les intégristes du parti HAMS ont diffusé le message suivant « Dites à la liste RCD si l'on ne nous donne pas le premier adjoint, nous allons foutre la pagaille (en arabe, en-Kheltouha)… L'après midi du Mouloud de 2008, un grand et illégal attroupement a eu lieu dans la rue marchande où les arabophones ont dit aux amazighophones que nous nous rencontrerions la nuit, et tant de données qui ne peuvent que confirmer que les arabophones avaient à maintes reprises tenté de pousser la situation à l'explosion et ce, jusqu'à ce qu'ils ont trouvé le moment opportun, pendant la nuit de ce Mouloud. Ainsi le conflit est le nœud gordien de la crise. Et lorsque la crise rencontre des oppositions qui attendent l'occasion de s'exprimer, la violence ne peut que naître.

Il est évident que ces arabes de Berriane sont de mauvaise foi, malins et cupides. Ils ne disent pas ce qu'ils pensent, mais ils font ce qu'ils pensent ! S'il y a une vraie volonté de leur part d'aller vers la paix, une dénonciation des assassins sanguinaires est un préalable. Ils ne vont à la conviction de beaucoup de gens jamais dénoncer ni publiquement, ni honnêtement les assassins. Car tout simplement les assassins bien connus des arabes de Berriane sont et seront toujours considérés comme des héros qui iront tout droit au paradis. S'il y avait bonne volonté d'installer la paix, ces arabes devraient rendre toutes les armes en leur possession à l'Etat et dénoncer tous ceux qui, avant d'être jugés pour leur crime, ont osé user et blesser par armes à feu des citoyens amazighes pendant toute la durée des émeutes. Ils ne vont jamais dénoncer publiquement et honnêtement ces assassins et agresseurs armés. S'il y avait vraiment volonté de penser à la paix, ces arabes devraient rendre aux amazighophones tous les biens (notamment de valeur) volés, et estimés à des dizaines de millions de dinars. Ils ne vont jamais rendre ces biens volés, car cela est considéré comme un butin de guerre.

Très malheureusement, cette société amazighe du Mzab est, sur deux fronts, confrontée et aux arabophones locaux et aux autorités qui ne cessent de procéder et de traiter la situation avec des dépassements flagrants, une ségrégation fatale et un traitement favorisant le déséquilibre. Dans les conditions actuelles demain n'est qu'incertitude.

Il est utile d'attirer l'attention qu'au contrairement à ce que veulent montrer certains journalistes, ce n'est pas une question de rite que le conflit revient à chaque fois. Il faut voir les choses bien en face. D'un côté, c'est une minorité communautaire amazighe qui se présente sous forme d'une unité organisationnelle linguistico-culturelle, socio-économique et spirituelle avec un mode de vie avancé et amélioré. Cette organisation a offert à cette minorité des spécificités qui lui ont permet aux divers plans un grand succès. L'expérience de ces amazighes est unique dans le monde. Et de l'autre côté, il y a eu une cohabitation de certaines tribus arabophones que le colonialisme avait fait implanter quelques-unes d'elles dans une site (dit chaaba) qu'appartenait à l'origine à des At Mzab, et ce, aux années quarante. C'était dans l'objectif d'une maîtrise et d'une surveillance de leurs mouvements. Pour en témoigner, les prises photographiques de Berriane avant cette date ne sont que d'autres preuves tangibles.

Emeutes et déstabilisation de la ville de Berriane

Comme il a été enregistré dans le passé proche et lointain, la ville de Berriane avait connu en 1990 des émeutes entre amazighophones et arabophones. Celles que continue de vivre Berriane ont été déclenchées depuis la nuit du 19 au 20 mars 2008. Et avec les tous premiers temps de déclenchement de ces macabres événements, la lenteur complice dans la prise de décisions à temps de monsieur Yahia Fahem, wali de la wilaya de Ghardaia, a été dores et déjà remarquée. Tous les fameux ordres d'intervention des forces de l'ordre ont été donnés après que l'irréparable soit commis et ce, malgré l'insistance du P/APC de Berriane (actuellement déchu par le wali). Et étant donné qu'il est reconnu et admis que les communautés composantes les tissus sociaux de BERRIANE n'ont pas un autre choix que de vivre ensemble en paix, il a été proposé de commencer préalablement par la dénonciation des criminels et leur traduction devant la justice pour que justice soit faite. Mais l'Etat, de son côté, a fatalement failli à sa mission d'assurer la sécurité des citoyens par un flagrant laxisme des autorités qui, entre autres, ont laissé et l'aggravation et le pourrissement ayant abouti à l'irréparable. Et laisser la situation pourrir ne peut s'expliquer que par l'incompétence ou par la vive intention de faire disparaître une communauté nationale. Dans les deux cas, le Wali et ceux qui l'ont mis dans ce poste devraient être jugés.

