Par: Moha Moukhlis
Notre histoire millénaire témoigne. Le peuple amazigh ne peut être
domestiqué ni docilisé par la contrainte, le terreur et la repression.
En dépit de la marginalisation qu'il a endurée, il a toujours
refusé de se laisser berner par le mensonge des prophètes illuminés,
la démagogie et la manipulation idéologique. Il aspire à être
guidé par l'exemple et l'équité. les traces laissées
dans l'histoire par sa volonté inébranlable de continuer à vivre
debout sont éloquentes.
Au temps où il fut gouverneur de Numidie, Salluste a écrit: "Les
Numides ne peuvent être enchainés ni par la crainte ni par les bienfaits".
Dopés par une résistance permanente, Imazighen finissent par repousser
l'envahisseur. C'est un peuple rebelle, assoiffé de liberté jusqu'à l'anarchie.
Aujourd'hui, sur leur propre terre, Imazighen constatent que la peur, la veulerie
et l'encanaillement ont submergé leur valeurs de dignité, de liberté et
de tolérance.D'hommes libre et souverain, ils sont devenus les parias
d'un pouvoir en quête de légitimité, qui a programmé leur
anéantissement. Les idéologies exogènes, éthnocidaires
distillées par le pouvoir et "ses" organisations politiques
populistes ont fissuré son être et désintégré son
identité et sa culture. Ses structures communautaires sont pulversitées
pour leur substituer des modèles d'organisation et de gestion batards.
Le pouvoir actuel, déja élitiste en raison de sa collusion multiforme
avec le colonisateur a encouragé l'émergence d'une caste de mercenaires
de la culture et de la politique, une horde de loups affamés et de prédateurs
qui broutent sur le dos du peuple et qui ont entrainé notre pays dans
un cycle endémique de sous développement généralisé.
L'arabo-islamo-baàathisme, idéologie déletère qui
soustend le pouvoir,non seulement bloque toute marche ou évolution de
la société, parce que tournée vers un passé mythique
et des valeurs obscurantistes et rétrogrades, mais a laissé des
séquelles aussi meurtrières qu'un champ de mines anti-personnelles.
Elle est devenue le cimetière de la conscience nationale.
Cette doctrine totalitaire et totalitariste s'est scindée en deux: l'aile
radicale incarnée par les tenants d'un discours marxisant orientalitarisé et
les adeptes d'un fanatisme religieux aux allures primitives et moyenâgeuses,
n'hésite pas, contre toute manifestation de l'amazighité, à pronostiquer
le pire et, dans une fuite en avant, anoncer l'apocalypse par le biai d'un discours
hystérique et révisionniste; l'aile démagogique dont le
parti du premier ministre actuel -Youssoufi- constitue le modèle inégalable,
est hébérgée par le pouvoir dans ses institutions "privatisées",
il la nourrit et prolonge ses jours.
La société et l'identité amazigh sont étouffées
par l'encanaillement. D'aucuns ne croient pas ce qu'ils disent ou défendent
mais continuent à faire semblant d'y croire par ruse ou défi. D'autres
savent que des faits sont anormaux, cependant se comportent à leur égard
comme s'ils sont naturels, pour toujours agir dans la perspective du politiquement
correcte. Certains constatent que tout va de travers mais persistent à soutenir
de manière éhonté que tout baigne dans l'huile parce qu'ils
y trouvent leur compte et évitent ainsi de rendre des comptes. Imazighen
sont écoeurés quand ils réalisent qu'on tait la vérité sous
la contrainte, qu'on falsifie son histoire, glorifie des traitres, piétine
les lois, sa dignité, méprise sa langue et ses valeurs, spolie
ses terre...sans
redouter la sanction qui ne s'applique que contre lui. Ils sont dégoutés
de voir qu'on choisit des personnes à des places qu'elles ne méritent
pas, des personnes qui, après avoir prété serment, trahissent
leur engagement,l'essentiel pour eux étant d'avoir leur part du gateau.
Imazighen sont écoeurés de voir que notre Etat et nos responsables
perdent leur dignité et leur honneur en couvrant des pratiques irregulières,
en laissant la justice devenir partiale, en encourageant l'enrrichissemnt illégal
et frauduleux par le détournement des deniers publics.Ils sont choqué de
constater que l'administration, renonçant à sa vocation de service
public, est devenue un instrument de contrôle entre les mains des interêts économico-politiques
des puissants du moment, puisque rien n'est éternel! Imazighen ont soif
de dignité. Ils éstiment à raison que l'honneur de notre
Etat serait de poser des règles et de les respecter, les appliquer sans
complaisance, de servir le citoyen et non de devenir un lourd fardeau sur ses épaules,
et non de permettre à une caste d'opportunistes de piller le pays et d'agir
dans le désordre pour sauver leurs interêts sordides. Les valeurs
de morale amazigh veulent que les solutions "personnelles" qui entrainent
le favoritisme, le népotisme et le clanisme soient bannies car
elles peuvent tirer d'affaire "individuellement", elles satisfont la
minorité mais nuisent au pays et laisent la majorité.
