
Quand l’imposture règne, la simple vérité est séditieuse ‘’ Jean Baptiste Say ‘’
Depuis le 22 Février 2019, la population algérienne bat le pavé chaque mardi et chaque vendredi pour :
- exprimer son ras le bol du système politique et le départ de tous ses acteurs et actrices avec leurs affidés et leurs attenants « Yat nehaw Gaa – Adh ts waksen Yaok – Tous sont à enlever »,
- exiger une concertation honnête et citoyenne éloignée des mouvements, partis et organisations qui ont mené l’Algérie à la situation actuelle,
- Une transition démocratique, non étalée dans le temps, en vue d’élaborer les éléments nécessaires à une réelle, propre et claire joute présidentielle.
Pour toute réponse, le pouvoir bicéphale répond par :
- la primauté d’élections présidentielle avec les paramètres existants revus et révisés d’une certaine façon par un nouveau texte de lois issue des concertations entre une certaine classe politique, et le panel pour le dialogue désigné en la circonstance par un pouvoir avec la bénédiction de l’autre. Ce projet de lois est voté à la hussarde par un parlement (assemblée et sénat) qui a fait fit de ses statuts et de son rejet par la population,
- le durcissement multiforme des services de sécurité qui bloque les artères donnant sur les rues Ben-Mhidi, Didouche Mourad et autres, procèdent à des interpellations et à des arrestations pour délits d’opinion, port du drapeau Amazigh (1) même non arboré, atteinte à la morale de l’armée, atteinte à corps constitué et autres motifs factices. Ces arrestations n’épargnent même pas les héros de la d lutte armée (ALN) (cdt Lakhdar Bouragaa ), les responsables politiques (Karim Tabou) qui, pourtant sont protégés par la constitution et la justice dans l’exercice de leurs activités partisane et autres animateurs émergeants dans le HIRAK (Samir Belarbi), les associations, La société civile, etc.,
- Le maintien contre vent et marrée de la joute présidentielle dans les délais souhaités par un pouvoir et confirmé pour le 12 décembre 2019 par un autre lors de son intervention télévisée.
A ces états de fait s’ajoute le réveil tardif et douteux de divers courants politiques et prendre le train en marche piloté majoritairement par une jeunesse d’hommes et de femmes éloignée de tout calcul politique et partisane. Comme ce fut le cas lors de la guerre 1954/62, ces derniers, qui se sont rendus à l’évidence que rien n’arrêtera l’action pacifique de cette jeunesse jusqu’au départ de tout les omnipotents et leurs relais, ont fini par faire entendre leurs voix en s’appuyant sur les conservateurs tout en ne considérant que ce qui les intéresse dans la déclaration du 1er Novembre 1954, qui au demeurant n’a été qu’un des éléments majeur de la lutte armée et non comme référence pour l’Algérie indépendante. Cet aspect là a été pris en charge en 1956 par la plate forme de la Soummam qui prôna la prééminence du politique sur le militaire, la démocratie sociale et le vivre ensemble dans la différence et la pluralité sans prédominance aucune.
C’est dans un climat dominé par le sectarisme hérité de la lutte armée contre le colonialisme français que les Oulémas ont imposé leurs conceptions à l’ombre de la dictature bicéphale qui leur confia l’éducation nationale et l’orientation scolaire. Présenté comme ce qu’il y a de meilleurs pour l’identité nationale, cette conception de la nation vient du Proche-Orient. Elle est supranationale et combat toute réalité historique, identitaire, linguistique et culturelle du pays qui n’entre pas dans son idéologie
Ce mouvement n’a été qu’un regroupement d’algériens religieux qui s’est constitué sous le vocable les Oulémas (les savants). Celui-ci s’est contenté d’être une caisse de résonance et de relais hégémonique élaboré vers le XIX et le XX siècle par l’afghan Abdou et Rida. Son implantation dans l’Algérie indépendante ne pouvait se légitimer qu’en puisant dans la guerre de libération nationale. Tel qu’il nous a été présenté par la sinistre école algérienne (feu Mohamed Boudiaf), il aurait façonné l’image de la nation algérienne et y serait indissociable de Abdelhamid Benbadis ‘’ 1889/1940 ’’
La famille de Benbadis se rallie tôt à la France, issue d’une bourgeoisie citadine de Constantine, serait de la tribu amazighe des Sanhadjis d’ Ath Warthilane (Kabylie), Wilaya de Sétif. Son grand père El Mekki Benbadis fut décoré de la main de Napoléon III, quant à son père Mostefa, il fut Bachagha délégué financier de Constantine et grand dignitaire dans l’ordre de la légion d’honneur.
Lors de la célébration du centenaire de la colonisation française en 1930, son père Mostefa accueillit dans sa ville, Constantine, le président de la république, Paul Doumergue, qui était en déplacement en Algérie. Le bachagha Benbadis était l’un des plus gros propriétaires terriens de Constantine. A l’abri des besoins matériels, le jeune Abdelhamid Benbadis s’adonna à une éducation religieuse et à 20 ans il se rend au Proche Orient d’où il revient fortement imprégné des idées du mouvement NAHDA. Il se consacra durant toute sa vie à l’enseignement qu’il a reçu. En 1931 il créera le mouvement des Oulémas musulmans d’Algérie avec un statut interdisant toute discussion politique et ne se consacrer qu’à la religion et à ce qui est interdit par la morale et les lois en vigueur.
A l’inverse de ce mouvement islamiste, l’ENA, créée en 1926 dans le milieu émigré de France, majoritairement composé de Kabyles, avait inscrit dès sa naissance dans ses statuts «l’Indépendance de l’Algérie». Tel n’est pas le cas du Badissia (Oumma) qui voulait l’assimilation à la mère française.
(1) Comme fallacieusement avancé, le drapeau amazigh ne représente pas uniquement l’Algérie il est l’emblème de 11 pays africains + les Iles Canaries. D’ailleurs, dans chacun de ces pays il est arboré avec le drapeau national. Le confondre avec un autre relevant d’une idéologie politique n’est qu’un leur du fait qu’à ces couleurs idéologiques, se sont ajoutés d’autres symboles. Ce qui fait qu’il y a une différence entre celui-ci et l’emblème du monde amazigh même si s’il y a une certaine ressemblance de base qui représente l‘amazighité et non un pays ou autres.
*Divers sources d’informations