Dans un communiqué de presse du RCD du mois de mars 2008, et dans le but d'arriver à un apaisement salutaire, d'améliorer les conditions sociales-économiques et de rendre justice, il a été demandé de l'Etat la satisfaction de ce qui suit :

  • La prise en charge de tous les blessés physiques et psycho-traumatiques.
  • La prise en charge de la famille du défunt LASSAKEUR Ali (la première victime de la barbarie), tué par arme à feu, avec le jugement de (des) l'auteur(s) de l'assassinat.
  • L'attribution d'un logement et d'une pension permanente par l'Etat aux enfants et la veuve du défunt LASSAKEUR Ali.
  • L'octroi par l'Etat d'une aide urgente en numéraires au profit de toutes les familles sinistrées, actuellement sans toits et dont leurs logements ont fait l'objet de saccages, de destructions, d'incendies, de dégradations et de vols.
  • La création par l'Etat d'une commission d'enquête indépendante pour déterminer les responsables et les responsabilités.
  • Le désarmement et la poursuite en justice de tout possesseur d'arme à feu illégale.
  • Le dédommagement de toute la population ayant subi le saccage, le vol et l'incendie de leurs biens mobiliers et/ou immobiliers.
  • La prohibition officielle par l'Etat de toute paupérisation, intimidation, provocation et toute forme d'injustice, d'oppression et d'exclusion contre la population de la commune de Berriane.
  • La garantie des droits communautaires et la lutte contre l'ignorance et la haine sous toutes leurs formes et la prohibition sévère de toute discrimination infiltrant tout secteur.
  • La reconnaissance officielle du rite ibadhite au même titre que les autres, son introduction dans le système éducatif et la prohibition des fatawi générant la haine contre la communauté ibadhite.
  • La généralisation systématique de l'enseignement de la langue amazighe du Mzab dans le Mzab et ce, dans une approche interculturelle.
  • L'initiation d'un plan d'urgence socioéconomique au profit de la commune de Berriane.
  • L'ouverture du champ de travail de Hassi R'Mel aux demandeurs d'emploi de Berriane.
  • L'initiation urgente dans le cadre du FNPOS, de la CNL , de l'AADL…de programmes de logements accélérés dont la ville de Berriane accuse un retard colossal en la matière.
  • L'initiation d'un projet de réaménagement et d'amélioration du cadre de vie urbain du quartier arabophone dit chaâba, ayant été construit illicitement et anarchiquement, en tenant en compte le désengorgement de ce dernier.
  • La délocalisation immédiate des militaires logés dans un équipement à usage scolaire et situé à l'intérieur du quartier Gare Tine.
  • L'installation de la sûreté de police dans un bloc (dont les travaux sont actuellement quasi totalement achevés) destiné abusivement à recevoir le siège de Daira déjà existant.

Mais en vain, rien de ces propositions n'a été considéré. On ne s'étonne pas cette réaction d'un pouvoir dont le seul souci est de se maintenir en place aussi longtemps que possible. Cependant, les intérêts du peuple de la République, ne peuvent, au regard de nos responsables, que d'être dérision.

