Contre l'arabisation des enfants amazighs (berbères)
Pour l'abrogation de la liste noire des prénoms autorisés
Nous, Amazighs (Berbères), descendants des premières populations d'Afrique du Nord, rejetons fermement la politique d'arabisation poursuivie par les dirigeants qui gouvernent tout notre territoire, exploitant au surplus toutes nos ressources, ignorant notre existence, falsifiant notre Histoire et méprisant constamment notre culture.
Bien que nous nous réjouissons de l'actuelle poussée identitaire chez les Amazighs, qu'ils soient chez eux ou à l'étranger, nous sommes indignés et inquiétés par l'ampleur et la violence de la politique d'arabisation en Algérie, au Maroc, en Tunisie, en Libye, en Mauritanie et à l'étranger.
Alors que les états nord-africains sont reconnus officiellement comme des états démocratiques aux yeux de la communauté internationale, nous rappelons à ceux qui l'ignorent encore, qu'au 21ème siècle, dans des pays comme le Maroc, les parents sont interdits de donner un prénom amazigh à leurs enfants. C'est le cas dans toute la région, mais l'interdiction touche davantage les enfants d'origine marocaine. Il s'agit clairement d'une discrimination qui nous scandalise en tant qu'être humains, en tant que parents, et en tant que Amazighs conscients de notre identité culturelle.
En effet, une liste autorisée de prénoms, qui date de l'ère Basri, circule dans les milieux consulaires marocains et notamment dans certains services d'état civil français. Cependant, bien que ce document n'a plus aucune valeur officielle depuis 2002, les fonctionnaires de l'état civil continuent, sous les ordres du Ministère de l'Intérieur, à utiliser cette liste, obligeant ainsi les parents de nationalité marocaine, à donner un prénom arabe à leurs enfants, c'est à-dire, contraints à donner un prénom étranger à leur progéniture. Cette liste cible spécifiquement les populations amazighes, qui résistent au processus assimilationniste d'arabisation.
Nous sommes conscients que lorsque l'état envoie des circulaires aux consulats et ambassades du Maroc afin de forcer les agents d'état civil à évoquer la liste noire des prénoms autorisés, le pouvoir marocain ne fait que consolider la politique d'arabisation, enracinée dans toutes les politiques du gouvernement, tous secteurs confondus, depuis des décennies.
Nous voulons, au contraire, assurer un avenir décent aux futures générations et leur enseigner les valeurs humaines, c'est-à-dire les valeurs amazighes telles l'ouverture, l'amour, la liberté, le respect; par opposition à la haine, au racisme, à l'intolérance, valeurs que véhiculent cette liste restrictive de prénoms.
Parce la restriction, l'esprit d'enfermement, l'extrémisme, le repli communautaire, ne font pas partie de la culture amazighe, nous souhaitons vigoureusement que les enfants et futurs-enfants amazighs grandissent dans le respect de l'autre, la dignité et la liberté.
Profondément attachés à notre culture laïque et à nos racines ancestrales, nous, Amazighs, souhaitons que nos enfants portent des prénoms en conformité avec leur identité culturelle, et non qu'ils portent des prénoms culturels étrangers ou tout prénom à connotation religieuse.
Parce que l'esprit démocratique, la liberté, la laïcité, la tolérance font partie de nos moeurs, nous, Amazighs (Berbères), entendons exprimer par la présente pétition notre indignation et notre mécontentement face à la multiplication des cas de discriminations rencontrés par les parents amazighs.
Nous réclamons surtout l'abrogation effective de la liste noire des prénoms autorisés. Nous exigeons, par là, la liberté de choix du prénom que tout parent est en droit de bénéficier.
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