A propos de la conférence de A.Lhamid Al Aouni; « la cause Amazigh entre le juridique et le politique »; Présentée à goulmima le mercredi 7/5/08.
Par Aziz Boufous, AmazighWorld.org
Date : 2008-05-24
Nonobstant les éléments sous-jacents qui ont poussé le conférencier à organiser cette rencontre en tel lieu et à une telle date précise, il faut dire que celle-ci de par son contenu seul a suscité un certain nombre d’interrogations .Ces questions de par leur strict attachement au thème veulent s’inscrire exclusivement dans le cadre épistémologique relatif aux informations véhiculées par l’auteur, dans un contexte qu’il a délibérément choisi en toute (mé)? connaissance de cause.
Dés le départ le conférencier a volontairement jeté un pavé dans la mare en reliant directement le passé de Goulmima à celui d’un certain Lmokri. Il faut signaler de prime abord que le conférencier a commis dés le départ une bavure patronymique, lui qui voulait donner une impression de précision et de justesse à propos. En effet il a confondu le nom de Med Al korri et celui d’Ahmed El Mokri en soutenant urbi et orbi que c’est Al Mokri qui a été inhumé dans le cimetière D’Iglmimen alors que la dépouille qui y est enterrée est celle d’Al Korri, dont l’école du quartier « ouâtmane » l’un des plus renommés de Goulmima porte encore le nom. Certains auditeurs à l'oreille perspicace dans la foule n’ont pas hésité à lui souffler son erreur, mais apparemment rien ne pouvait arrêter la locomotive en marche de Lâouni qui parle comme il écrit, c'est-à-dire vite et sans prendre le soin de vérifier ses allégations.
Al korri,dont il s’agit effectivement est connu comme étant un intellectuel Fassi qui se mit à traduire et à adapter - rarement à écrire - des pièces puisées dans le répertoire moliéresque sous l’occupation. C’etait l’un des plus brillants et des plus fervents animateurs de ce militantisme intellectuel, ardent nationaliste, mort sous la torture colonialiste et enterré au vieux cimetière d’Iglmimn.
Voilà donc, le pavé est jeté, car d’entrée en scène, c’est bien le cas de le dire, Lâouni s’est précipité sur un nationaliste Fassi pour le présenter comme figure de proue de la lutte locale contre le colonialisme!
Meurs donc Zaïd ou Hmad, sacrifiez-vous martyrs amazighs de toutes les montagnes! Il y aura toujours un bon lettré qui viendra jusqu’aux confins de vos nids d’aigles pour outrager votre mémoire en l’occultant par celle d’un modeste clerc, traducteur de stances molièriennes ! Il faut dire qu’en guise de manque de tact et de diplomatie cette entrée en matière de Lâouni devrait faire école et être enseignée dans les instituts du journalisme pour illustrer notamment la pertinence de l’adage qui dit qu’il ne faut jamais parler de cordes dans la maison d’un pendu. Eh bien le conférencier est venu, corde en main, rappeler aux gherissois le poids du passé et la lourdeur du présent ! D’un fassi à l’autre comme si Lâouni se croyait dans les faubourgs de Fès au moment où il foulait le noble sol poussiéreux de Tizi n’Imnayen !
Pour se corriger et dans l’esprit de jouer sur plusieurs cordes, qui étaient toutes très raides en l’occurrence, Lâouni a entrepris ensuite de caresser le tigre dans le sens du poil et comme s’il apportait dans sa besace une vérité toute chaude jusque là ignorée il affirma sans ciller que la civilisation Amazigh existait bien avant 1200 ans, un clin d’œil aux festivités pharaoniques qui célébraient au même moment la ville de Fès. Quelle découverte géniale! Et pour tordre le cou à l’histoire dans le dessein de servir les buts qu’il s’est fixé il entreprit de nous parler d’ Hannibal Barca (en phénicien Hanni-baal signifie « qui a la faveur de Baal[» et Barca, « foudre[] »), né en 247 av. J.-C. à Carthage (au nord-est de l'actuelle Tunis) et mort par suicide en 183 av. J.-C.[ en Bithynie (près de l’actuelle Bursa en Turquie), général et homme politique carthaginois généralement considéré comme l’un des plus grands tacticiens militaires de l’histoire. Pour lui Hannibal était une gloire Amazigh dont il fallait être fier! Il faut dire que Lâouni était en manque d’inspiration pour aller chercher un Carthaginois, du moment qu’il existe d’autres noms de héros vraiment Amazigh tous aussi glorieux tels que Massinissa, dont le nom était transcrit MSNSN sur les stèles libyques -à lire probablement mas n sen "leur seigneur"- et qui était le fils du roi Gaïa.