Pendant que Berriane continuait de vivre dramatiquement au rythme des émeutes que les citoyens de Berriane venaient une fois de plus de vivre entre la nuit du 15 au 16 mai 2008, Monsieur Moukhtar Aoun, chef de la daira de Berriane se livrait à des tractations et sournoiseries afin de disqualifier les élus de l'APC de Berriane, rien que pour s'accaparer d'un pouvoir que, à son regard, aucun élu d'APC (RCD) ne doit partager avec lui. Pour la mémoir historique, le transfert du Chef de Daira de METLILI à Berriane était suite à d'importants incidents provoqués à l'échelle de METLILI et qui ont failli se dégénérer. En effet, l'actuel Chef de Daira de Berriane n'a cessé quand il était à Metlili, de perturber, d'entraver, de parasiter et de s'immiscer dans ce qui ne lui revient pas de droit ainsi que dans le déroulement de divers projets. Il a été, à cause de son comportement, sanctionné et ce, suite à la dégradation de biens publics (projet en cours). Les vérifications, le suivi de l'évolution de la situation et l'analyse de quelques décisions prises par le Chef de la Daira de Berriane, soumis à l'autorité de M. le Wali de la Wilaya de Ghardaia, sont sensées permettre d'obtenir des renseignements objectifs, de fournir des remarques et de promouvoir l'obligation de rendre compte. Il est nécessaire de faire remarquer que l'un des objectifs fixés dans le présent papier est de s'astreindre, de donner une vision claire de la situation et de montrer les dépassements enregistrés et la mauvaise gestion administrative quotidienne opérée particulièrement par Monsieur le Chef de la Daira de Berriane, et ce, loin de toute déontologie, et bien loin de respecter les moindres règles en vigueur. Ce chef de daira ne cesse de donner preuve de la complaisance tendancielle, du non respect des prérogatives et du mépris de l'autre. C'est un comportement personnel éloigné de la transparence, de l'équité et de la responsabilisation. Ce qui a généré en grande partie la dégradation générale, des problèmes et des complications qui vont peser très négativement sur le devenir de la Daira de Berriane. A titre d'exemple, on rappelle que le même Chef de daïra pendant les émeutes du 16/05/2008 a rétorqué devant un citoyen qui a vu des dizaines de personnes en train de démolir la clôture de son parc sous le regard indifférent des policiers en disant : « Allez demandez à Bush de venir vous protéger » (c'est-à-dire protéger les mozabites). Ni le répartition des forces de l'ordre, ni l'installation de sûretés de la police urbaine ne sont fait de manière responsable et objective. Le chaud quartier mixte de Madagh (actuellement libéré par les arabes), dont un grand nombre de familles mozabites étaient expulsées par les hordes des nouveaux beni hilal, n'est doté jusqu'à présent d'aucune sûreté de la police urbaine. Par contre, le quartier gare tlekht à totalité amazighe avait fait l'objet d'installation d'une sûreté urbaine, comme pour montrer que le problème provient de ce côté de la ville. Quelle autre bévue commise par les décideurs. Même la nouvelle caserne URS de Gare Tlekht (dite garet-tine) dont la population a contesté et conteste son installation, peut se compter au nombre des constructions illicites. Elle est déjà dans l'isolement total dans lequel l'avait enfoui le chef de Daira. Cette caserne, sise dans un quartier paisible, a lors de la crue du 01 octobre 2008 été coupée par ighzer Bassa (oued Bassa) des quartiers chauds de la ville. Le déclenchement de scènes d'affrontement dans des quartiers chauds, qui ont failli dégénérer à cause de l'isolement par les crues de l'oued Bassa des forces de l'ordre occupant ladite caserne de Gare Tine. Cela a démontré et démontrera tout le temps la très mauvaise et subjectiviste gestion qu'opère le chef de Daira de Berriane. Il serait utile de signaler qu'en cas de grave problème de maîtrise sécuritaire dû à n'importe quelle crue, la responsabilité incombera toujours à
l'actuel chef de Daira qui, particulièrement, est derrière le très mauvais choix du terrain de cette caserne de Gare Tine. Il avait fait ce choix de terrain sans aucune association de l'APC. Le pire reste à prévoir, si le déplacement de ladite caserne n'aura pas lieu dans les meilleurs délais. Cela est un autre exemple de la gestion chaotique et catastrophique du chef de Daira de Berriane. Les dénonciations continuent de provenir de la société civile et de la presse. Il ressort que de graves irrégularités avérées ont été constatées.

Le système politique en Algérien est semblable à un pouvoir tribalo-clanique de type pyramidal. Et faute d'idées, de communication, de vrai dialogue et de profondes concertations, il n'est jamais trouvé mieux que d'engager une procédure d'improvisation, de ségrégation, de dépassements flagrants et de faire opérer avec des méthodes stériles et anachroniques. Les solutions palliatives, improvisées et préfabriquées se sont avérées non seulement vaines et sans issue, mais aussi rétrogrades. On oublie que les mêmes causes produisent les mêmes conséquences ; et dans ce cas, d'autres embrasements pourraient en avoir lieu. Ce qui était prévu serait réalisé.

