Azul fellawen/t
Imdukal Hitous, Handaine d wiyad'
Cher-e-s ami-e-s
Je viens juste de rentrer de Kabylie où j'ai effectué une tournée d'information destinée aux associations et à l'opinion publique concernant le 5° congrès à Meknes. C'est ce voyage qui explique le retard de ma réaction à votre initiative.
Mon sentiment est que malgré la cherté du billet d'avion (2,5 mois d'un salaire de base), les Kabyles seront à Meknes plus nombreux que jamais. Je suis très confiant.
Ce déplacement en Kabylie a donc été très utile et très fructueux mais exténuant. De plus, à mon retour, beaucoup de travail m'attendait. Préparer un congrès, ce n'est pas chose aisée, comme vous pouvez l'imaginer.
Et je dois aussi rappeler à certains qui ont tendance à l'oublier un peu trop, que je suis prof à temps plein et cela génère une certaine quantité de travail aussi.
En conséquence de quoi, je ne pourrai pas faire le déplacement à Agadir.
Par ailleurs, lorsque vous nous avez fait part de votre initiative il y a une quinzaine de jours, je vous ai dit clairement que si c'est une rencontre informelle de reflexion sur le CMA, j'étais disposé à y contribuer, mais s'il s'agit de "résolution de conflit " et de "conciliation/médiation", je ne m'y associerai pas pour la simple raison qu'il n'y a pas de divergence ou de conflit mais seulement de non respect de la légalité et d'un principe démocratique par une seule personne sur 10 dans le bureau du CMA et de 3 sur 39 dans le CF. Quand vous ne respectez pas un feu rouge, on ne va pas appeler le médiateur.
Mais je vois que dans votre programme, vous maintenez les mots médiation, conflit, etc. Cela ne concerne pas le CMA, du moins pour le moment. Je le dis et le répète, TOUTES les décisions prises jusqu'à présent sont légales et démocratiques et j'en présenterai les preuves matérielles devant l'AG de Meknes. Je défends un CMA solide sur ses principes et ses textes que je dois appliquer sans état d'âme. J'ai été élu pour cela, entre autres. Si vous trouvez que ces textes sont mauvais, rendez-vous à l'AG de Meknes pour les améliorer. Mais ne pas respecter nos règles aujourd'hui, c'est laisser la porte ouverte à toutes les dérives. On ne peut accepter cela.
De plus, il semblerait qu'il y aura à Agadir, des personnes et/ou organisations non membres du CMA qui viendraient du Maroc et d'Algérie pour " régler les problèmes du CMA ". Je les en remercie, mais je leur dit qu'il n'y a pas besoin car le CMA n'est pas en crise comme certains voudraient le faire croire. De plus, le CMA n'est ni un forum, ni un mouvement où n'importe qui entre et sort comme il veut. C'est une organisation structurée verticalement et qui est régie par ses textes (statuts et règlement intérieur). Rien ne peut se faire en dehors de ces derniers. Toute autre option ne ferait qu'affaiblir notre organisation.
J'ai également pris le temps d'apporter quelques commentaires à la plateforme que vous trouverez ci-dessous.
D'après la plate forme, " L'élite amazighe peut se permettre le luxe de la rhétorique et de la concurrence des aspirations individuelles et collectives, mais les peuples amazighs à travers Tamazgha et les populations amazighes dans la diaspora n'ont pas le temps et n'ont aucun intérêt à comprendre l'origine de la discorde et des désaccords entre frères et surs de l'élite amazighe. Dans les montagnes comme dans les plaines et le désert, le peuple qui souffre n'a pas le temps pour partager le luxe de l'examen de la légitimité et de la légalité des positions des uns et des autres ."
Comme vous, je rends hommage aux peuples des montagnes, des plaines et du désert. Mais je considère que si "élites" il y a, les élites Amazighes sont partout, dans les villes, parfois les bidonvilles, et aussi dans les montagnes, les plaines et le désert. Par ailleurs, l'examen de la légalité des positions des uns et des autres n'est pas une "option". Les membres du CMA se sont engagés à respecter les statuts et règlement intérieur du CMA. Il serait regrettable et inacceptable que les "élites" s'arrogent le droit de déroger à la règle, et que le "peuple qui souffre dans les montagnes, plaines et désert" soient les seuls à respecter les procédures de décisions légitimes du Bureau du CMA. Ne pas respecter les textes légaux du CMA, c'est ne pas respecter le CMA et tout ce que nous essayons difficilement de construire.
" Il ne suffit pas de se mettre d'accord sur le lieu d'organiser le prochain congrès, ni de résoudre les désaccords personnels entre certains membres des instances, il est impératif d'ouvrir le grand chantier de la réflexion autour des problématiques systématiquement reportées mentionnées ci-dessus ".
J'ose croire que les membres du CMA qui se réunissent à chaque congrès ont pour ambition, non seulement d'ouvrir des chantiers, mais aussi de répondre à ces exigence de réflexion -par des stratégies d'action pour faire avancer notre cause. De plus, je ne comprends pas pourquoi ces chantiers doivent être ouverts subitement et à moins de 3 semaines de notre congrès. Où étions-nous et que faisions-nous pendant ces 3 dernières années ?
