
En ma qualité de président de l'association Izmulen pour les droits des At-Mzab, association loi de 1901 qui a pour objet "La défense des droits de l'Homme des At-Mzab ", militant politique de l'opposition et des droits de l'Homme, réfugié politique en France depuis le 14 avril 2016, j'alerte l'opinion publique sur les graves accusations lancée par les autorités algériennes contre les deux militants politiques pacifiques mzabs algériens et militants des droits de l'Homme, MM. Salah ABBOUNA et Khodir SEKKOUTI actuellement détenus en Espagne après s'être réfugiés pour demander l'asile.
Les At-Mzab sont victimes d'une répression féroce de la part du pouvoir algérien depuis l'indépendance du pays. De graves violences ont eu lieu périodiquement dans le Mzab. Il y a eu trente sept morts depuis 1985 dont vingt huit durant les derniers événements qui ont eu lieu entre 2013 et 2015.
Parmi ces victimes on dénombre quatre morts en prison en raison de tortures. A signaler que la torture a été pratiquée à grande échelle par les services de sécurité et pénitentiaires.
Les services de sécurité tantôt refusent d'intervenir pour empêcher des bandes de criminels de s'attaquer aux mzabs et à leurs biens, tantôt elles prêtent sciemment main forte aux assaillants, en arrosant les mzabs de gaz lacrymogène et en laissant les criminels tabasser et tuer les mzabs, piller, saccager et incendier leurs biens.
Le 08 juillet 2015 a eu lieu un carnage dans la ville de Lagrara (Guerrara). Des terroristes armés ont tué 14 mzabs sans que les forces de sécurité, pourtant présentes en grand nombre, n'interviennent, pour assurer la protection des citoyens.
Ce sont ces crimes commis par des bandes criminelles avec la complicité des services de sécurité et des responsables politiques que des militants pacifiques des droits de l'Homme, comme le docteur Kamaleddine FEKHAR, Nacereddine HADJADJ, Salah ABBOUNA, Khodir SEKKOUTI et tant d'autres, ont dénoncé publiquement.
Pour répondre aux interrogations de l'opinion publique nationale et internationale, les responsables algériens de haut rang impliqués, ont ordonné l'arrestation de ces militants pacifistes, et c’est le Wali (Préfet) de Taghardayt (Ghardaïa) qui confirma clairement cette implication dans un discours prononcé le 31 juillet 2016. Les mêmes policiers qui, la veille prêtaient main forte aux criminels, ont procédé aux arrestations des dizaines de mzabs à leur tête tous les militants pacifistes.
Au mois de septembre 2015, mon ami et compagnon de combat pacifique pour les droits de l'Homme et pour les droits des peuples autochtones, M. El-Hachmi BAHAMIDA et moi même avons quitté l'Algérie pour nous réfugier en France en demandant l'asile politique car nous étions menacés par le pouvoir algérien à cause de nos activités politiques. Nous sommes rentrés en France et nous nous y sommes installés d'une façon légale. Dix-huit mois après avoir quitté l'Algérie, mon ami El-Hachmi BAHAMIDA a reçu une notification pour comparaitre devant un tribunal criminel avec d’autres accusés dont moi-même pour être jugé pour les mêmes faits reprochés aux militants mzabs dont Salah ABBOUNA et Khodir SEKKOUTI.
Nos camarades du MAM (Mouvement pour l'Autonomie du Mzab) Khodir SEKKOUTI et Salah ABBOUNA ont, quant à eux, dû quitter l'Algérie pour le Maroc afin d'échapper à la vague d'arrestations qui a touché un nombre important de nos camarades, à leur tête le docteur Kamaleddine FEKHAR et Nacereddine HADJADJ. Plus tard, et durant de longs mois, les arrestations ont continué.
Plus particulièrement et concernant le MAM, les services sécuritaires et judiciaires algériens ont engagé des poursuites contre ses militants à cause de leur activité politique pacifique. A noter que le MAM est un mouvement politique pacifique qui critique les actions répressives des autorités algériennes contre les Mzabs.