La violence a continué chaque jour et ce, depuis presque une année. Même les chemins qui mènent aux écoles sont totalement insécurisés. Les enfants très traumatisés, sont couramment tabassés au vu et au su des autorités et ce, par des hordes d'individus. Des scènes de jets de pierres sont pendant cette durée quotidiennes, notamment aux quartiers Madagh et Kef Hammouda. Combien d'écoliers ont à présent abandonné les bancs des écoles ? Malgré toute cette situation cauchemardesque que vivaient les élèves, un élève amazighe de Berriane, avec une moyenne de 19.36, avait été classé, l'année scolaire 2007/2008, le premier au niveau national à l'examen de Brevet d'Enseignement Moyen (BEM).

L'ensemble des familles de la ville de Berriane est depuis le 19 mars 2008 sous l'emprise de la trouille. Cette situation se répercute de façon délétère et générale sur BERRIANE, et, d'un autre coté, contribue au maintien de la tension et de l'instabilité citoyenne. L'impunité, l'irresponsabilité, la ségrégation, les dépassements et l'amalgame n'ont qu'aggraver davantage la situation locale aussi bien que globale. Ni les appels de détresse lancés, ni les lettres expédiées, ni les communiqués, ni les dénonciations ne semblent jusqu'à nos jours émouvoir les pouvoirs publics, plus enclins à faire dans les rapports de synthèse, généralement truffés de contrevérités et de satisfecit et ce, dans la seule et unique crainte de ne pas mettre leur « propre carrière » en péril (sic). Les systèmes politiques algériens depuis 1962, n'ont fonctionné que dans l'esprit de faire allégeance aux supérieurs, et c'était toujours l'application sur le terrain de la devise : un peuple au service d'un système, plutôt qu'un Etat au service de son peuple. Dans cette évolution, le pouvoir politique, qui ne panique et ne sait plus quoi faire, dégringole et la misère du peuple va en croissant. Voilà ce que le peuple est entrain de récolter aujourd'hui.

Pendant que la sonnette d'alarme est tirée, les responsables demeurent sourds, et ne semblent pas en mesurer ni la gravité, ni les répercussions, ni les retombées et cela, en dépit que les autorités disposent d'un grand pouvoir. Ces autorités en panne d'idées, de pragmatisme et de bonne gestion ne trouvent qu'à faire dans la provocation. Faute de vrai dialogue et de profonde concertation, la moindre des choses que l'on peut dire, c'est que les responsables n'ont pas trouvé mieux que d'engager une procédure d'improvisation et de replâtrage et ce, dans une vision manichéenne, stéréotypée et révolue. Le citoyen reste perplexe, hébété et s'interroge aujourd'hui sur le maintien de ces responsables en place, en dépit de l'incapacité, de la subjectivité, de la ségrégation et de toutes les maladresses commises. On enregistre à ce jour 4 personnes assassinées par armes à feu et à blanc et plus de 50 décès causés par ces émeutes. S'agirait-il d'une épuration ethnique ? L'absence de l'Etat de droit et de devoir est quasi-totale ? Et l'article n° 14 de la Constitution Nationale selon lequel l'Etat est fondé sur les principes d'organisation démocratique et de justice sociale, est nié et renié. C'est le comble fatal. Même les arrestations sont arbitraires et d'arrangement. Les agressions morales et physiques qui sont proscrites par la Constitution, les tortures, le traitement sélectif des détenus sont commis au su de tout le monde ; des glissements flagrants sont enregistrés… Des coups et menaces dans les locaux de détention sont tant de violations des Droits de l'Homme à signaler et à déplorer. Au lieu d'apaiser et d'atténuer la tension, les responsables les voilà entrain d'alimenter la haine et de tirer profit de la différence pour attiser le feu.

Les hautes autorités de l'Etat ont été à maintes reprises appelées à l'engagement en urgence d'une commission d'enquête et à la vérification des conditions d'utilisation et de gestion des moyens matériels et des fonds publics alloués de façon partiale, insuffisante et inéquitable par les autorités, pour illustrer tous les non dits et la manière selon laquelle se gère cette tourmente qui vient de troubler et d'endiguer la paix dans cette paisible ville. Mais grand jamais les hautes autorités n'acceptent admettre cette nécessité.

