
Je ne pense pas être sur la même longueur d'onde que Mr Yassine Temlal au sujet de l'interview qu'il a donné au Journal FFS, "Libre Algérie", que j'ai lu au début des années 1980, au sujet de la reconnaissance nationale et officielle de Tamazight car au sens juridique du terme elle n'est ni l’un ni l’autre, formellement, du fait que la supposée constitutionnalité manque de clarté à partir du moment où elle est suivie du terme « également » et du préambule qui précise aussi bien dans la version arabe que française l’appartenance de l'Algérie à la terre et au pays arabe. Cela ce passe de tout commentaire. Et encore, comparativement à la langue arabe confirmée dans son statut, cette constitution n'en donne aucun à Tamazight reconnue dans le préambule, après l'arabité et l'islamité, uniquement comme troisième composante de l’identité algérienne, c'est-à-dire inversement à l’ordre d’implantation historique conforme à la géographie. De plus, l'article 3 reconduit l’arabe comme langue nationale et officielle avec une précision de taille, « elle demeure langue officielle de l’État ». Ce qui fait d’elle, l’unique instrument national et officiel des deux segments de la société algérienne. C’est à se poser moult questions sur cette forme rédactionnelle et des capacités juridiques, constitutionnelles et politiques des rédacteurs qui ont repris presque, les mêmes termes que les précédentes constitutions et ceux de l’article 5 de la nouvelle loi fondamentale marocaine.
L’art 3bis de l’ex constitution devenu art 4 dans celle de 2016, stipule sans aucune précision que Tamazight est également langue nationale et officielle. Par contre, ce même article précise bel et bien qu’elle est soumise à une loi organique en vue de concrétiser à terme (encore une copie collée de la marocaine) son statut non pas en tant que langue, vieille de plus de 3.000 ans avant JC, mais comme variantes linguistiques en usages sur le territoire national et ce, après avoir réunis les conditions de sa pro motion. Cela veut dire, morcellement de Tamazight, abonder dans le sens de la balkanisation linguistique comme souhaité par certaines voix et son renvoie aux calendres Grec ou la semaine des quatre jeudi ; autrement dit, c’est en quelques sortes la confirmation du mot « jamais » de Mr Bouteflika..
Quant à l'ex art 178 devenu art 212, (quatrième chapitre) dans la nouvelle constitution, Tamazight est exclue des 8 dispositions suivantes :
- Caractère républicain de l'Etat
- à L'ordre démocratique basé sur le multipartisme (?)
- à L'islam en tant que religion de l'Etat
- à l'Arabe comme langue nationale et officielle
- aux Libertés fondamentales, aux droits de l'homme et du citoyen
- à L'intégrité et l'unité du territoire national
- à l'emblème national et L’Hymne national en tant que symbole de la révolution et de la république
- à la rééligibilité une seule fois du Président de la République.
auxquelles nul atteinte ne sera portée en cas de nouvelle révision constitutionnelle. Cela veut dire que tout est révisable, y compris Tamazight, sauf ces huit dispositions rendues tabous, donc æternam, par le fait du prince et de la cour.
Sans entrer dans les détails, je dirais que Juridiquement, Tamazight n’a aucun statut déterminé, Tout ce qui est écrit n’est que phraséologie et théorisation. Il n’y a rien de concret. Cette prétendue reconnais sance n’est claironnée que par ceux qui veulent y croire, tout comme elle est destinée aussi à la consommation extérieur. En un mot, d’une profonde lecture de cette énième version constitutionnelle, il n’en est rien sauf un leur et une tromperie qui ne dit pas son nom, tout est factice. D’ailleurs, au de là de l’ambiguïté sur Tamazight et à l’exemple des paragraphes 2 3 4 12 13 et 17 du préambule et des articles 2 – 3 – 4 - 32 – 34 - 38 – 42 – 48 – 49 - 50 – 52 - 53 - 87 – 90 - 208 – 212, que je ne détaille pas en raison de leurs contenances; de cette constitution présentée comme un élément cardinal démocratique et
républicain apparait sournoisement un Etat islamique, une absence de cohésion, une incohérence et une contradiction indescriptibles qui laisse tout juriste et tout constitutionnaliste sidérée à tel point qu’il est à se demander s’il y a un pilote dans l’avion et un personnel navigant à bord.
Tout ce tiraillement aurait pu être dépassé s’il y avait une rationalité dans la pensée et dans l’inspiration des propositions citoyennes multiples conjuguaient avec une réelle volonté politique afin de ne pas alimenter l’extrémisme d’où qu’il vienne et de se mettre en diapason avec la réalité historique, géographique, des déclarations, conventions et chartes africaines et internationales.