Le procureur général près la cour de Taghardayt (Ghardaïa) a signé une instruction illégale pour l'arrestation du Dr Kamaleddine FEKHAR, un leader mzab, militant des droits de l'Homme appartenant à l’organisation de Front Line Defenders, journaliste indépendant et militant politique opposant au régime algérien en raison des pratiques répressives contre la population At-Mzab. Selon ce document, les autorités sécuritaires doivent arrêter le Dr. FEKHAR et ceux désignés par "son groupe" sans identification d’identité permettant, ainsi, aux services de sécurité d’établir une liste ouverte pouvant faire objet d’ajouts, à tout moment, de toute personne considérée comme appartenant au "groupe" du Dr. FEKHAR. Ceci est contraire à la loi et aux normes universelles.
De très graves accusations ont été portées contre le Dr. FEKHAR dont certaines sont passibles de la peine de mort.
Le Dr. FEKHAR a été arrêté, arbitrairement, le 9 Juillet 2015, dans un lieu de culte, à Taghardayt (Ghardaïa) capitale du Mzab. Il avait lancé un appel aux organisations internationales se plaignant des actions abusives des pouvoirs publics en Algérie contre les At-Mzab.
Des éléments des services de sécurité ont rédigé un rapport, pour justifier les poursuites contre MM. Salah ABBOUNA et Khodir SEKKOUTI, et entamé les procédures pour leur arrestation, afin de les juger pour leur appartenance à ce qu’ils appellent "le groupe" du Dr. FEKHAR, pour désigner des militants des droits de l'Homme et des opposants politiques qui dénoncent les pratiques répressives des pouvoirs publics contre les mzabs en Algérie. Les militants appartenant au MAM sont particulièrement visés.
Pour ces raisons, nous affirmons, les éléments suivants :
- MM. Salah ABBOUNA, Khodir SEKKOUTI sont actifs au sein du MAM (organisation politique pacifique non classée comme organisation terroriste) ;
- Les services de sécurité et les autorités judiciaires algériens ont lancé des recherches afin de les arrêter et de les traduire en justice pour leurs idées. Ils peuvent être condamnés à mort ;
- Les actions des autorités publiques algériennes envers ceux qui appartiennent à ce qu’elles considèrent "le groupe" du Dr. FEKHAR, activant au sein du MAM, sont des actions qui ne respectent pas les droits de l'Homme et leur dignité, elles sont en violation des principes de la déclaration universelle des droits de l'Homme et des pactes internationaux relatifs aux droits civils et politiques, et aux droits sociaux, culturels et économiques ratifiés par l’Algérie, ce pays même qui viole continuellement ces règles.
Des mandats d'arrêt internationaux ont été émis par les autorités algériennes contre MM. Salah ABBOUNA et Khodir SEKKOUTI à la suite desquels les deux militants sont actuellement en détention en Espagne.
Il est à noter que dans les dossiers des deux détenus MM Salah Abbouna et Khodir SEKKOUTI, il n y a aucun fait qui pourrait leur être attribué, qui peut être localisé dans le temps et dans l'espace qui, peut être interprété comme action terroriste ou criminelle. Les seuls faits reprochés à ces deux militants sont leurs publications de commentaires sur les réseaux sociaux. Ces publications sont des opinions politiques concernant les crimes commis par le pouvoir algérien dans le Mzab. D'ailleurs c'est ce qui ressort du rapport de la police sur la base duquel ces accusations sont lancées.
Il est à rappeler que la convention d'extradition signée entre l'Algérie et l'Espagne le 12 décembre 2006, et ratifiée par l'Espagne le 24 juillet 2008, stipule que l'extradition peut être refusée si la partie requise à des motifs raisonnables de croire que la demande d'extradition a été déposée dans le but de poursuivre ou de punir la personne recherchée en raison de sa race, son sexe, sa religion, sa nationalité ou de ses opinions politiques...
