ENTRETIEN INTEGRAL par Youri K
Halim Akli est un militant laïque connu dans les milieux laïques européens, notamment en France. Paradoxalement, il l'est beaucoup moins dans son pays, l'Algérie où il vit pourtant. Dans cet entretien, Halim Akli aborde à nouveau les questions relatives au matérialisme, à la nation, à la démocratie et à la rationalité. Il parle passionnément de la laïcité qu'il rêve de voir un jour régner dans son pays "l'Afrique du Nord" et partout dans le monde pour que, ce qu'il appelle "la paix intelligente" puisse trouver les conditions idoines à sa réalisation. Bien sûr, le contenu islamique y est aussi abordé. Halim Akli a accepté tout de suite de répondre à toutes les questions et il a répondu avec de riches réponses, sans esquiver les questions et avec beaucoup de franchise. En voici l'intégralité de l'entretien qu'il vient de nous accorder :
Bonjour Halim Akli, vous êtes un militant laïque en Algérie, on vous connaît dans les milieux laïques en France, pourriez-vous vous présenter en quelques mots?
Halim AKLI : Je suis un militant laïque qui, comme tous mes concitoyens, a, dès sa prime enfance, ouvert les yeux sur l'instrumentalisation de la religion à des fins multiples, notamment à des fins de répression systématique de la liberté de pensée, de toute idée novatrice et émancipatrice mais aussi et surtout de la négation de l'identité millénaire originelle en faveur d'une identité officielle de substitution, de l'esclavage de la femme complètement soumise aux caprices de l'homme super puissant, du déni de l'individu en faveur du groupe
, ce qui est du reste un attribut de toute société régie par des fondements archaïques. Cet état de fait était ubiquitaire. Le régime militaro-islamo-conservateur qui s'était emparé du pouvoir par la force durant l'été 1962, ayant érigé l'interdit et la répression en mode de vie et en mode de gestion politique au point où, tout enfant que j'étais durant les années 70, je prenais déjà conscience de ces mécanismes liberticides imposés par le pouvoir et inspirés pour l'essentiel de la charia, régissant la famille, l'école et les institutions. Depuis, une folle envie de changer les choses et cet ordre établi, avait été refoulée au fond de moi et j'ai grandi avec une boule de ressentiment qui commence à peine à entrer en éruption ! Je dois préciser que nous sommes des milliers, voire des millions de laïques dans cette situation, seulement, en l'absence d'une culture politique suffisamment « conscientisante », beaucoup de mes semblables ; croyants, athées, agnostiques
vivent au quotidien leur culture séculière en ignorant totalement qu'ils étaient laïques !
Souvent quand on parle de laïcité, on ne fait pas de différence entre une séparation et une distinction. Etre laïque c'est être tolérant et respecter toutes les religions en veillant bien à ne pas les froisser. Bref c'est souvent un mot de bobo pour paraître sympa, beaucoup de ceux qui s'en réclame en France sont bien loin des idéaux français du début du 20eme siècle.
Quand tu parles de laïcité, veut tu exprimer une séparation Etat/Religion réelle (financière etc...) avec un intérêt général ou parles tu d'une simple liberté de conscience?
Halim AKLI : Il est vrai que l'imbroglio sémantique propre à une certaine formulation de la définition de la laïcité est souvent à l'origine de bien de quiproquos. En tout cas, le message tel que perçu par les récepteurs potentiels de ce genre de rhétorique, ne reflète guère la portée philosophique et pragmatique de la laïcité qui, du coup, est reprise carrément par des voix réactionnaires et fascisantes pour ouvrir des brèches dans la carapace républicaine et imposer leurs dogmes dans l'espace public au nom de la laïcité elle-même ! C'est une sorte de dérision caractérielle à multiple fonction : Avec un fait aggravant incarné par un président chanoine ayant injecté le vocable de « laïcité positive » pour mieux assassiner celle-ci, contribuant ainsi à « enrichir » cette faune lexicologique, elle tend d'abord à rendre illisible le débat sur la question de la laïcité par la pollution de son environnement terminologique et par la dégénérescence de son soubassement idéologique et ce, dans le but de créer, chez les citoyens acculés à l'usure, un effet répulsif produisant ainsi un désintérêt puis une indifférence à l'égard d'un débat qui s'éloigne chaque jour un peu plus de leurs préoccupations quotidiennes. Confirmant la justesse du principe selon lequel la nature a horreur du vide, ce retrait de la citoyenneté laisse un vide préjudiciable à la laïcité et par voie de conséquence, à la stabilité d'un pays donné, ici la France. Exploitant volontiers ces faiblesses et ces « petites lâchetés », les fanatiques reprennent l'initiative, investissent l'espace public, transgressent la loi, se présentent dans la peau de victime et, au nom de la liberté, de l'égalité, de lutte contre le racisme et les communautarismes, qu'en sais-je encore
poussent la laïcité et les laïques dans leurs derniers retranchements. Se retrouvant ainsi dans une posture défensive, certains de nos amis laïques, soucieux de plaire et « de ne pas froisser les sensibilités confessionnelles de leurs compatriotes croyants, soignent leur vocabulaire » et prêchent dans le désert en servant des discours d'une affabilité hypocrite et qui sont à mille lieues des valeurs de laïcité.
Cette situation n'est pas propre à la France. En Algérie, c'est le même procédé qui a été utilisé autour de toutes les questions vitales à l'émergence d'un Etat de droit et d'une démocratie majeure. Bien entendu, d'autres éléments tels que la corruption, la répression, la désinformation, le régionalisme, le déni identitaire, le terrorisme
y sont sollicités en permanence pour rendre perfide l'avènement de la rupture salutaire dont la laïcité, du reste pleinement assumée par les résolutions du congrès constitutif du nouvel Etat algérien en août 1956, en est le soubassement.
