Mr Ahmed Boukous, le recteur de l'Institut Roya l de la culture Amazigh à Rabat, a été l'invité du journaliste Abdessamad Ben Cherif dans le programme Tiyyarat (les tendances) diffusé par la 2ème chaîne de télévision marocaine 2M hier 29 Octobre 2008 à 20 heures. Durant tout le débat, le recteur, a mis les mains et les pieds pour défendre les réalisations de l'IRCAM et du gouvernement en déclarant que le processus de réhabilitation de Tamazight est en bon chemin au Maroc , alors que l'opinion publique a mazigh e note qu' aucun des partenariats reliant l'IRCAM aux ministères du gouvernement n'a donn é s es fruits. Il faut noter au passage que le journaliste Ben Cherif était très brillant : il a posé des questions très embarrassantes au recteur . Il a notamment évoqué le fait que le parti de l'istiqla l, qui a déposé le projet de loi d'arabisation au parlement , est allé a l'encontre du discours royal d'Ajdir. Cela devrait étre dit par un défenseur de l'amazighité.
Partenariat IRCAM-ministère de l'éducation nationale
Ne prenons comme exemple que le partenariat IRCAM-ministère de l'éducation nationale. Celui-ci avait promis il y a quelques années de généraliser l'enseignement de Tamazight à tous les marocains jusqu'au niveau baccalauréat à l'horizon 2008 . Nous voici en 2008, rien n'a été réalisé et, pire, même les écoles pilotes ont été sabotées . Sans bien sûr parl er de la crise qui a eu lieu entre les deux organes. Celle-ci concernait, en effet, la contradiction entre les objectifs fixés par l'IRCAM et les orientations de la politique gouvernementale fixée par le livre blanc (Al kitab Al Abyad) qui inte rdit l'enseignement de Tamazight au delà des deux premières années du primaire. De plus , durant ces années, Tamazight ne doit être utilisée que pour la distraction des petits . La dite crise a fini par donner raison au gouvernement , preuve en est le résultat . Et ceci pour deux raisons : la première c'est que le gouvernement est indépendant et qu'il a sa propre politique alors que l'IRCAM et ses objectifs sont le fruit d'une décision royale . C 'est pour cela d'ailleurs que son budget sort du palais royal et non des caisses du gouvernement . La deuxième raison , et la plus prépondérante , c'est que le parti arabiste USFP , hostile à l'amazighité, se trouvait à l'enseignement au moment de la création de l'IRCAM . Il a considéré comme étant de son devoir de faire la même chose qu'avait fait son homologue du parti de l'Istiqlal qui se trouvait lui aussi au ministère de l'enseignement dans les années 80. A ce moment-là, le parlement marocain avait voté à la majorité pour la création de l'Institut National de la culture Amazigh (INCAM), juste après le printemps amazigh à Tizi O uz ou. Cependant, le ministre istiqlalien Azzddine Iraki a imposé son veto . Il ne voulait pas que fût inscrit dans l'histoire que le parti de l'Istiqlal avait failli un jour à son devoir historique .
Partenariat IRCAM-ministère de la communication
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Les 2 ministres de la communication |
Le partenariat IRCAM-ministère de la communication avait promis lui aussi à plusieurs reprises une chaine de télévision nationale Amazighe et 30% de diffusion en Amazigh sur les deux ch aîn es publiques RTM et 2M. Plusieurs années plus tard les 30% sont réduits à 0% et la ch aî ne Amazighe s'est transformée en ch aî ne arabe AFLAM (Films) spécialisée dans les films égyptiens et dans l'arabisation des foyers marocains non encore arabisés . Et ce , malgré l'intervention du Roi lui-même auprés du premier ministre, il y a un an.
Partenariat IRCAM-ministère de l'intérieur
C'est le seul partenariat qui a fonctionné d'une façon vraiment concrète Il a réellement lancé une campagne d'interdiction des prénoms Amazighs sur tout le territoire marocain . Il est même allé très loin en adoptant une politique préventive contre tout ce qui défend Tamazight. On ne citera que deux exemples . Le premier exemple a été l'interdiction du parti politique amazigh marocain (PDAM) qui s'était présenté comme un organe de défense des droits de tous les marocains , mais que le gouvernement a voulu voir uniquement comme défenseur des droits des Amazighs. Si l'on prend en compte ce point de vue gouvernemental, les partis arabistes comme Istiqlal, USFP et PJD qui défendent les droits des arabes andalous et des marocains qui se considèrent arabes, devraient également être interdits . Le deuxième exemple est l'incarcération systématique de la nouvelle génération du mouvement Amazigh qui vient de se constituer dans l'université marocaine, et qui a dépas sé en quelque sorte les objectifs qui ont été fixés par l'IRCAM et qui commence à parler de l'amazighité dans sa globalité en tant que terre, droit, identité, pouvoir etc.
Flash-back
Avant de vous libérer pour voir ce débat télévisé, il y a lieu de vous rappeler pour voir dans le temps le cadrage des orientations de la politique de l'IRCAM- une déclaration aussi importante de Mr le recteur de l'IRCAM juste après sa nomination à l'organe de presse le plus hostile à l'amazighité du Maroc et qui est le journal Al Alam du parti de l'Istiqlal. C'était le vendredi 11 mars 2005 notez bien l e jour, la date et l'organe de presse choisis- dans lequel il avait déclaré que « la constitutionnalisation de Tamazight doit être le fruit d'un consensus entre toutes les composantes du peuple marocain ». Tenez-vous bien, l'IRCAM ne parle pas de l'officialisation de Tamazight : cela est bien loin de ses objectifs . Il s'agit, en fait, seulement d'inscrire Tamazight dans la constitution marocaine , pour en faire éventuellement une langue nationale ou pour dire que dans ce pays le Maroc il y a des créatures non arabes, dont l es Amazighs.
Faut-il le rappeler ? Le choix de la langue arabe comme langue officielle et de l'identité arabe comme identité officielle du Maroc n'a jamais été le fruit d'un consensus entre toutes les composantes du peuple marocain.

Débat télévisé sur 2M