Adopter des astuces et des reflexes idiotiques et autarciques dans une société moderne
est une attitude suicidaire dont les conséquences seront catastrophiques
pour notre avenir et devenir. Les valeurs amazigh prônent un comportement
social collectif sain. Les valeurs de justice et d'équité amazigh
veulent que chaque citoyen ou responsable accomplisse ses devoirs civiques, travaille
avec sérieux, paye ses impôts, refuse la corruption, dénonce
l'injustice et l'arbitraire sans que sa volonté ne soit altérée
par la peur, les représailles ou la
repression. Nos responsables ont perdu leur honneur car ils savent et se taisent;
ils laissent violer la morale publique sans
protester car la peur leur fait baisser la tête devant le mal, au lieu
de promouvoir le sens civique, d'initier le mouvement de salubrité publique. Face
aux invasions étrangères et aux crises, le peuple amazigh a pris
les armes, sacrifié des vies pour défendre sa partie. Il s'est
honorablement aquité de ses devoirs. Il a voté à n'en plus
pouvoir et , aujourd'hui, il se demande si celà n'a été que
pure perte. C'est à son honneur d'avoir souscrit à la défence
de son integrité térritoriale, d'avoir opté pour la sérénité,
la patience et l'espoir pour que le pays garde sa stabilité, dans le cadre
du respect de ses valeurs millénaires.
Le pouvoir, à bout d'arguments car enlysé dans l'orbite d'hommes
obsolètes et périmés, lui parle d'idéologie alors
que c'est la moralisation de l'Etat qu'il veut, le respect de son identié et
sa reconnaissane. IL réalise que ses représentants qui lui ont
promis des lendemeins meilleurs, une fois intégrés aux institutions
se retournent contre lui, leur dessein étant non d'apporter un quelconque
changement mais de remplacer, de troquer leur identié contre des avantages.
Dans nos télévisions et nos programmes scolaires, nous ressassons,
sur un mode folklorique, les récits et souvenirs de victoires et de hauts
faits dont Imazighen ont été les martyres que nous sommes incapables
de reproduire.Et ces souvenirs sont devenus un alibi et une cause pour notre
impuissance. On empêche déliberemment la relève de se reproduire;
notre histoire est bloquée et nous vivons sur la même génération
qui a atteint, depuis longtemps, son seuil d'incompétence; nous fonctionnons
avec des hommes rafistolés, parfois des pièces d'occasion. Une
nation réduite au silence, qui sait mais n'ose pas, est une nation vouée à l'avilissement.
S'il ne restent aux
Imazighen que la fibre de l'honneur, alors qu'ils disent non à la veulerie,
non à l'injustice sous toutes ses formes et qu'ils meurent. Le pouvoir
a fait des petits qui piaffent d'impatience de prendre leur part du "festin".
La pudeur des Imazighen a cédé sous l'assaut de l'indécence
et de l'impudence.Imazighen, les hommes libres nous expliquent les historiens
et les linguistes, rasent les murs, murmurent au lieu de parler, crier, hurler.
Les plus valeureux tirent le diable par la queue.
Nous avons déja changé de millénaire mais nous ne changerons
ni de pays ni de peuple. Jusqu'à hier nous avions le moral en berne, aujourd'hui
l'espoir du peuple amazigh claque au vent. Le vent de l'espoir et de la délivrance
souffle dans ses voile, les coupables tremblent, ses détracteurs tatonent
et les innocent éspèrent. Nous sommes un peuple jeune et frais.
Moralement notre unité ne s'était suffisamment cimentée
pour que les idéologies meurtrières orientalitaristes glissent
sur elle comme la pluie sur un impérméable. Notre amazighité est
porteuse d'espoir et de valeurs sûres, qui ont fait leur preuve à travers
l'histoire des civilisations, qui nous propulseront dans la modernité dont
se réclament encore recemment les nations civilisées. Ce sont ces
valeurs qui donneront au peuple amazigh l'énergie morale nécessaire
pour qu'il s'arrache de l'avilissement dans lequel il se trouve embourbé par
la force et la contrainte. Ce sont ces valeurs d'honneur, de justice et d'équité qui
constituent sa force, une force semblable à celle qui permet à une
fusée de s'arracher de la pesanteur terrestre.
Au seul du troisième millénaire, Imazighen ont fait entendre leur
voix. Ils ont marché dans les voies publiques, dénoncé le
génocide qui vise leur destruction. Le pouvoir est certes intransigeant
et campe sur ses positions, aménageant sporadiquement queqlques changements
tactiques, de surface. Le peuple amazigh se redresse. Au niger et au Mali, il
a depuis longtemps pris les armes. En Algérie, sa négation risque
d'hypothéquer le devenir du pays. Aux Iles Canaries, le sursaut a été rapide.
En Tunisie et en Libye, la repression s'essouffle. Au Maroc, les tentatives d'instrumentalisations
et de récupérations du pouvoir s'éfilochent devant la poussée
massive et sereine du combat amazigh.