Pour revenir à la deuxième partie de votre question, évoquer la laïcité sous-entend effectivement la liberté de conscience qui n'est qu'une strate de cette valeur civilisationnelle, plus que jamais universelle, qu'est la laïcité. Sur le plan politique, elle édifie aussi la rupture stricte des sphères religieuses et institutionnelles. Elle opère donc une séparation Etat/Religion(s) précise et réelle de telle sorte que les religions puissent se pratiquer librement dans les espaces qui leurs sont propres (Eglises, mosquées, synagogues, temples
) dans le strict respect des valeurs laïques et républicaines qui régissent l'espace public que sont les écoles, les hôpitaux, les institutions étatiques et privées, le lieu de travail
où les signes religieux doivent s'effacer afin de ne pas permettre au religieux de sortir de son espace naturel, d'exacerber les communautarismes et de violer le cadre laïque qui, sans être un espace de promotion des religions, reste un espace de vivre ensemble où la citoyenneté doit primer sur l'appartenance religieuse qui, une fois de plus, a toute la latitude de s'exprimer en privé et dans les espaces réservés à cet effet.
Il y'a lieu de réparer ici une confusion de taille et permanente dans les milieux intellectuels français et européens qui n'arrivent toujours pas à faire une distinction entre, d'une part, l'appartenance ethnique et culturelle et de l'autre part, l'appartenance religieuse. Lors d'un récent débat sur une chaîne thématique franco-allemande, j'ai relevé une incohérence sémiologique d'une rare absurdité puisque l'un des illustres intervenants, avait ressassé avec sa propre formulation cette idée incrustée dans le vocabulaire des français et des occidentaux : « Je connais des musulmans qui sont athées qui luttent dans leurs pays contre le fanatisme religieux et que nous devons soutenir » confondant dangereusement l'appartenance culturelle et religieuse. Intervertissant les rôles, nous aurions dis à propos des athées français ceci : « nous connaissons des chrétiens qui sont athées qui luttent contre le fanatisme religieux
» !!! Ainsi, tous les algériens n'ont pas la même appartenance confessionnelle, ils sont cependant, plus ou moins issus d'une même culture populaire séculaire dont les origines puisent dans les temps précédant l'apparition des religions monothéistes. Contrairement aux signes religieux, les attributs culturels, bien identifiés au préalable, ne peuvent que susciter l'admiration, la curiosité et le partage en s'affichant sur la voie publique car ne véhiculant aucune arrière pensée idéologique, aucune velléité hégémonique et fondamentaliste susceptible de remettre en question les fondements et les valeurs de la société dans son ensemble. Le voile, la barbe hirsute, le kamis, le tchador, la croix, la kippa
constituent des signes religieux que les membres d'une même communauté culturelle ne partagent pas. De ce fait, ils doivent êtres prohibés dans l'espace public.
Permettre au religieux de sortir de son ère spécifique pour s'emparer de cet espace institutionnel et citoyen, c'est une entreprise périlleuse qui ne manquera pas de bousculer les normes et les équilibres dans tous les domaines de la vie d'une nation. L'école constituera le théâtre où apparaîtront les premiers symptômes de ce bouleversement de l'échelle des valeurs et de cette régression annoncée. Les hôpitaux se verront contraint de déroger à la déontologie médicale et au sacro-saint serment d'Hippocrate en adoptant des comportements à la carte imposés par des considérations religieuses des patients. Une femme musulmane ne devant jamais être auscultée par un gynécologue de sexe masculin est une exigence de plus en plus répandue et assumée ! Sur le plan économique, l'ingérence du religieux n'est pas en reste puisque, à titre d'exemple, selon la charia à laquelle se réfèrent les islamistes, le système bancaire actuel est tout simplement déclaré blasphématoire ! La liste des dérives et des bouleversements de ce genre est impossible à étaler ici qu'il serait plus judicieux de résumer ça en disant tout simplement qu'une société déchirée par des conflits nés de ses propres contradictions et du piétinement récurrent des principes de laïcité en résultera inéluctablement. Les prémices de ce cataclysme sociétal sont déjà perceptibles en Europe en général et en France en particulier. Ce siècle sera celui des religions ou ne le sera pas avait-on prédit. En termes plus clairs, nous dirions plutôt que ce siècle sera celui de l'obscurantisme ou celui des Lumières que consolidera le socle séculier et républicain des Etats.
Tu cites Sarkozy et sa laïcité ouverte qu'il avait exprimée dans un livre. On dit qu'il faut de l'espérance, de l'esprit critique et du parlementarisme pour faire une démocratie. Sarkozy a compris que dans la situation actuelle la démocratie a besoin d'espérance et il veut y mettre de la religion. Simplement pour que le débat critique puisse se faire il faut de la rationalité, hors la religion ne peut être remise en cause. Sa "laïcité ouverte" risque d'être une "démocratie bon marché". Quel liens fait tu entre la laïcité, la démocratie et la rationalité? Penses tu qu'il manque de la rationalité et du matérialisme en Algérie pour que la démocratie et la laïcité gagne du terrain?
Halim AKLI : Ce n'est guère par plaisir de l'être que je suis critique envers le président Sarkozy mais il m'est impossible de passer sous silence son jeu trouble sur le terrain de la laïcité. Je ne reviendrai pas sur ses multiples « dérapages » tel que son fameux discours de St-Jean-de-Latran où il était question, en filigrane, d'allégeance à la papauté et de l'extension des pouvoirs du Pape; ce qui rappelle à bien des égards les accords du même nom passés, en 1929, entre le fasciste Mussolini et le Saint-Siège et qui reconnurent le catholicisme comme religion d'Etat en Italie, ce qui fut annulé, heureusement d'ailleurs, par le concordat de 1984. Est-ce par naïveté que Sarkozy ait décidé de mettre la Laïcité et la souveraineté de l'Etat français dans le giron du Vatican pour, croirait-il, stopper l'offensive islamiste en France au moment où ces mêmes islamistes bénéficient de tous les égards à des fins, probablement, de ne pas être accusé de racisme, ce qui nous ramène à notre précédent propos sur la confusion, en vogue en occident, entre culture, religion et extrémisme idéologique.
