Date : 2003-11-05Hier encore, nous avons assisté en direct aux mensonges habituels et à l'arrogance de notre désormais fameux ministre des Finances et de l'Economie. Devant M. Michel de Bonnecorse, conseiller du président Chirac pour les Affaires africaines, notre ministre a sorti son refrain habituel. Lors de la cérémonie de remise du cadeau que le peuple français offre chaque année au peuple nigérien, il a pré-tendu que « la France ne fait d'appui bud-gétaire que lorsqu'elle est satisfaite de la gestion qui est menée dans le pays ». Ce cadeau - c'est un rappel - qui était de 8 milliards en 2002 est de 6,5 milliards cette année.
Ce cadeau n'est donc ni une récom-pense pour la bonne gestion de l'équipe Hama - Gamatié, ni une preuve particu-lière d'amitié entre ce duo et les autorités françaises. C'est tout simplement l'attachement du peuple français aux pays africains. Les Français mettent, en effet, la main à la poche chaque année pour servir des aides directes à plus de 40 pays africains. Il est quand même inacceptable et malsain de voir la générosité de ce peuple récupérée par un politicien en quête de reconnaissance.
Ceci dit, « Le Républicain » est aujourd'hui heureux d'aider le ministre des Finances qui nous proposait le 14 juillet dernier à l'Ambassade de France de nous apprendre à compter, à mieux gérer les finances publiques.
Première leçon : ne jamais faire des « psop ».
La gestion de notre ministre des Finances et de l'Economie est de ce point de vue inédite. Depuis le premier janvier, toutes les dépenses publiques que nous avons eues à apprécier ont été effectuées en dehors de tout cadre réglementaire. La comptabilité publique tenue par M. Siddo Elhadj, trésorier général, le prouve.
En effet, en parcourant les états comptables, on est pris d'abord par un doute ! Y a-t-il des fonctionnaires au ministère des Finances qui travaillent à préparer les piè-ces comptables ? Le ministère a-t-il un circuit de la dépense, et si oui qui l'a court-circuité ? A ces questions, nous pouvons répondre que le ministère a bel et bien des agents compétents et consciencieux qui savent préparer les pièces et maîtrisent le circuit de la dépense publique. Seulement voilà : toutes ces procédures de travail ont été mises entre parenthèse par le ministre des Finances et son premier ministre.
Ces deux messieurs ont décidé souverainement que désormais la règle ne sera plus la règle pour dépenser les deniers publics. C'est plutôt leurs volontés, leurs signatures ou celles de leurs collaborateurs (la directrice générale du Budget ou le secrétaire général du ministère des Finances, fonctionnaires aux finances) qui vont désormais ordonner au tré-sorier général de payer à la caisse ou de virer sur un compte en faveur de leurs élus du jour des montants faramineux sans même prendre, dans certains cas, la pré-caution d'indiquer l'imputation de la dé-pense sur la lettre intimant l'ordre au tré-sorier de payer.
La volonté-loi de dépenser l'argent public sans aucun contrôle s'appelle : P.S.O.P : (Paiement sans ordonnancement préalable). Ce sigle constitue à lui seul la preuve qu'il y a là une volonté de contourner la loi, donc de faire ce qu'on veut. En effet, l'ordonnancement préala-ble suite à l'engagement de la dépense par le ministère gestionnaire de la rubrique budgétaire sur laquelle l'imputation de la dépense est opérée est un méca-nisme important de la chaîne de dépen-ses publiques. Il permet tous les contrô-les pour détecter et déjouer des engagements frauduleux avant l'édition du titre de créance qui est une sorte de reconnaissance de la créance par l'Etat.
En faisant sauter ce verrou, Hama et Gamatié se sont offerts l'autoroute pour gérer le trésor comme leurs poches. C'est peut-être en raison de la complicité entre les deux hommes que l'intérim de notre ministre des Finances est assuré toujours par le premier ministre. C'est cet intérim qui fait dire à certains diplomates que Hama Amadou est ministre du Trésor et Gamatié celui des Finances.