La situation des sinistrés est aussi dramatique et déplorable. Elle ne cesse de s'alourdir depuis le 19 mars écoulé. Les pensées sont mélangées et douloureuses. Des centaines de familles sinistrées sont livrées à elles-mêmes. Ces dernières, qui demeurent entassées dans des dizaines de logements appartenant à des proches, survivent sans ressources dans des conditions plus que précaires. Même les promesses données publiquement par les hautes instances du pays ne sont point tenues. A présent, la situation d'insécurité, de négligence et d'abandon agonit la grande partie de la société civile de délabrement total et fatal. Il est constaté avec amertume que les humbles maisons construites par le passé dans le respect des règles et des lois de la République, et au prix de toute une vie de labours, de privations et de sacrifices, sont parties en « fumée ». Y a-t-il lieu de rappeler ici qu'il s'agit d'une question de vie de milliers de vies humaines ?

Et comme à chaque fois que monsieur le wali prend connaissance de la fermeture de la Route Nationale n°1 par les émeutiers, il se rend à Berriane avec le grand souci de rétablir sur le champ la circulation. Quant aux vies humaines, cela fait partie de ses derniers soucis. La débâcle est générale et généralisée. Les institutions de la République sont dirigées par des hommes qui, en étant incompétents, incapables et machiavéliques, conduisent le pays vers un vrai gouffre. Pendant l'été passé, trois jeunes amazighophones avaient échappé de justesse à une mort certaine (voir vidéo dans l'adresse  suivante : http://fr.youtube.com/watch?v=rmNAFrLHrDM&feature=related

Dans cette évolution de la situation berganienne, tout espoir est réduit à néant. Même l e poste de P/APC de Berriane est aujourd'hui illégalement détourné et occupé par un individu assisté de personnes exerçant des pressions sur les autres membres de l'APC, parmi elles des fonctionnaires de l'administration locale, à leur tête monsieur le wali. En fait, le nouveau « P/APC » fut choisi par les putschistes dans une liste arrivée à la quatrième position lors des élections et, cela en violation flagrante de l'article 51 du code communal qui stipule que le remplaçant doit appartenir à la liste ayant obtenu la majorité. Depuis les premiers mois du mandat RCD, les putschistes ont mené une campagne, en usant de la rumeur et de l'intox, dans le but de légitimer l'ignoble violation de la légalité et de la légitimité. Ces putschistes ont fait circuler la rumeur selon laquelle l'APC de Berriane (à majorité du RCD, un parti social-démocrate d'opposition) est en blocage, en omettant que le blocage d'une APC est constaté quand elle n'arrive pas à former son exécutif ou à délibérer pour une période de trois mois pour divergence de ses membres. Tout cela se passe à Berriane et ce, à l'image du système politique de l'Etat algérien (pour plus de détail, voir dans le lien : http://www.rcd-algerie.org/ghardaia/spip.php?article1).

Y a-t-il lieu d'évoquer aussi une hypothèse ? Cette hypothèse selon laquelle toute une nébuleuse de la mafia locale et de manipulateurs ont attendu une telle occasion, ou l'ont carrément créée pour faire mal, très mal au RCD. Pas uniquement au RCD, mais surtout pour punir ces At Mzab de Berriane qui, pour une première fois dans l'histoire, ont osé voter massivement pour le RCD, et leur faire payer très cher ce choix politique. L'on a aussi entendu les arabophones dire aux amazighophones : « Maintenant vous allez appeler les kabyles pour lesquels vous aviez voté pour vous sauver », « Où sont-ils les kabyles pour lesquels vous aviez votés ? Pourquoi ne se sont-ils pas manifestés ? Pourquoi ne sont-ils pas venus pour vous aider ?! »… A noter aussi qu'il y a une similitude entre les événements de 1990 et ceux de 2008-2009. C'est la même société amazighe qui avait osé faire barrage au FIS (parti dissout) lors des élections de 1990. C'est l'alliance de l'intégrisme et du pouvoir mafieux dans les deux cas. Les deux premières victimes de la barbarie intégriste et terroriste des années noires qu'avait vécues l'Algérie sont les deux DADDI ADDOUNE assassiné à Berriane (lors des événements de 1990). Les cris du Djihad sont annoncés le vendredi 04 avril 2008, et aussi un certain 23 juin 1990. En outre, une des similitudes entre 1990 et 2008, c'est que, sur un total de 11, le nombre des élus amazighophone dans les deux APC est de 08.