Dans l'absolu, nous sommes tout à fait d'accord avec l'espérance, l'esprit critique et le parlementarisme qu'avance le chef de l'Etat français comme impératifs à toute démocratie. Seulement, n'est-ce pas que l'autre impératif du moment c'est justement de rendre les mots porteurs de sens précis pour ne pas affirmer sans cesse la chose et son contraire comme le fait si souvent le locataire de l'Elysée. Affirmer publiquement que « Dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé
» est une absurdité qui contraste définitivement avec le principe de l'esprit critique, unique moyen de remise en cause permanente permettant de dépasser la subjectivité qui conteste à juste titre la différence. L'esprit critique qui signifie « esprit de libre examen, ou prompt à blâmer » ne peut être acquis finalement que dans une école laïque et donc, grâce à l'instituteur.
Concernant l'espérance, il y'a lieu de signaler que ce concept renvoie à une double définition, cartésienne et théologique. La première « est un sentiment qui porte à considérer ce que l'on désire comme réalisable ; confiance, espoir ». L'espérance théologique parle quant à elle « d'une vertu théologale par laquelle on attend de Dieu sa grâce et la vie éternelle ». Y'a pas photo, Sarkozy fait allusion à la seconde définition et c'est là que réside sa tentative de dépouiller la laïcité de son caractère intrinsèque de génitrice d'espérance.
Nous assistons depuis quelques temps, un peu partout dans le monde, à une remise en cause des systèmes traditionalistes qui reposent pour l'essentiel sur des principes plus ou moins religieux. Cela se manifeste par le choc au quotidien entre, d'une part, des sensibilités confessionnelles différentes dont la disparité territoriale favorisée par les nouvelles technologies de l'information et son corollaire la mondialisation, rompt avec la conception traditionnelle de territorialité religieuse associant une religion donnée à un contrée précise. De l'autre part, cette collision s'exprime, souvent par la violence, entre ces systèmes de gestions plus ou moins empreints de religiosité et l'indispensable mutation vers un nouvel ordre rationnel à même de consacrer de nouveaux équilibres sociétaux. Cette laïcité, puisque c'est d'elle qu'il s'agit à travers cette nouvelle nécessité planétaire, se révèle être le fondement essentiel pour ce besoin vital de cohésion sociale sur lequel se construira la démocratie réelle. Autrement dit et au-delà des spécificités culturelles, la laïcité qui est consubstantielle à la rationalité, puisqu'elle ne s'accommode point de raisonnement abstrait, pour ne pas dire spirituel, dans sa quête de solutions aux problèmes temporels d'ordre politique, économique, scientifique et culturel, est une condition sine qua none pour la pérennité de la Démocratie. Tout le reste n'est que cacophonie de bas étage destiné à l'inoculation.
Pour le cas de l'Algérie, la démocratie villageoise et la laïcité traditionnelle, dont l'origine remonte au temps immémoriaux, sont encore perceptibles au sein de la société d'aujourd'hui. L'histoire n'ayant pas été particulièrement clémente avec le sous-continent nord-africain, l'atavisme semble marquer le pas. En revanche, la période la plus délétère à l'avènement de la démocratie en Algérie est sans nul doute celle qui a succédé à l'ère coloniale, cette dernière étant de nature incompatible avec toute idée d'égalité. La démocratie a été empêchée de s'instaurer dès l'indépendance, voire avant sa proclamation, par le même personnel politique qui gère le pays à ce jour. D'où la nécessité absolue de voir arriver une aide internationale concrète et conséquente en soutien aux mouvements démocratiques marginalisés et étouffés par divers procédés. Quand les chancelleries occidentales appliquent la loi de deux poids deux mesures en se précipitant à applaudir des élections contrefaites et marquées par des fraudes électorales massives et récursives déterminant les rapports de forces entre les clans rentiers aux affaires, ce qui est le cas en Algérie, parallèlement à une condamnation ferme lorsque ces fraudes aient lieu dans d'autres pays, la démocratisation ne peut être que continuellement ajournée et risque même d'être renvoyée aux calendes grecques. En définitive, la manipulation, le mensonge, la suspicion, le verrouillage du champs politique et médiatique, la corruption à grande échelle, la répression, les fraudes électorales et la manipulation de la religion, pour ne citer que ces pratiques despotiques que subissent les algériens depuis 1962, ont créé des mécanismes et des comportements qui réduisent considérablement la part de la rationalité au sein de la société dans son ensemble qui évolue, fait aggravant, sur un territoire hétéroclite et aussi vaste que 5 fois la surface de la France. Ce qui empêche donc la démocratie et par voie de conséquence, son socle laïque, de gagner du terrain en Algérie, c'est une opposition démocratique affaiblie et les clans rentiers et corrompus au Pouvoir qui gèrent leur maintien durable aux affaires en recourant à tous les moyens antidémocratiques imaginables et ce, avec la complicité de la communauté internationale ; guidée uniquement par le sacro-saint « pragmatisme économique ». La question est donc beaucoup plus politique qu'idéologique ou sociétale.
A mon avis si on laissait le choix entre l'instituteur et le curé aux parents, on se rendrait vite à l'évidence de l'importance de l'instituteur. Peux-tu expliquer aux lecteurs ce que tu entends par la "laïcité traditionnelle" qui remonte, selon toi, a très longtemps en Algérie ?
Halim AKLI : Cette tradition séculière n'est pas propre au seul territoire nommé « Algérie » mais c'est là une réalité sociale qui s'étend, plus ou moins, à l'ensemble du sous-continent nord-africain. En tout cas, avant l'indépendance, cette donne était très ancrée dans les murs, elle l'était, encore d'avantage, avant la colonisation, notamment en Kabylie du Djurdjura qui était la seule région à n'avoir subit, jusque là, aucune influence étrangère propre aux mouvements d'occupation.
Après l'indépendance de l'Algérie en 1962, la nature panarabiste et conservatrice du régime militaire qui s'était emparé du pouvoir, a eu un effet anomique sur la société dans son ensemble. Après un demi siècle de règne, avec tous les désastres et autres génocides engendrés par ce système morbide qui fait de la religion son cheval de Troie, cette laïcité traditionnelle résiste mais dans les conditions politiques citées plus haut, son champ se resserre forcément. Un fait, quelque peu insolite, mérite, quand même, d'être signalé, à savoir que cette tradition séculière était tellement dissoute dans notre sociologie que son caractère ordinaire l'a rendue presque invisible au point où le langage avait omis jusqu'à lui attribuer un nom !
