Le Président du Gouvernement Espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a répondu, à travers son directeur du cabinet, à la lettre ouverte que Rachid Raha lui avait adressée lors de sa visite, à la ville de Melilla, le 31 janvier dernier, en l’interpellant sur la question amazigh . En voici la traduction :
C’est avec un retard, que j’espère vous saurez pardonner, que je répond à l’écrit que vous avez adressé au Président du Gouvernement, au nom de la Fondation Montgomery Hart des Etudes Amazighs que vous présidez.
Je vous remercie de la confiance que vous avez manifesté envers le Président du Gouvernement, en lui transmettant vos réflexions élaborées en ce qui concerne la culture berbère et la profonde relation de l’Espagne avec les Amazighs.
Tout en respectant votre légitime droit de critique, je ne partage pas votre affirmation selon laquelle la politique éducative du Gouvernement condamne certains écoliers à la marginalisation, à la délinquance et au fanatisme religieux.
La loi Organique de l’Education (L.O.E), du 3 mai 2006 (BOE du 6 mai, http//www.mec.es/mecd/gabipren/documentos/A17158-17207.pdf), prévoit l’attention à la diversité comme une nécessité qui englobe toutes les étapes éducatives et tous les élèves, et considère la diversité des élèves comme un principe et non un moyen qui correspond aux nécessités d’une petite minorité.
La formation dans le respect et la reconnaissance de la pluralité linguistique et culturelle de l’Espagne et l’inter-culturalité comme un élément enrichissant la société, ainsi que la formation pour la paix, le respect des droits de l’homme, la vie en commun, la cohésion sociale, la coopération et la solidarité entre les peuples sont, entre autres, des objectifs du système éducatif espagnol, comme ils y figurent expressément dans l’articles 2 de la loi précitée.
Quant à la possibilité de la co-officialisation de la langue tamazight, je vous indique que depuis le compromis sans équivoque de la Constitution Espagnole au sujet de la diversité linguistique et avec le respect et l’impulsion que donne la construction même de l’Etat des Autonomies (régionales) aux politique plurilingues, le paragraphe 2 de l’article 3 de la Constitution détermine clairement que les autres langues espagnoles, en plus du castillan, seront aussi officielles en accord avec leurs statuts.
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Mr Zapatero à Melilia |
Par rapport à cette mention constitutionnelle, le Statut d’Autonomie de la Ville de Melilla ne contient aucune référence précise au sujet de tamazight, si ce n’est qu’il prévoit seulement la promotion et la stimulation des valeurs de compréhension, de respect et d’appréciation de la pluralité culturelle et linguistique de la population de Melilla (article 5.h).
De ce point de vue, la co-officialisation semble requérir une réforme du Statut d’Autonomie de la Ville de Melilla, et il est raisonnable de penser que, concrètement, cet aspect, dans ce cas, devrait être impulsé par l’Assemblée de la ville.
L’incorporation de la langue tamazight dans le cursus scolaire, ainsi que son utilisation au sein de l’administration, requièrent sa reconnaissance préalable de condition de langue co-officielle.
Dans le même sens, l’Instrument de ratification de la Charte Européenne des Langues Régionales et/ou Minoritaires, du Conseil de l’Europe, souscrit par l’Espagne, nous envoie pour cette question à la correspondante reconnaissance dans chacun des Statuts d’Autonomies et délimite parfaitement ce qui s’entend par langue régionale ou minoritaire, en se basant sur
deux critères : premièrement, la co-officialisation prévue dans le Statut d’Autonomie ; et deuxièmement, sa protection par un Statut d’Autonomie dans un territoire où elle est traditionnellement parlée.
Tout cela n’empêche pas que le Gouvernement impulse, comme il vient de le faire, des actions de compensation éducatives destinées aux personnes, aux groupes et aux territoires qui se trouvent en situation défavorisées, et de manière spécifique à l’élève ayant des nécessités éducatives spéciales, associées aux situations sociales ou culturelles défavorisées ; et une des priorités de ces actions a trait à l’élève appartenant à des minorités ethniques ou culturelles, en situation sociales désavantagée, avec des difficultés d’accès, de permanence et de promotion au sein du système éducative.
Ces actions, ainsi que celles destinées à favoriser l’intégration sociale et scolaire, prévenir la violence et le racisme, promouvoir la tolérance, le dialogue et la rencontre entre les différentes cultures sont à la base des conventions que le Ministère de l’Education et des Sciences a formalisé avec la Ville de Melilla et des subventions, qui se concèdent aux entités
sans but lucratif, prêtes à travailler dans des programmes proposés par le dit ministère, à travers les convocations publiques annuelles, et dont certaines sont dirigées spécifiquement au maintien et à la diffusion de la langue et la culture des groupes minoritaires et à l’éducation
interculturelle.
En ayant confiance que cette information pourra vous résulter utile, recevez un cordial salut.
José Enrique Serrano Martinez
Directeur du Cabinet de
la Présidence du Gouvernement,
Madrid 25/7/2006.