Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, s'est
recueilli hier à Agouni Arous sur la tombe du jeune
Massinissa Guermah, assassiné le 18 avril 2001 dans
les locaux de la gendarmerie de Béni Douala.
Accompagné d'une forte délégation, parmi laquelle
figure le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, M. Djamel Ould Abbas, M. Ouyahia a eu droit à un accueil digne et chaleureux des citoyens de Béni
Douala.
Plusieurs délégués de l'interwilayas, tels que Abrika,
Boumekla, Iguetoulene, Oudjeddi et Benmansour, étaient
sur place aux côtés des parents des martyrs des évènements du Printemps noir pour accueillir la
délégation gouvernementale.
C'est au domicile de la famille Guermah, où se
trouvaient la mère et la sour du défunt Massinissa,
que fut reçu le chef du gouvernement. Etaient également présents les représentants des autorités
militaires, à l'image du nouveau chef de groupement de
la Gendarmerie nationale de Tizi Ouzou, le colonel
Kehfaz. A telle enseigne qu'on aurait dit que l'époque
de belligérance est définitivement bannie.
La commémoration de ce quatrième anniversaire aura
donc été une occasion de rapprochement entre la
population kabyle et le gouvernement, après une
période de confrontation et de méfiance. Une époque
durant laquelle la région avait payé un lourd tribut :
126 jeunes tués à la fleur de l'âge, des milliers de
handicapés, dont des centaines à vie, et un climat de
récession socio-économique.
Le geste "affectueux et familial" d'Ouyahia envers les
familles martyrisées par les évènements de 2001 se
veut une expression de la bonne volonté et de la
sincérité de l'Etat à l'égard de la Kabylie.
Hier, l'inattendu s'est produit sur les hauteurs de
Tizi Ouzou, là où sont nés les Matoub Lounès, Mouloud
Feraoun et Massinissa Guermah. La présence des
officiels a enchanté les citoyens de la localité au
moment où certains s'attendaient à l'effet inverse.
Hommes et femmes, entremêlés dans la foule, ont
entonné des acclamations et des youyous à l'arrivée de
la délégation. Celle-ci, très à l'aise dès lors, se
passera de gestes protocolaires.
Le chef du gouvernement et ses accompagnateurs seront
invités à l'intérieur du domicile familial des
Guermah, où une discussion à bâtons rompus de près de
20 minutes a eu lieu avec le père de Massinissa
entouré des délégués des archs. L'échange n'avait rien
de protocolaire, mais plutôt un climat de convivialité et même de complicité a caractérisé la rencontre.
Le dépôt de gerbes de fleurs était également une
occasion pour M. Ouyahia de se mêler à la foule. Après
avoir déposé une gerbe sur la tombe de Massinissa
Guermah, une minute de silence sera observée à la
mémoire de tous ceux qui sont tombés sous les balles
des gendarmes.
Mais ce qu'il y a lieu de souligner, c'est que le chef
du gouvernement, venu à titre officiel, éprouvera une
grande gêne devant la solennité sous les airs de
l'hymne matoubien "Aghourou".
Un sentiment qui sera vite oublié, puisque M. Ouyahia
quitte les lieux sous les acclamations nourris des
jeunes présents sur place. Ce qui fera dire à M.Ould
Abbas que "la Kabylie qui recèle des hommes fougueux
et chaleureux ne peut qu'aspirer à un avenir radieux.
La crise est finie".
M. A. T.
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