En outre, face à la déferlante terroriste de l'islamisme, des contrées entières sont restées à ce jour imperméables à l'idéologie obscurantiste des intégristes grâce notamment à ce fondement laïque qui réagit comme un rempart contre le cancer du fanatisme religieux. Cela dit, Bien qu'elle explique, à bien des égards, le fait que de nombreux villages s'étaient organisés en comités d'autodéfenses pour faire face à toute tentative des terroristes islamistes de s'y aventurer, sa nature dilué dans les us la rend imperceptible de prime abord.
Au jour d'aujourd'hui, cette valeur qui régule toujours les équilibres sociétaux traditionnels, tente, sous le feu croisé des islamistes et des tenants du pouvoir, de protéger ce qui reste de la cohésion sociale. Ainsi, après avoir tenu en respect la barbarie islamiste à l'égard de nombreux territoires, la laïcité traditionnelle est surtout perceptible au quotidien dans le fonctionnement et l'organisation de la république villageoise où le comité des notables (le pouvoir politique) qui légifère en se basant systématiquement sur le droit coutumier (loi humaine) qui va souvent à l'encontre des recommandations de l'islam, ce comité donc évolue en dehors de l'autorité de l'imam (Religion) qui est le représentant de la religion au sein de la cité. Ce fait sociologique semble échapper à l'emprise de la politique mystique officielle et aux différents prosélytismes religieux, notamment le prosélytisme islamiste. C'est ainsi depuis des millénaires.
Peux-tu nous parler de l'imprégnation de l'islam dans la société algérienne. L'islam y est religion d'Etat mais qu'en est-il du mariage d'une musulmane avec un non-musulman ou de la possibilité de quitter l'islam, de la liberté de blasphémer et des autres conséquences de la religion musulmane ?
Halim AKLI : J'aurais tant aimé pouvoir aller à l'encontre du devoir d'éthique en affirmant que l'islam ne fait pas partie des données sociologiques qui régulent les comportements collectifs et individuels dans la société algérienne, mais ça serait faire offense au père de la sociologie moderne, Ibn Khaldoun en l'occurrence, en faillant à la rigueur scientifique.
J'aurais tant aimé pouvoir affirmer qu'après des siècles d'existence hégémonique en Afrique septentrionale, l'imprégnation de la religion musulmane dans la société n'est que relative, mais, là encore, j'aurais cédé à mon ego en prenant mes illusions pour des réalités, ce qui aurait été grave. Nous parlions plus haut d'esprit critique et de rationalité qui sous-tendent la laïcité et en tant que laïque, je me dois de m'en tenir à la réalité tout en essayant d'apporter des éclaircissements à même de permettre de mieux percevoir les enjeux de cette réalité qui se diluent souvent dans la perception globale qu'on se fait de la place de la religion dans cette région du monde.
En effet, « L'islam est la religion de l'Etat » selon l'article 2 de la constitution algérienne. Avec des variantes portant sur des alinéas d'ordre politique et autres, comme le renforcement des pouvoirs du président, la reconnaissance du multipartisme
etc. l'article consacrant l'islam religion de l'Etat algérien n'a pas bougé d'un iota et ce, depuis 1962. Les répercussions de cet article sur la société dans son ensemble sont assez édifiantes puisque, pour ma part, je considère que si cette clause ne constitue pas la source essentielle de tous les maux qui se sont abattus jusque là sur le pays, il fait en tout cas partie des causes principales de la grande dérive algérienne. Alliant le socialisme soviétique au panarabisme abdenasserien, le régime algérien s'est attelé, dès le début, à réprimer tout idée de pluralité, de sorte que l'unicité de pensée et son corollaire l'inquisition, étaient érigées en dogme officiel : Une langue, l'arabe. Une religion, l'islam. Un parti, le FLN. Un journal, El Moudjahid. Une chaîne de télévision, la chaîne de l'Etat qui sévit encore à ce jour. Un président à vie
Cet état de faits s'était traduit sur le terrain par le monopole exclusif de l'information et des médias qui ont versé dans une propagande mi Khoumeiniste mi Brejnévienne qui durent encore depuis 50 ans. L'école n'est pas en reste puisque relayant le discours officiel, l'esprit critique et la rationalité avaient été sacrifiés au profit du dogme et du culte du régime. Toute voie discordante est tout de suite matée et réprimée. Des crimes d'Etats ont été perpétrés, des arrestations et des emprisonnements arbitraires ont été opérés sur des milliers de militants démocrates
bref un climat de suspicion et de peur avait régné des décennies durant, produisant dès le début des années 90 les conséquences dramatiques que l'on sait, puisque l'école et la mosquée se sont relayées pour endoctriner des générations entières d'algériens qui ont été, par la suite, encadrés et envoyés en Afghanistan et au Soudan pour se former au maniements des armes et revenir en Algérie semer la terreur et mettre le pays à feu et à sang, au vu et au su des dignitaires du régime algérien qui continuent à ce jour de s'accrocher à la manne pétrolière en reproduisant les mêmes réflexes et les mêmes comportements de compromission avec les intégristes. Ces derniers, après leur défaite militaire due à la résistance citoyenne, au jeune appelé dans l'armée et au petit policier du quartier, acceptent ce jeu en eau trouble, en misant sur le long terme. Ainsi, dans une opération sans précédent de blanchiment d'argent du terrorisme et des terroristes, des égorgeurs et des violeurs reviennent par la grande porte, narguant la veuve et l'orphelin, se recyclent dans une économie de bazar et organisent des réseaux de soutien aux projets de construction de mosquées et de salles de prières qui s'emparent de la moindre parcelle ou espace vert dans les hameaux, cités et quartiers. A l'ombre du chômage endémique, d'absence de loisirs, de culture et de lieux de détente, une jeunesse désabusée constituant près de 75% de la population, est livrée sans défense ni protection aux prédateurs islamistes qui usent de corruption pour attirer leurs proies.