Dans cette grande complexité, et en présence d'un système qui, au détriment du peuple, ne sait que soigner ses apparences, le pire reste envisageable. A ce jour, l es arabophones appliquent une méthode interdisant aux amazighes de Berriane même la libre circulation. De l'autre côté, le chef de Daira (qui sera plausiblement récompensé en le promouvant au poste de wali) s'est depuis la destitution du P/APC élu, trouvé dans une position très confortable, puisqu'il peut transgresser toutes les lois sans être gêné par l'opposition de quiconque responsable.

Bilan provisoire des émeutes

La paisible ville de Berriane n'a cessé à ce jour de s'engouffrer. Le bilan de ces émeutes apocalyptiques se résume jusqu'à présent comme suit :

Coté humain :

  • Quatre assassinés par les hordes de la nouvelle vague des Beni hilal sont enregistrés. Il s'agit de feus : LASSAKEUR Ali, DAGHOR Brahim (ancien moudjahid assassiné sauvagement par l'un des jeunes de l'Algérie post-indépendante), Benzait Bachir Uw Hamid et KERROUCHI Omar, tous amazighophones.
  • Un arabophone émeutier tué par un policier en légitime défense.
  • Expulsion de leurs logements de plus de 700 familles.
  • Plus de 400 blessés physiques aux différents degrés, dont quelques-uns sont graves.
  • Plus de 170 blessés psycho-traumatiques.
  • Atteintes à l'honneur et aux intimités des familles.
  • Provocation de dizaines de décès et d'avortements.

Coté biens et matériels publics :

  • Dégâts extérieurs causés à l'agence SAA.
  • Plus d'une vingtaine de véhicules incendies.
  • Dégâts causés à l'éclairage public (armoires et luminaires).
  • Dégradations de trottoirs et destruction de murs publics.
  • Démolition et incendie de biens communaux, tel le parc communal.
  • Dégâts de matériels à l'échelle de différents chantiers.

Coté biens immobiliers privés :

  • 243 logements incendiés/saccagés/pillés répartis en :
  • 114 à Quartier KEF HAMMOUDA/CHOUF/GHI.
  • 96 à Quartier Centre-ville/Baba Saad/palmeraie.
  • 33 à Quartier Madagh.
  • 41 locaux de commerce incendiés/saccagés/pillés répartis en :
  • 12 à Quartier KEF HAMMOUDA/CHOUF/GHI.
  • 27 à Quartier Centre-ville/Baba Saad/palmeraie.
  • 02 à Quartier Madagh.

Les chiffres désastreux donnés ici parlent d'eux-mêmes. Si l'on a pu recenser les tristes résultats d'incendies/saccages/pillages, il est par contre impossible de dénombrer toutes les agressions subies par un grand nombre de citoyens. En outre, l'on ne peut pas évaluer exactement l'impact direct et indirect de ces événements sur la société civile ; comme il n'est pas dans les conditions actuelles possible de présenter un bilan exhaustif sur le nombre de blessés physiques, psycho-traumatiques et autres.

Il n'est pas aussi sans utilité d'évoquer le crime que commet le système politique en place quant au mode d'emploi et à l'usage de grenades lacrymogènes dont la date de péremption avait expirée en 2007 (voir photo ci-dessous). L'usage de ces grenades lacrymogènes périmées, sans aucun respect ni de l'être humain (vivant et mort), ni de la nature, a déjà provoqué la dégradation de la tenue sanitaire de la ville de Berriane (cas d'avortement, d'asthme, de trouble visuelle… sont enregistrés). Ni l'intimité des logements, ni même pas celle des morts ne sont respectées par les forces de l'ordre. Cependant, ces arabes, bien épaulés par des membres de la police et à l'appui des forces de l'ordre, ont transformé un cimetière mozabite en « champ de bataille » : http://www.youtube.com/watch?v=j4E-kTHtFQA). Que les organisations des droits de l'homme et de l'environnement se rendent au Mzab pour constater de près ce qui se passe au juste.

