

Youcef Ould Dada, 47 ans , ingénieur en électronique, père de cinq enfants est enfermé à la prison de Chaâbet Ennichène (Ghardaïa) à 600 km au sud d’Alger, depuis 9 mois. Son tort : avoir partagé une vidéo sur Facebook. Et pas des moindres.
3 minutes et 49 secondes montrant trois policiers sortant d’un magasin les mains chargées. La scène, filmée du haut d’un balcon d’un siège d’association dans la commune d’El Guerrara, à 115 km au nord-est de Ghardaïa, semble être un flagrant délit de vol. La diffusion de cette vidéo sur Facebook, en novembre 2013, lui a valu une accusation d’atteinte à l’intérêt national.
Après des mois de détention provisoire, la sentence est tombé en juin 2014 : il écope de deux ans de prison ferme. Les militants des droits de l’Homme se mobilisent et appellent à sa libération. Contre toute attente, la peine a été confirmée en appel, lundi 1er septembre.
Les réseaux sociaux surveillés de près
Il est accusé «d’atteinte à l’intérêt national» sur la base de l’article 96 du code pénal algérien qui prévoit que «quiconque distribue, met en vente, expose au regard du public ou détient en vue de la distribution, de la vente ou de l’exposition, dans un but de propagande, des tracts, bulletins et papillons de nature à nuire à l’intérêt national, est puni d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 3600 DA à 36 000 DA». Une accusation contestée par ses avocats.
« Cet article ne peut s’appliquer au cas de Youcef Ould Dada, puisqu’il n’y est pas fait mention de «diffusion de vidéo sur internet». Ils ont également mis en avant le fait que l’accusé n’ait fait que partager la vidéo (quelqu’un d’autre aurait filmé) », commente Me Amine Sidhom , membre du collectif des avocats de la défense.
Intimider ceux qui critiquent le régime sur la Toile
Pour la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), nous sommes face à une menace sérieuse contre la liberté d’expression:
«La LADDH persiste à signaler que les poursuites étaient infondées à son encontre et a appelé à un procès équitable, notamment par une contre- expertise du rapport d’analyse élaborée par la police, qui s’est trouvée dans cette affaire juge et partie.En concertation avec le concerné, les avocats de la LADDH envisagent de se pourvoir en cassation tout en demeurant mobilisés pour exiger la libération de Ould Dada. La LADDH réitère son appel aux différents acteurs pour une mobilisation active face aux harcèlements de toute nature contre la liberté d’expression.» est-il noté dans un communiqué de presse rendu public lundi 1er septembre après la confirmation de la peine, en deuxième instance.
Youcef Ould Dada est en prison depuis 9 mois. Il lui reste 15 mois à passer derrière les barreaux, soit 456 jours. Près de 11 000 heures.
From SalteAfrique