Ce tableau succinct aide à comprendre la violence inouïe avec laquelle le citoyen algérien a été, des années durant, conditionné au mysticisme pour fabriquer des générations entièrement coupées de leurs repères socioculturels et dotées d'une identité de substitution qui les met souvent en conflit avec leurs ascendants, constituant de ce fait, une véritable réserve pour les recruteurs terroristes. Ainsi, dans certains endroits, l'on assiste à l'apparition de comportements nouveaux qui peuvent aller jusqu'à l'agression physique contre un contrevenant à un principe religieux tel que le ramadan, encouragés en cela, c'est vrai, par des arrestations opérées par la police officielle sur quelques personnes qui osent montrer en public qu'elles ne jeûnaient pas. Ceci s'est répercuté sur l'ensemble de la société qui, évitant de s'attirer des tracas « supplémentaires », préfère taire sa chrétienté, son athéisme, voire même sa judaïcité. La réalité, comme vous le voyez, est assez paradoxale puisqu'on a beau clamé une islamité totale des algériens, du reste doctrinaire, il n'en est pas moins qu'au-delà des spécificités régionales, de plus en plus d'algériens manifestent leurs autres confessions et leur athéisme sans aucune velléité d'offusquer mais prenant le risque majeur d'être agressés par les uns ou par les autres. En outre, dans certaines régions où la laïcité traditionnelle y est plus tangible, chrétiens, athées et musulmans vivent en parfaite harmonie leurs différentes conceptions de la vie, au grand dam des islamistes qui persévèrent dans leur travail de sape tendant à briser cette entente rendue possible par ce cadre merveilleux de vivre ensemble qu'est la laïcité et par un pouvoir en perte de vitesse et ayant complètement perdu sa main mise sur ces territoires, contrairement à d'autres endroits du pays où il continu d'exercer sa toute-puissance à travers des apparatchiks locaux.
Ce qui se passe dans la rue, dans les villages et les quartiers a l'avantage de mettre en exergue la posture peu reluisante de l'intellectuel algérien qui, loin de relayer cette émancipation qui s'opère au niveau du petit peuple, fausse compagnie à celle-ci par peur, par opportunisme ou tout simplement par indignité. Cela n'est pas sans dissuadé la hardiesse d'en bas. Des penseurs qui ont assumé leur athéisme se comptent sur les doigts d'une seule main. Lors du décès de Kateb Yacine en 1989, un ministre avait tout simplement déclaré que l'illustre auteur de Nedjma «
n'ouvrait pas le droit d'être enterré en terre d'islam».
Concernant la question du mariage, énormément d'algériens n'accordent plus aucune importance à la confession de leur futur conjoint quand ce mariage venait à être légalisé en dehors de nos frontières, c'est-à-dire, loin de l'administration algérienne qui oblige la reconversion systématiquement du conjoint non musulman à l'islam, à défaut de quoi, le mariage ne peut être établi par l'état civil, ce qui n'empêche guère des couples de vivre en ménage et sans aucune reconnaissance officielle de leur union ; ce qui est une sacrée transgression aux principes religieux qui régissent les liens du mariage!
Cette réalité que je décrits ne plaira pas aux tenants du statu quo et autres gardiens du temple moral autoproclamés, mais la réalité de l'ampleur de ces audaces citoyennes en est beaucoup plus large qu'on le croit. Cela illustre, par ailleurs, la nature séculière profonde de la société nord-africaine qui explique pourquoi l'obscurantisme religieux, avec ses génocides et sa terreur, avec ses moyens et ses armes, avec la complaisance dont il bénéficie de la part du(es) pouvoir(s) en place, n'arrive pas à y instaurer sa chimérique république islamique.
Quelles sont les forces en présence pour la rationalité, la laïcité ou les agnostiques en Algérie? Les athées ont ils le droit de s'organiser en association ?
Que répondrais-tu à ceux qui affirment que les athées sont l'armée des ombres de la laïcité dans les pays islamiques?
Halim AKLI : La première partie de votre question trouve un début de réponse dans ce qui a été dit plus haut. Après ça et au risque de me répéter, il s'agit d'aborder la question des forces en présences du point de vue politique officielle et ses répercussions sur la cohésion sociale. Je voudrai dire par là qu'à la lumière des événements qui ont marqués l'histoire récente de cette partie centrale de l'Afrique du Nord, c'est-à-dire l'Algérie, une dislocation sociale s'y est opérée et son processus connaît une précipitation sous l'impulsion du régime algérien qui, par soucis de garantir sa propre pérennité au commande de la rente pétrolière et par incompétence et mauvaise gestion, a recouru au méthode classique du despotisme à savoir la corruption, le mépris, la répression, l'entretien de la précarité sociale et économique, la désinformation et son corollaire la manipulation, l'absence de débat contradictoire, la fermeture du champ politique et médiatique, la surabondance du discours religieux
Autant d'éléments soutenus un demi siècle durant (sans prendre en considération les souffrances et les tragédies d'avant l'indépendance) ne peuvent pas rester sans conséquences. Au moment où la classe politique elle-même est acculée dans ses derniers retranchements, le tissu associatif étant quasi inexistant, la société civile semble être en décomposition avancée. Son effritement est tel que l'égoïsme, l'opportunisme primaire, la suspicion, la haine de soi et la peur sont devenus les principaux ressors qui font encore mouvoir ce pays. Toutes les audaces, toutes les initiatives, peu nombreuses du reste, sont le fait d'individus ou de groupuscules très réduits et sans lendemains. Ce propos, bien entendu, ne concerne aucunement les organisations factices et satellitaires du régime qui sont actionnées périodiquement à coup d'injonction et de corruption, en fonction des intérêts de clans.
