Je soussignée Fatima Alahyan, étudiante et domiciliée à Rennes, affirme avoir fait l’objet d’intimidation et de surveillance par certains individus, sans aucun doute des agents des services secrets marocains, juste après avoir fait publier sur le site Internet Amazighworld.org un texte dont je suis l’auteur «J’accuse», par conséquent à cause de mon militantisme pour une cause noble et légitime qu’est la cause amazighe.
J’ai été intimidée et surveillée plusieurs fois en une semaine, c’est à dire du Vendredi 10 au Vendredi 17 novembre. Ces personnes ont cessé de me surveiller, du moins, elles ne sont plus dans mon champ de vision, après avoir publié un communiqué détaillant les propos du texte «J’accuse» afin qu’ils ne soient pas interprétés dans un sens qu’ils les arrangeraient…
Pendant cette semaine et c’ est toujours le cas, j’ai dû éviter de sortir seule et de m’accompagner d’une tierce personne afin de ne pas être persécutée par ces hommes dépourvus de respect envers ma personne étant donné ma vie privée et mon intimité atteintes. Ils ont pris du plaisir à me suivre, à marcher derrière moi, à me jeter des regards froids, à me faire des signes et à m’espionner de loin etc …
Le premier jour, un homme, portant un costume digne de celui d’un agent des services secrets, est venu me voir dans la salle informatique (salle équipée d’un système de vidéosurveillance) et a osé se faire passer pour un «étudiant en master» (mais quel master? Généralement, on étudie une discipline et non pas un diplôme…). Ayant un accent typiquement marocain, il m’a dit qu’il était perdu et qu’il avait besoin d’aide. Je lui ai répondu, bien que j’ai compris ses propos. Extrêmement surprise par sa demande rapide de faire ma connaissance avec des questions comme « Qui es-tu?», « Tu viens d’ où?», «Tu fais quoi dans la vie?», «Tu es de quelle origine?».
Bien que j’ai bien compris ses propos, je lui ai répondu que «Je ne comprends pas l’arabe et que je ne suis pas Arabe», que je refusais de le connaître, qu’ un accueil efficace était réservé aux étudiants étrangers et que les fonctionnaires justement étaient payés pour l’aider. Il a insisté en s’approchant davantage de moi et en me regardant dans les yeux mais j’ai persisté. Il m’a souhaité bon courage en dirigeant ses yeux vers l’ordinateur (bon courage pour d’éventuels futurs articles en fait…), avec une grande hésitation, et m’a salué. Je pensais qu’il était parti mais il s’est installé à quelques mètres de moi, tenant un téléphone mobile atypique et m’observant sans cesse pendant une bonne demi-heure. Je ne pouvais donc sortir seule de la salle car je m’attendais à ce qu’il m’attende à l’extérieur. J’ai donc envoyé deux étudiantes pour aller voir si cet homme était bien parti et elles sont revenues angoissées en me disant qu’une voiture atypique aussi, noire, aux vitres cintrées, étaient garées devant l’université. Il faisait nuit, j’ai prévenu l’administration, la police et je suis rentrée chez moi accompagnée. Accompagnée les jours suivants également car des hommes (typiquement marocains) me suivaient en permanence jusqu’à avoir fait publier un communiqué expliquant certains propos de « ’accuse» sur le site Yafelman. L’intimidation, moyen inefficace pour faire taire une personne défendant une juste cause, a duré une semaine.
Je précise bien que je n’ai été agressée ni verbalement ni physiquement mais j’estime avoir été agressée psychologiquement car non habituée à une telle barbarie dans une terre des droits de l’homme.
Une chose est sûre : ils ne pourront jamais me ôter Tamazight de mon cœur.
Fait le 23-11-2006.
Alahyan Fatima.
Asif n Dades,Wrazazat(Sud-Est,Maroc)
Rénnes,France .