Dans la comptabilité publique du Niger, comme dans toute comptabilité, existent des comptes de passage. Une bonne gestion impose que ces comptes qui enregistrent des écritures exceptionnelles soient soldés le plus vite. Dans notre comptabilité publique, plusieurs comptes
de passage ont été ouverts. C'est ainsi que pour respecter les échéances et compte tenu de la lenteur du service de la dette dans l'établissement des pièces, le trésor ordonne systématiquement à la BCEAO de payer ce que nous devons à nos créanciers. Ce compte a enregistré plus de 10 milliards à son débit à la fin du mois de juin. Ceci est compréhensible dans la mesure où il n'y a aucun risque de faire une dépense sans contrepartie. C'est un emprunt qu'il faut rembourser obligatoirement pour continuer à avoir les faveurs de la Banque mondiale, du FMI et des autres institutions financières qui acceptent encore de nous endetter.
Deuxième leçon : pas de compte fourre-tout
Le compte de passage fourre-tout est le fameux 47013 que les agents du trésor appellent "compte je bouffe". Ce compte enregistre tous les « Bons Pour » signés soit par M. Hama Amadou, soit par M. Ali Badjo Gamatié ou sur instructions de Mme Abdoulaye Amassata, directrice générale du budget ou de M. Adamou Salao, secré-taire général du ministère des Finances. Ce compte a enregistré du 6 janvier 2003 au 30 mai 2003 quatre milliards six cent millions de paiements sans ordonnancement préalable. Sur ce compte, la primature a « Psopé » 22 fois pour un montant global de 258.673.918 F, soit une sortie d'argent non justifiée régulièrement de 1.724.493 F pur jour. Le ministère de Finances a « Psopé » 20 fois pour un montant de 115.202.854 F et la Présidence a « Psopé » 21 fois pour une sortie d'argent de 270.432.988 F. A tout seigneur tout honneur, nous ne pouvons pas oublier notre cousin Djermakoye Adamou qui est arrivé tardivement parmi les « Psopeurs ». La seule et unique écriture de « Psopeur » a été enregistré sur ce fameux 47013 le 17 juin 2003 pour le paiement d'une petite aumône de 12.731.000 F. C'est le PSOP/ P/N432/Djermakoye Adamou. Djermakoye a certainement fait du forcing pour être admis dans le club des « Psopeurs ». En effet, le relevé du compte 47013 montre clairement que dès le départ de la mission de la Banque mondiale conduite par Monsieur Emmanuel Pinto Moreira, les « PSOP » qui étaient quotidiens auparavant ont été arrêtés le 30 mai 2003. Sous la pression peut-être de la Banque mondiale les Psopeurs ont tenté de chasser leurs habitudes. Mais le dicton qui dit : « chasser le naturel, il revient au galop » se véri-fie encore une fois. Nos « Psopeurs » trouvant certainement les procédures de la dépense publique lourdes ont repris leurs « PSOP » le 13 juin 2003 soit 10 jours après le dé part de l'équipe de la Banque mondiale.
Troisième leçon : mettre les entreprises à concurrence
Le compte 47013 n'a pas servi seulement à payer les fonds spéciaux et autres fonds d'interventions. Il a été largement utilisé par le duo qui gère le pays pour payer sans appels d'offres préalables sans ordonnancements préalables. une nuée de courtisans politiques transformés pour la circonstance en fournisseurs de l'Etat et même des entreprises sérieuses comme la CFAO qui a vendu à l'Etat du Niger sans appel d'offres, peut être suite à une consultation restreinte faite sous cape :
742.329.600 F d'ambulances non livrées à ce jour,
128.829.955 F pour l'achat de huit (8) Peugeot 406 Break ambulances non livrés également,
298.319.687 F pour l'achat de 13 vé-hicules non livrés,
602.600.000 F pour l'achat de 100 véhicules Toyota déjà livrés.
Il faut souligner ici que, bien que le groupe CFAO soit présent au Niger à travers son agence Central Motors CFAO-Niger, le ministre des Finances a préféré dans le plus grand secret acheter ces vé-hicules directement à la SFCE pour 1.473.459.555 F. L'agence de Niamey ne reconnaissant que la commande de 13 véhicules. Pourquoi aller jusqu'à Paris pour passer une commande de véhicules lorsque la société est représentée par une entreprise nigérienne qui emploie des Nigériens, paie des impôts au trésor ? Les dirigeants de nos entreprises ne seraient-ils pas capables de garder le secret ?