Il y'a donc une sorte d'essoufflement social du à ce demi siècle d'épreuves tragiques et à un terrorisme islamiste particulièrement génocidaire qui continue d'ailleurs de faucher des vies en nettoyant ses armes, le soir venu, à l'aide du tapis rouge qui lui a été déroulé jusque devant les casemates au cas où les « égarés » (le mot est de Bouteflika) décideraient un jour de prendre enfin une retraite. Certains présentent cet essoufflement collectif comme une phase d'accalmie qui précède la tempête. Bien prétentieux cependant celui ou celle qui, dans les conditions actuelles, prétendra pouvoir rendre compte et avec exactitude, des forces en présence au sein de « la société algérien » ; ce constat concerne aussi bien les laïques, et les agnostiques que les autres courants. En conclusion, étant une société hétéroclite et éparse, les rapports de forces changent et évoluent en fonction des régions et des conjonctures politiques et socioéconomiques.
Par rapport au deuxième volet de votre question, la réponse est aussi brève que précise : du point de vue juridique, les athées n'ont pas le droit de s'organiser en association. Du point de vue pragmatique, tenter une telle action, c'est se rendre, aux yeux de l'administration, coupable d'atteinte à la religion de l'Etat et aux yeux des terroristes, une cible à abattre. Quant on se rappelle que le chef de l'Etat algérien avait, dans un discours tenu en décembre 2006, menacé nommément les laïques d'éradication, on imagine aisément le sort des athées s'ils venaient à s'afficher ! Enfin, il est important de signaler que le désir de s'organiser y est patent au sein des athées et que des tentatives dont j'étais moi-même témoin, ont eu lieu. La réalité du terrain et le sentiment d'isolement rendent ces tentatives éphémères.
Par rapport à ceux qui soutiennent que les athées sont l'armée des ombres de la laïcité dans les pays islamiques, je ne peux que réfuter catégoriquement cette thèse qui relève au mieux, d'hallucination ou de fausses allégations, au pire, d'une volonté de tromper l'opinion à des fins de donner une image marginale de la laïcité dans ces ères géographiques.
Cependant, une brève précision sémantique et historique s'impose puisque par « armée des ombres de la laïcité » il est sous-entendu « un petit nombre ». Hors, si l'on se réfère à l'histoire récente de la France, on y trouvera une empreinte de ce vocable, à travers « l'armée des ombres » qui a rassemblé, durant La Résistance, surtout après la naissance des maquis au printemps 1943, des hommes de tous horizons, exposés tous à une terrifiante répression de la part du RSHA (dont faisait partie la Gestapo), de l'Abwehr, de la Wehrmacht, ainsi que de la Milice française.
Si la Résistance active et organisée n'a jamais rassemblé plus de 3 % de la population française, elle n'aurait pu survivre ni se développer sans un large soutien populaire et une proximité, pas toujours évidente, avec la France libre du général de Gaulle qui a chargé ses agents ou des envoyés tels que Jean Moulin ou Jacques Bingen, d'unifier la Résistance intérieure sous l'égide de Londres puis d'Alger. Cette « armée des ombres » de la Résistance qui n'a compté au final que 3 % des français, a quand même poursuivi la lutte contre l'Axe et a fortement contribué à la victoire contre le nazisme ! Le monde appartient au petit nombre disait Gide et cette règle vaut aussi pour les laïques des pays dits musulmans si tant est qu'ils soient une minorité !
En fait, il y'a d'abord les spécificités culturelles, historiques et sociologiques propres à chaque pays et à chaque groupe de pays appartenants à une ère particulière. Ainsi, les pays d'Afrique du Nord, ceux du Moyen Orient, du Proche Orient, la Turquie, la partie dite musulmane des Balkans, l'Egypte, le Soudan, La Somalie, Le Bangladesh
pour ne citer que ces régions qui, malgré une présence hégémonique de l'islam étatique et/ou intégriste qui constituent les deux faces d'une même pièce, ne peuvent être homogènes du point de vue des rapports entre les forces en présence et de la nature de celles-ci et ce, pour des raisons évidentes.
En outre, si l'on prend le cas de l'Algérie, les mouvements politiques qui ont eu l'audace de se revendiquer des principes laïques et pour l'instauration de la laïcité, n'ont jamais mis en avant l'athéisme comme trame de fond ayant motivé leur engagement en faveur de la laïcité. Bien au contraire et pour des raisons plus ou moins, subjectives, voire populistes, cette revendication est souvent accompagnée de la réaffirmation de leur attachement à un islam qu'ils présentent comme modéré et ouvert. Si l'ont se fie à cette état de faits, nous dirions qu'en l'absence du moindre mouvement organisé agnostique ou athée, les partisans de la laïcité se comptent d'avantage dans les rangs des croyants modernistes. Quant aux athées, nombreux mais éparpillés, soutiennent évidemment le projet laïque mais ils sont loin de faire leurs courses chez le même épicier ! Les chrétiens ne sont pas en reste puisque eux aussi, soutiennent majoritairement le combat laïque. A travers cette esquisse, il apparaît clairement que les athées ne détiennent pas l'exclusivité de l'armée des ombres de la laïcité en Algérie et d'une manière globale en Afrique du Nord.
Quels liens fais-tu entre démocratie, laïcité, nation et matérialisme?
Halim AKLI : Vous savez, je ne suis pas un partisan de l'idée de nation telle que définie jusque-là dans les manuels didactiques et autres. Je pense que la notion même de « nation » devrait être redéfinie ; étant quelque peu malmenée par les répercussions de la mondialisation et de l'extraordinaire essor des nouvelles technologies et au-delà en raison des brèches qui sont ouvertes dans sa définition traditionnelle qui reposait jusque-là, sur l'idée de territorialité, d'unité historique, linguistique, culturelle, économique
, plus ou moins forte, propre à une communauté donnée. Cela dit en passant, le concept de « nation » a servit partout dans le monde a justifié l'hégémonie d'une unicité culturelle, confessionnelle et autre, au détriment des minorités dont beaucoup ont complètement disparu pendant que d'autres continuent à ce jour de subir la répression et le déni, justifiant souvent des génocides ethniques, culturels, confessionnel
pour ne pas dire des génocides tout court. Il est donc plus approprié de parler de nation humaine et d'Etats qui la forment pour renvoyer à l'idée de pluralité qui sous-tend la nature même de l'humanité et du monde !
