Samedi 17 Novembre dernier, l’ équipe marocaine de football a affronté ses adversaires français, dans le cadre d’ un match amical. Les Lions de l’ Atlas s’ en sont sortis indemnes et plutôt triomphants avec un match nul bien mérité (2-2). Le Stade de France, envahi par les supporters marocains, s’ est affiché vêtu des couleurs marocaines officielles, le rouge et le vert. Mais ce match reste exceptionnel puisque, pour la première fois, des supporters amazighs français ont affiché fièrement leur identité. Et sans aucune modération.

Sous une pluie généreuse, les Lions de l’ Atlas ont fraîchement dominé les Bleus, chez eux, au Stade de France. Et la performance de l’ équipe marocaine en a étonné plus d’ un. Une équipe plus amazighe qu’ autre chose avec le soussi Hadji, qui a fait vibrer spectateurs et supporters en manquant de grandes occasions. Mais aussi le riffi Mokhtari qui, peu après son entrée dans le jeu, a inscrit le deuxième but marocain. Coté français, deux jeunes joueurs ont séduit le public, à savoir les deux nouvelles recrues, Karim Benzima, d’ origine amazighe,et Samir Nasri.
Et c’ est un supporter amazigh qui a proposé une alchimie intéressante durant tout le match. Visible sur TF1 dès le lancement du match, ce jeune homme a très fièrement brandi le drapeau amazigh tout en portant le maillot de Zidane (footballeur français d’ origine amazighe). Une manière de montrer qu’ il est un supporter de l’ amazighité. Et de l’ amazighité seulement.

Parmi la foule en transe, on pouvait remarquer une jeune femme qui portait, avec ostentation et bravoure, la tenue vestimentaire des femmes amazighes du Souss, babouches et bijoux compris ( tamhelfat, idukan, luban). Du jamais vu dans un stade de foot français ! Cette mère française a montré qu’ en tant que femme amazighe, elle restera gardienne des traditions. Même à l’ étranger, puisque les frontières ne sont que le produit de faits coloniaux…
Mais ce qui fait la fierté de ces supporters et supportrices amazighes est bien le drapeau amazigh, symbole de l’ unité du peuple amazigh. Le drapeau bleu, vert, et jaune, centré par la lettre AZA en rouge, a fait des siennes lors de ce match d’ exception. Effectivement, des jeunes supporters et supportrices, un peu éparpillés dans les tribunes, ont brandi, dignement et avec la plus grande des fiertés, leur drapeau. Un drapeau qui a aussi dérangé et heurté le « patriotisme » de certains supporters arabistes.

En outre, le folklore amazigh, autrefois timide, a fait du bruit aussi. Une troupe de jeunes amazighs ont choisi d’ honorer leurs ancêtres, en plein stade de France. En effet, se plaçant sur deux rangs, ces courageux amazighs ont abandonné leurs corps, aux vibrations des chants ( izlan). Au rythme orchestré par deux jeunes tapant la fameuse « tallunt »» ( bendir). Une poignée « supporters » racistes, qui pourtant applaudissaient les autres prestations marocaines (derbouka, reggada, kamanja), ont heureusement maîtrisé leur colère, sous peine de se transformer en hooligans « marocains ».
Ce match, qui s’ est avéré révélateur, démontre que l’ identité amazighe des jeunes franco-marocains s’ affiche de plus en plus. Qu’ ils résistent à l’ arabisation idéologique et forcée menée par le régime marocain. Cet échec politique montre l’ inefficacité des politiques racistes du makhzen. En effet, ces supporters et supportrices sont très souvent des jeunes nés ou ayant grandi en France. Ils ont donc réussi à échapper au travail de dénigrement de leur identité par le régime raciste. Il est, donc, des jeunes amazighes, en France, qui n’ ont aucun problème à afficher leur identité. Leur fierté d’ être ce qu’ ils sont. Et ce, même dans un des plus grands stades de foot du monde.