Le pouvoir algérien a l’habitude de traiter de terroristes les opposants, les démocrates et les militants des droits de l'Homme pour les incriminer et les mettre en prison. Ce ne sont pas les exemples qui manquent. Je me contente de vous citer ces deux exemples édifiants :
1. En 1998, l'universitaire Ali BENSAAD, un homme de gauche et anti-islamiste convaincu a été condamné, à tord, à mort pour soit disant "avoir participé à un attentat islamiste". Dans les fait, Il avait osé, dans un meeting, critiquer le Général Mohamed BETCHINE. Après quoi Il a subit des pressions et menaces. Craignant pour sa vie, il a dû quitté l'Algérie pour se réfugier en Allemagne. Quelque temps après, M. Ali BENSAD a été accusé d’avoir participé à un attentat. Il se trouve qu'au moment des faits M. Ali BENSAAD était en Allemagne. Malgré cette preuve irréfutable de son innocence, il a été condamné à mort . La justice algérienne agit sous ordre du pouvoir politique.
2. Le militant du RCD , M. Nacereddine HADJADJ a dénoncé à plusieurs reprises les agissements des services de sécurité et des responsables politiques et leur implication dans les violences qui ont éclaté au mois de novembre 2013 dans la région du Mzab. Il a été arrêté le 24 mai 2014 et accusé de tentative d'assassinat d'un citoyen. Effectivement, un citoyen avait été attaqué avec un cocktail Molotov, le 24 janvier 2014 à Berriane, ville du Mzab. Or au moments des faits M. Nacereddine HADJADJ était à Alger (distante de 550 Km de Berriane) où il participait aux travaux du conseil national de son parti le RCD. Il a même fait une intervention devant plus de 240 présents.
Je lance un appelle à l'opinion publique, notamment espagnole, pour interpeller le gouvernement espagnole sur les graves dérives et injustices commises par le gouvernement algérien contre tout militant pacifique des droits de l'homme, qui ose dénoncer ses dérives, en les accusant de terrorisme pendant qu'il continue de manipuler le terrorisme islamiste pour des calculs politiciens.
L'on se demande si le gouvernement algérien ne fait pas en sorte que restent toujours des terroristes actifs sur le terrain. Il lui sera difficile d'arrêter des militants pacifiques sans les accuser de terrorisme. Les deux exemples cités ne sont pas des cas isolés. Des milliers d'autres cas existent.
Paris, le 05 septembre 2017
Président d’Izmulen
Mohammed Dabouz
Ci-joint, copie de la publication de l'annonce de la création de l'association au journal officiel de la république française.
At-Mzab ou Mozabites est une minorité linguistique et religieuse habitant la région du Mzab dont la capitale Taghardayt (Ghardaïa) se situe à 600 Km au sud d'Alger.
Lien de l'enregistrement du discours du Wali (Préfet) avec sous-titrage en français :
https://drive.google.com/file/d/0B2yRR36usV-ETWx4amwtaTJORkU/view
Le MAM est un mouvement politique pacifiste créé en 2014 pour faire face à la répression que fait subir le pouvoir algérien à la minorité linguistique et religieuse des At-Mzab
Ci-joint, correspondance du procureur général de Taghardayt (Ghardaïa) datée du 08 juillet 2015.
Ci-joint, Lettre envoyé au SG de l'ONU par le Dr FEKHAR, le 02 juillet 2015, soit une semaine avant son arrestation.
Lien d'un article du journal Algeria-Watch publiant l'appel à l'opinion publique lancé par Ali BENSAAD le 01 juillet 1998 : http://www.algeria-watch.org/farticle/presse/Bensaad.htm
Rassemblement pour la Culture et la Démocratie, un parti algérien de l'opposition démocratique.
Lien d'un article du journal reporters du journaliste Younès Saâdi sur l'arrestation de M. HADJADJ : http://reporters-dz.com/index.php/rss-a-la-une/item/24716-26ghardaia-le-rcd-denonce-l-arrestation-de-son-secretaire-national