Seulement, faire admettre et protéger cette pluralité qui renvoi à l'idée de tolérance, au plus grand nombre et surtout aux tenant de la décision, n'est pas une sinécure. Pire, cela relève souvent de l'illusoire car la soif de domination, la peur de l'autre, la haine de soi
etc. sont autant d'éléments qui exacerbent les tensions et rendent moins humaine la vie des hommes. Cette pluralité synonyme de tolérance, pour survivre et insuffler de l'espérance, nécessite un cadre à même de lui conférer une pérennité et une matérialité évidente. Nous avons dis précédemment qu'au vu de l'évolution imposée par la mondialisation, la laïcité apparaît plus que jamais comme le fondement essentiel à toute cohésion sociale qui consolide la construction de la démocratie réelle. La laïcité étant consubstantielle à la rationalité, elle est fondamentale dans toute quête de solutions aux problèmes, d'ordre politique, économique, scientifique, social et culturel qui rythment la vie d'une nation (Etat ?). Elle est donc la condition sine qua none pour la pérennité de la Démocratie. Ce lien quasi vital et indéniable qui lie la trilogie Laïcité-Démocratie-Cohésion sociale (ou paix civile) puise toute sa force pour ne pas dire sa légitimité loin de tout spiritualisme (à ne pas confondre avec spiritualité) et donc dans ce qu'il y'a de plus rationnel, à savoir le matérialisme qui, faut-il encore le rappeler, ne cesse de nous interpeller depuis l'Antiquité d'Epicure jusqu'à la pensée scientifique du XIXè siècle ; en passant par le matérialisme dialectique et le XVIIIè siècle de Holbach qui relie une conception mécanique de la matière à une proclamation d'athéisme.
Le monde entier connaît la guerre sanglante que l'Algérie a subit. Ici, en Occident, certains accusaient le pouvoir algérien d'être à l'origine de massacres. Je me souviens avoir lu un article concernant les mouvances islamistes en Algérie. J'y ai appris qu'il y avait des partisans du califat comme les GIA et leurs opposants islamo-nationalistes (FIDA entre autres). Les deux étaient farouchement opposés l'un à l'autre. N'y a t'il pas eu des règlements de compte entre ces deux groupes ? Pourrais-tu nous éclairer sur ces soupçons entre pouvoir algérien et guérillas islamistes ?
Halim AKLI : Depuis le début de la déferlante terroriste islamiste en 1991, nous avions souffert autant de la barbarie terroriste que de l'amalgame entretenu par une certaine terminologie en vogue ici en Occident et ce, jusqu'à ce que la bête immonde décide de montrer sa nature abjecte et supranationale, en frappant à Paris en 1995, au WTC à New York, à Madrid
etc. En effet, des islamistes notoires soutenant publiquement le terrorisme avaient trouvé refuge et protection dans tous les pays occidentaux ; un véritable sanctuaire d'où étaient acheminés des armes et des fonds aux maquis algériens, passant « bizarrement » par la Grande Bretagne, la Belgique, l'Allemagne, la France, l'Espagne, le Maroc et enfin le maquis algérien. On parlait alors de « guerre entre une opposition armée et le pouvoir militaire », de « guerre civile » ou encore, d'un coup d'Etat ayant mit fin à un processus dit électoral et qui aurait produit une réaction armée naturelle. Cette pollution lexicologique, surtout médiatique, n'avait été finalement qu'un prélude à une complicité criminel d'ONG et autres gouvernements occidentaux qui ont versé illico dans le fameux « Qui tu qui ? » qui avait entretenu longtemps le flou et le doute quand à la responsabilité directe des islamistes dans les massacres et autres carnages et attentats à la bombes qui endeuillaient les populations d'Algérie au quotidien ; les victimes connaissant souvent leurs bourreaux qui appartenaient aux FIS avant sa dissolution salutaire par feu Boudiaf. Cet intox médiatique occidentale ; relayée par les islamistes, n'avait pris fin qu'après (on est presque tenté de dire « qu'à la faveur ») le 11 septembre où l'horreur islamiste avait mit fin au doute occidental. L'islamisme ayant été désigné ennemie numéro 1 de la stabilité dans le monde, la traque des réseaux intégristes en Europe et ailleurs avait alors coupé les ponts entres les différents anneaux de l'organisation terroriste, produisant, d'une manière quasi simultanée, l'isolement des maquis terroristes en Algérie, ce qui était loin d'être synonyme de la fin du terrorisme et des actes terroristes ; ceux-ci, bien que moins fréquents, avaient gardé une capacité de nuisance toujours aussi meurtrière en raison, notamment, des politiques périlleuses des autorités algériennes, appelée pompeusement, tantôt « Rahma » (Clémence) intervenue après l'élections du président Zeroual, tantôt « concorde civile » (1999) et enfin, « charte pour la paix et la réconciliation nationale » (2005) qui se sont avérées, en fin de compte, être de véritables aubaines pour la régénération des groupes terroristes islamistes.
Par rapport au vocable de « guerre » ou de « guerre civile » que je récuse énergiquement, bien que d'autres l'ayant déjà fait avant moi et que, par conséquent, le sujet pourrait paraître, à tort, quelque peu suranné, ce qui est loin d'être l'avis des victimes de cette barbarie qui continuent, à l'heure où je vous parle, de mourir déchiquetées par les attentats suicides ou carrément à l'arme blanche, sa prolifération ( ndrl : vocable « guerre civile» ) à l'époque du « Qui tue qui ? » (1992 2001) répondait d'une logique délétère et irresponsable qui tendait à cultiver le doute, à légitimer le terrorisme islamiste présenté alors comme une « opposition armée » qui aurait réagit par la guerre à un coup d'Etat militaire et enfin, ce qui n'était pas le cas de tous les médias occidentaux, des nostalgiques d'une époque révolue s'y étaient mêlés pour solder leurs comptes avec le passé ainsi que des cercles douteux qui prétendaient lutter pour l'instauration de la démocratie en Algérie en adoptant une posture pour le moins étrange pour ne pas dire complice qui consistait à tenter par tous les procédés imaginables et inimaginables d'isoler et de détruire l'Etat algérien, en tant que cadre institutionnel, tout en soutenant un terrorisme islamiste d'une rare sauvagerie alors même que l'opposition démocratique et citoyenne qui évoluait sous le tir croisé et des islamistes et des généraux, avait été, ou ignorée ou suspectée de connivence avec le pouvoir, car refusant obstinément de légitimer une barbarie qu'elle subissait de plein fouet et au quotidien.