Donc Comme on le constate de manière flagrante, le conférencier avait fait exprès de choisir pour illustrer ses propos des personnages historiques qui selon toute vraisemblance n’avaient rien d’Amazigh.
Pire encore ! Et pour renforcer l’amalgame et trouver une sortie à ses élucubration qu’il voulait présenter comme des « vérités » Historiques il déclara que la culture Arabe devait se baser sur des composantes à la fois Amazigh, Hassanide, Arabe et judaïque, comme s’il fallait attendre l’avènement de Monsieur Lâouni pour que la culture commence à prendre forme ! Narcisse n’est pas loin !
Et quand le conférencier ne déballait pas ses inepties pseudo historiques à grande vitesse, il donnait tête levée dans la tautologie en affirmant que la véritable Histoire du Maroc a commencé en 5332. Bien sûr monsieur ! Mais c’est à toi d’en être convaincu, pas tes auditeurs, qui ont déjà banni depuis belle lurette toute autre date inculquée dans les établissements scolaire de seconde main que fréquente le peuple. Quant à saint Augustin dont tu écorchas le nom de manière effroyable ce jour là,il témoigne que notre culture n’a pas attendu l’avènement de L’islam pour s’épanouir ! On n’attendait certainement pas un certain Mohammed Guennoun pour parler du génie Amazigh dans son « noubough al Amazighia » que tu citais à bout de champs.
De toute façon il était clair depuis le début pour qui savait lire entre les lignes ,que le véritable objectif de cette conférence ne résidait pas dans le flot intempestif d’informations débitées par le conférencier.Le but était ailleurs et il est certain avec le recul qu’il y avait anguille sous roche comme disent certains. L’idéologique se terrait sous le couvert épistémologique et le conférencier avait sertie son exposé de repères assez savamment éparpillés pour tromper son monde .Cependant d’autres repères révèlaient la face cachée de la lune(the dark side of the moon) comme diraient les English.Parmi ces derniers nous trouvons la référence régulièrement réitérée à la conspiration.Un leitmotive tellement usé qu’on en vient à parler de la thèorie de la conspiration, thème vieux comme le monde et que le confèrencier n’a pas encore une fois oublié d’évoquer. Le cas est devenu vraiment classique, car à chaque fois qu’une cause est défendue quelque part il se trouve toujours quelques âmes charitables qui crient à la conspiration et accusent l’étranger de mettre sa main à la pâte pour nous diviser. Pour illustrer sa théorie de la conspiration Il n'oublia pas de parler, mine de rien, de Maître Adghirni, qui selon lui tend à séparer les Imazighen au lieu de les unir. Mine de rien, car c'était là la pierre angulaire et le but non déclaré de cette rencontre, à savoir démystifier le PDAM et et son chef charismatique d'autant plus qu'il courait dans les coulisses un bruit annonçant sa visite imminente. Peu de militants s'y sont trompés et la majorité ont assisté à cette conférence avec dans les yeux un mépris à peine caché pour cette vois de son maître, venu suivant les ordres dénigrer la cause de leurs ancêtres en faisant semblant de la défendre. M.Lâouni n'arrêtait pas de réitérer à qui voulait l'entendre son crédo du moment , en l'occurrence qu'il était de culture Amazigh malgré sa langue Arabe(sic). Mais si vraiment nous étions unis depuis le début comme vous le dites et si nous formions comme le veut la formule religieuse sacrée et consacrée « un seul et unique corps qui réagit fébrilement à la souffrance de chaque organe » vous ne seriez pas obligé de venir nous le rappeler. En d’autres termes pourquoi seriez-vous contraint deux décades plus tard de venir inculquer, en d’autres mots et avec des moyens plus sophistiqués les mêmes dogmes que votre père, décidément plus diplomate, n’a pas réussi à incruster dans les têtes ? Et puis si vous étiez vraiment venu nous rendre visite pour nous rappeler ,soit disant ,nos origines communes pourquoi vous êtes vous crû obligé de nous distribuer gratuitement vos livres ? N'est cec pas là ou je m'y trompe une humiliation patente à notre intelligence? Depuis quand quelqu'un s'est il donné la peine de nous distribuer des livres vendus jusque là à des prix parfois inabordables ? Celà ne vous rappelle-t-il rien?Une chose est sûre c’est que les intellectuels de service au sens de Gramshi sont parfois contraint de défendre des thèses auxquelles ils ne croient pas eux-mêmes.
Par Boufous Aziz.
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