
Je suis arrivé au monde « étiqueté ». Deux mots gravés dans ma chair : arabe et musulman. Je suis né Algérien et la constitution du pays stipule que « l’islam est la religion de l’État » et que « l’arabe est la langue nationale et officielle ». Arabe malgré la langue de mes parents, le kabyle, et musulman malgré mes doutes et le paganisme de mes ancêtres.
Ma naissance a été, en des termes crus, un viol identitaire. Un assaut contre mon être, une guerre contre mes origines. Je suis né dans le mensonge. Élevé dans la farce, j’ai vécu dans le déni. Je suis un enfant falsifié. Je porte en moi la faille mémorielle. Mon âme est amazighe, les préceptes qui l’étouffent, pendant des siècles, sont arabo-islamiques.