"Être, c'est savoir écouter les souffrances des nôtres dans le désert, les montagnes et les plaines, et savoir chercher les solutions à leurs souffrances. Être, c'est être digne, autonome, libre. C'est oser reconnaître que chacun parmi nous est responsable d'une manière ou d'une autre de la crise actuelle, c'est oser admettre qu'il n'y a pas de vérité absolue et que tout est relatif. Être c'est tout simplement, être en désaccord avec son frère ou sa sur amazigh sans le (la) haïr".
Je lis et relis ces phrases, et crois pouvoir dire en toute bonne foi que je me reconnais dans l'"Etre" -s'il s'agit de soutenir et défendre les droits des Imazighen où qu'ils soient. Je crois l'avoir démontré très souvent que ce soit en Algérie, au Maroc, en Libye, en pays Touareg, aux Canaries, à New York, Genève, Durban, Barcelone, Naples, Bilbao, Amsterdam, etc
Et si j'ai une responsabilité dans la "crise actuelle", si crise il y a, c'est pour défendre les règles qu'on s'est fixées ensemble au sein du CMA, et pour faire en sorte que le CMA reste une organisation indépendante et crédible.
" Ne pas être, c'est tout simplement ne rien faire pour éviter l'éclatement du CMA. C'est être incapable d'être flexible et de faire des concessions, c'est se contenter de regarder le bout de son nez, alors que la vérité est ailleurs . Ne pas être c'est trahir les peuples et les populations amazighes là où ils sont ".
J'ai du mal à suivre... "Etre", c'est admettre qu'il n'y a pas de vérité absolue, et "Ne pas être" c'est reconnaitre que la vérité est ailleurs? Et qui détient la vérité dans le cas qui nous intéresse... ? La flexibilité et les concessions, j'en ai fait lorsque j'ai nommé Rachid Raha vice-président pour la diaspora alors qu'il habite Rabat, lorsque j'accepte qu'il fasse des interventions en ne signant pas vice-président mais "ex-président du CMA", lorsque j'accepte le fait qu'il n'ait jamais fait la moindre activité en 3 ans pour les associations qu'il était sensé représenter (la diaspora), c'est lorsque j'accepte que les associations ne paient pas leurs cotisations et n'informent pas le CMA de leurs activités comme elles le devraient, etc. Mais lorsque l'on touche à l'essentiel, c'est-à-dire aux principes fondamentaux, à notre fonctionnement démocratique, à la crédibilité du CMA, alors c'est vrai, je perds tout sens de la flexibilité.
L'objectif est celui de converger vers une feuille de route, qui prendra en considération ce qui suit :
1. Les réalités sur le terrain, compte tenu de l'investissement met en uvre en temps, en énergies, aspirations et espoirs, que ce soit en Kabylie ou à Meknés
Conformément aux statuts du CMA, la décision d'organiser le 5ème Congrès à Meknes a été prise à la majorité des voix du Bureau du CMA. La rencontre du CMA n'aura pas lieu en Kabylie. Et s'il y a une quelconque réunion en Kabylie, ce ne sera pas une réunion du CMA. En plus de ce que j'ai dit et écrit, il me sera très facile de démontrer devant la prochaine AG, l'illégitimité et l'illégalité des actes de certains membres des instances du CMA. Et le Bureau devra considérer les agissements de certains de ses membres qui violent les décisions prises de manière démocratique et devra se prononcer sur les mesures qui s'imposent dans le cadre des dispositions de son règlement intérieur. Il serait en effet très fâcheux, pour ne pas dire plus, que des membres du Bureau et autres membres du CMA puissent revendiquer une légitimité qu'ils n'ont pas, et jeter le discrédit sur toute une organisation par leur attitude égoiste et irresponsable et contraire aux objectifs fondateurs du CMA. Le Président en particulier doit assumer sa responsabilité de défendre l'intégrité de notre organisation.
" Accorder plus d'importance aux mesures pouvant contribuer à éviter tout éclatement du CMA, pourvus qu'elles nous éclairent le chemin indépendamment de tout autre considération, et faire preuve de flexibilité à l'occasion de l'interprétation, soit du statut soit des décisions des instances ".
Les décisions prises conformément aux statuts et règlement intérieur doivent être appliquées, et non pas "interprétées" de manière "flexible". C'est en fait dans la "flexibilité" et l'"interprétation" des règles, qu'il y a des risques que certains imposent des règles qui leur sont propres et qui sont éloignées du statut légal de l'organisation du CMA, qui, comme le souligne la plate forme, appartient à tous ses membres .
Au jour d'aujourd'hui, défendre le CMA, c'est défendre la légitimité et la légalité, c'est dénoncer ceux qui par tous moyens, y compris le mensonge, portent gratuitement atteinte à l'honnêteté des personnes et à la crédibilité de notre organisation. Défendre le CMA c'est soutenir les décisions prises démocratiquement par les instances habilitées à le faire, c'est donc aller au congrès de Meknes.
B. Lounes
Président CMA