Photo  : grenade lacrymogène périmée depuis le 03/2007 que le système politique algérien utilise en 2009 contre le pauvre peuple algérien.

 

De nos jours, la population civile vit dans une détresse morale indescriptible. Il est signalé une situation chaotique pour une partie très importante de la population berganienne. Sur une population de 47.000 habitants, la population sinistrée et expulsée a dépassé largement le cap de 750 familles, ce qui représente le dixième de la population totale. Les événements, ayant exigé un des plus lourds tributs humains et matériels, ont entraîné une désorganisation fatale de la société civile. Seules des mesures immédiates et conséquentes sauront désamorcer la crise et réconcilier avec l'espoir et dans le temps les familles sinistrées ainsi que la population traumatisée. Le montant des dégâts dépasse très malheureusement la barre de 470.000.000 DA. Quant aux constructions saccagées, pillées et/ou incendiées, cela nécessite l'adoption et l'allocation d'une enveloppe de pas moins de 400.000.000,00 DA. Sans oublier de signaler que l'impact d'une lenteur dans les actions et/ou d'un sous-financement ne peut que compliquer l'évolution de la situation. Par ailleurs, il est plus que temps qu'un plan socio-économique urgent arrive pour commencer de remédier d'un autre coté à une insuffisance en matière de logements et d'équipements. La création de nouveaux périmètres urbains est à prévoir dès à présent pour désengorger cette ville et pour permettre de maintenir les équilibres vitaux qui deviennent de plus en plus vulnérables.

Berriane reste plongée depuis plus de 10 mois dans la tourmente des émeutes et dans une barbarie jamais connue. Ces événements ont aussi causé une dépopulation sans précédent et un bilan lourd jamais connu de toute l'histoire de cette ville. Il s'avère aujourd'hui que la promotion des contrevérités, cette forme d'injustice, a servi d'une base porteuse d'une vision sous un prisme très déformant. Les conséquences désastreuses que vit Berriane aujourd'hui ne sont là que pour en témoigner. Le dicton dit : « un homme savant a compris un certain nombre de vérités, un homme cultivé a compris un certain nombre d'erreurs ». Les At Mzab croient profondément que la vérité devrait former une des bases de toute information et le principe de tout rapprochement. Ceci apparemment n'a pas été pris en considération, ni par les responsables, ni par les arabophones. Cette complicité s'inscrit dans la durée ! Et avec un climat d'insécurité totale et d'absence de confiance citoyenne envers la police, tous les scénarios sont envisageables, et le pire reste toujours à craindre. Berriane continue de passer l'une des plus longues étapes de son existence !

Il y a lieu de rendre ici un vibrant hommage à toutes celles et tous ceux qui, responsables et citoyens, n'ont cessé de déployer leurs efforts pour contenir et mettre fin à ces événements et qui, dans des situations très difficiles, ont su y faire face avec détermination et civisme. Il est indispensable d'intensifier les efforts pour ramener le calme et la paix dans le principe de la démocratie participative que le pouvoir ne veut pas admettre.

Il y a lieu de signaler que l'ignorance joue un rôle très catastrophique puisqu'elle donne naissance à la peur et le doute, ce qui engendre la haine et l'intolérance qui se manifestent par la violence ; donc il suffit d'une petite étincelle, toute une violence peut d'un seul coup être engendrée. Et là l'histoire l'a déjà démontré par le passé. C'est l'une des raisons qui conduit à dire que dans un processus d'éducation sociale et d'interactions constructives, interculturelle et civilisatrices, il est capital d'admettre que l'une des deux solutions les plus prépondérantes et les plus basiques sont :

  1. La généralisation obligatoire, systématique et aux différents cycles de l'enseignement de la langue amazighe du Mzab dans toute la région Mzab et ce, dans une approche interculturelle.
  2. La reconnaissance officielle et immédiate du rite ibadhite au même titre que les autres ; son introduction dans le système éducatif, la dénonciation via les mass médias contre la désinformation et la prohibition des fatawi générant la haine contre cette partie du peuple algérien. Les ouvrages scolaires, les fatawi de elouancharissi (El Miâyar El Mouârib, tome 10, page 149)…