Les consultations restreintes sous cape ont permis également d'arroser plusieurs obligés en payant à 100% le mar-ché avant même la fourniture des biens ou du service, là où le code des marchés publics donc la loi, n'autorise que 30 %. C'est une façon pour cette équipe de monter des amis et leur clientèle politique en leur fournissant créneau et capitaux. Parmi les heureux bénéficiaires de la manne, on peut citer les Ets Bello Barkiré qui ont bénéficié de deux commandes pour faire presque la même chose à deux mois d'intervalles. Le 27 mars 2003, notre « Psopeur » national ordonne au Tré-sorier Général de payer sur la base d'un devis estimatif (voir fac-similés) 86.000.973 F de nos francs. Le 16 mai 2003, pour rendre notre ministère encore plus beau, le Secrétaire Général du ministère sur instruction du « Psopeur » National ordonne au Trésorier Général de payer aux Ets Barkiré Bello 47.245.104 F, pour renforcer certainement la pei nture qui avait déjà été commandée précédemment en y adjoignant, pour faire cadre ministé-riel, la « fourniture et pose de moquettes ».
Le Paiement des prestations à 100 % sur présentation d'un devis estimatif des travaux est une pratique qui est devenue la règle. Pour construire un bâtiment au cabinet du Premier ministre, l'entreprise H.A s'est fait payer 27.661.550 F, là égale-ment sur présentation de son devis. Le propriétaire de l'entreprise H.A. est conseiller du Premier ministre. Les Ets Barkiré Bello sont la propriété d'un membre du bureau de la section MNSD de la Commune IV.
Ceci explique les faveurs qui sont faites au détriment de la règle administrative à toutes ces entreprises incapables d'évo-luer dans un environnement concurrentiel.
Ils sont nombreux les dirigeants-militants des entreprises qui militent au sein du MNSD-Nassara. A vous de les identifier sur la liste exhaustive du compte 47013 tenu au Trésor national que nous publions intégralement.
Que faire ?
Nous savons que dans une Républi-que, il y a des lois qui s'imposent à tous. Le Niger et son Etat n'étant la propriété de personne, il y a lieu pour les citoyens de s'inquiéter pour leur avenir. La qualité de la dépense publique est un élément fondamental de la bonne gouvernance. Il convient en cette circonstance et compte tenu de la rareté des ressources financières que nous nous mobilisions pour obtenir l'audit des dépenses publiques. En effet, en parcourant les documents que nous mettons à votre disposition, il vous est facile de comprendre que le duo Hama -Gamatié avec sa pratique de gestion, maintiendrait notre budget en déficit permanent. Du reste, il faut se convaincre que même les budgets de la France et des Etats-Unis réunis ne pourront couvrir nos dépenses avec ce système où tous les rouages de contrôle sont contournés. La Banque Mondiale l'a dit dans son rapport dans un langage de diplomates et le Ré-publicain vous en donne les preuves. A vous de décider, votre argent est volé. L'avenir de nos enfants dépend de la qua-lité de la gestion de nos contributions fi-nancières versées à la Douane, à la DGI et mises en banque au trésor. Aujourd'hui la bonne gestion n'est pas au rendez-vous. Vous n'êtes pas des esclaves, vous êtes des citoyens ! ! ! ALORS REFUSONS CETTE GESTION CATASTROPHIQUE.
Maman ABOU
Le Républicain du Niger
Les raisons d'une arrestation : 4 milliards de "Bons pour" au Trésor national
http://www.republicain-niger.com
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