En guise de conclusion

Devant l'impuissance flagrante des institutions de l'Etat et devant la complicité de certains de ses responsables, le malaise a de forte chance de se transformer en violence. Dans le Mzab, la société humaine a vécu à travers son histoire des périodes très difficiles. Les deux dernières décennies sont les plus traumatisantes. Les sociétés algériennes sont profondément attachées à leurs valeurs, mais les illuminés qui peuplent les mosquées ajoutent à l'ignorance de la ségrégation et de la haine, ils stigmatisent, avec leur fetwa, tout ce qui n'est pas de l'islam tolérant et de paix. L'école du Ministère de monsieur Benbouzid, de son côté, ne vient pas pour arranger les choses, avec une forte dose d'enseignement religieux prodiguée au dépend des matières scientifiques, les enfants sont bien préparés pour l'intolérance et le djihad contre les gens qui ne pensent pas comme eux. Il est plus qu'urgent d'enclencher une véritable révolution pour pouvoir changer les choses, et dans les plus brefs délits, sinon le pire viendra et la boucle se bouclera.

Un Etat de droit doit arriver le plus vite possible pour protéger tous ses citoyens. Mais pour faire preuve de la volonté d'arriver un petit peu à cet « Etat de droit », le Wali de Ghardaia et le chef de la daira de Berriane, ne doivent pas seulement partir, mais être traduits en justice pour les crimes qu'ils ont commis jusqu'à présent. La société civile ne voit d'ailleurs aucune utilité de traiter avec ces deux messieurs. Le divorce entre le peuple et les responsables est quasi-consommé. Quant aux flagrants dépassements d'un nombre des membres de la police, ces derniers doivent êtres arrêtés sur le champ pour que justice soit faite. La grande crise que vit la ville de Berriane est aussi d'ordre politique. Comment se fait-il qu'un wali puisse piétiner le droit constitutionnel et décider d'écraser une légitimité populaire en remplaçant la liste majoritaire par une autre liste minoritaire ??

En considération des faits, des causes et des conséquences, la seule et indispensable attitude digne d'une République consiste à appliquer la justice, un traitement égalitaire ainsi que le droit d'être protégé et ce, sur le même pied d'égalité pour tous les nationaux. Les émeutes qui surviennent depuis le 19 mars 2008 n'ont pu connaître une sortie salutaire. Cette situation fait dangereusement l'impasse sur tous les plans.

Il est urgent et indispensable d'ouvrir un débat à la lumière des réalités nationales. L'Algérie ne peut absolument pas être sacrifiée pour sauver la carrière politique de quiconque. Entre autres, il incombe à la communauté internationale de pousser sur le champ le pouvoir politique d'Alger à asseoir en toute urgence la sécurité de tous ses citoyens ainsi que la sécurisation de tous les chemins. L'Etat algérien a le devoir absolu et prioritaire de mobiliser tous les moyens y attenants. Il faut rendre à César ce qui appartient à César. Ce n'est qu'un devoir élémentaire et le droit citoyen le plus basique.

Ceci étant donné, il est une nouvelle fois lancé un appel à l'ensemble des citoyens pour plus de vigilance et de sérénité, pour plus de civisme et de sens constructif. Point de mensonges, point d'hypocrisie. La situation est grave. Un travail d'apaisement, de rapprochement et de proximité via la société civile et le mouvement associatif est à encourager et à développer pour contenir la crise. Devant une telle situation, on est convaincu qu'il est très possible de concilier même des intérêts contradictoires par des moyens pacifiques. Monsieur le président à vous d'agir en toute urgence. La vox populi doit définitivement prendre le dessus. Le pouvoir politique doit salutairement rendre le pays à ses enfants compétents et loyaux, si non il est déjà condamné par l'histoire.

 

Merci pour votre attention ! Tanemmirt !

 

Nat Mzab

N.B. le présent document ne prétend aucune exhaustivité. C'est un papier qui informe l'opinion publique sur l'évolution de la situation apocalyptique d'une commune algérienne, qui jette une certaine lumière sur quelques zones d'ombre concernant les émeutes de Berriane et qui peut aider à mieux voir et comprendre, quoi que je m'excuse de ne pas l'avoir présenté avec la garniture académique attestant le savoir comme connaissances acquises par l'étude et ce, auprès du grand public de la cul



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