La guerre est, par définition, le recours à la force armée pour dénouer une situation conflictuelle entre deux ou plusieurs collectivités organisées, clans, factions ou Etats. Hors, ce qui s'est passé et se passe encore dans mon pays, c'est une agression criminelle permanente émanant de collectivités terroristes islamistes organisées et frappant des civiles qui sont loin d'être organisés à cet effet et qui n'étaient coupables que de leur farouche refus d'abdiquer devant le diktat des ayatollahs et des wahhabites afganisés qui aspiraient à l'instauration d'une république islamiste à l'iranienne sur la côté sud de la méditerranée, c'est-à-dire, au seuil de l'Europe. Avant l'annulation des législatives de décembre 1991, réclamée par ailleurs par l'opposition démocratique et par la société civile dans son ensemble, les intégristes avait déjà versé dans une violence protéiforme, du reste inséparable de leur matrice idéologique, l'islam politique. Des attaques furent perpétrées contre des campements militaires, occasionnant des pertes considérables parmi des appelés qui n'étaient là que pour le service national. Des femmes et des filles refusant le port du voile étaient quotidiennement vitriolées, des appels au meurtre des démocrates et des laïques, fusaient 5 fois par jour dans des meetings qui se tenaient dans la quasi-totalité des mosquées d'Algérie, soit, quelque 50 000 meeting/jour faisant l'apologie du crime et de la violence. Le pouvoir de l'époque, à travers toutes ses versions qui se sont succédées depuis l'indépendance à ce jour, à l'exception de l'intermède Boudiaf, étant médiocre et uniquement préoccupé par sa propre survie et les intérêts de ses clans, avait toléré ce funeste prélude à l'horreur de l'après 1992. Le vieux continent doit beaucoup aux démocrates et républicains algériens sans qui l'Algérie serait aujourd'hui entre les mains de Ben Laden et l'Europe en aurait subit les contrecoups dramatiques de sa cécité politique qui aurait permit au terrorisme international de s'offrir une immense base arrière en Afrique du Nord.
En outre, ce que je déplore chez les occidentaux et qui est toujours incompréhensible et frustrant dans mon pays, c'est indéniablement ce catalogage des victimes du terrorisme et des violences armées, en victimes de premier et de second rang ; selon qu'elles soient algériennes, rwandaises, « World Trade Centeriennes », madrilènes
etc. Les populations d'Algérie, victimes d'un génocide estimé à plus de 100 000 morts, à des milliers de déplacés, à des millions d'orphelins et de veuves, autant de mutilés à vie
n'auront suscité en Occident que polémiques, manipulation, intox et black-out. Au même moment, l'émotion atteignait son paroxysme dès que la même violence s'abattait sur d'autres contrées et de véritables réactions de solidarité et d'investigations s'ensuivaient aussitôt pour aboutir illico à la condamnation sans réserve des auteurs, exécutants et commanditaires, des crimes terroristes en question. Il m'est pénible de recourir à une comparaison macabre, car j'estime qu'une victime du terrorisme et de la violence, d'où qu'elle soit, c'est déjà inadmissible, mais devant l'ampleur du génocide de Abassi Madani et consorts, Milosevic apparaît comme un enfant de chur. Pourtant, le traitement de ces deux situations par la communauté internationale, n'est pas sans en soulever des questions d'éthique et d'équité.
Le pouvoir algérien est, du point de vue politique et juridique, responsable du génocide qui continue de s'y produire. A l'heure où je vous parle, le jeune maire de Timezrit, dans la région de Béjaïa vient d'être assassiné un faux barrage islamiste et un petit commerçant égorgé à Boumerdès. Le pouvoir est non seulement garant, constitutionnellement, de la sécurité des biens et des personnes, pire encore, le terrorisme islamiste est le produit direct de sa gestion catastrophique, la conséquence de sa nature dictatoriale, corrompue et populiste. Plus grave encore, après avoir encouragé les barbus pour affaiblir les mouvements progressistes et culturalistes durant les années 70 et 80, après avoir toléré l'envoi de milliers de jeunes pour prendre part à une « guerre sainte » en Afghanistan contre l'Union Soviétique « impie » à la fin des années 80, à Peshawar et au Soudan pour s'initier au maniement des armes et aux techniques terroristes, après avoir piétiné la constitution en procédant à la légalisation de partis politiques religieux gérés en sus par d'anciens terroristes issues de la première nébuleuse terroriste du sinistrement célèbre Bouiali, après avoir admis l'instauration de mini républiques islamistes dans des communes gérées par des élus de la même mouvance
etc., le régime tribal algérien, à travers tous ses remodelages de façade, n'avait en fait rien fait d'autre que redoubler sans cesse d'artifices dans le seul soucis de se maintenir au pouvoir et donc de garder le monopole sur la rente pétrolière mais pas seulement, puisque, pour ma part, je refuse qu'on me présente nos dictateurs et leurs serviteurs comme des corrompus sans visées idéologiques. Ils ont certes en priorité les pétrodollars, mais, l'arabo-islamisme, dans sa version nationaliste, explique pourquoi ils préfèrent cohabiter avec les terroristes islamistes que d'accepter l'alternative démocratique qui ne pourrait s'en passer de son soubassement laïque. Il serait utile de rappeler que le pouvoir algérien, excepté la parenthèse Boudiaf qui n'aura duré que 166 jours, n'a jamais cessé de négocier avec des barbares de la pire espèce pour les ramener à accepter un deal qui se ferait sur le dos des populations et de la démocratie. Cela s'est réalisé en 1997 dans un maquis, Bouteflika est arrivé donner la contre partie aux égorgeurs en leur accordant l'amnistie, la réintégration sociale, le blanchiment de l'argent du terrorisme et bien d'autres privilèges encore, tout aussi scandaleux, pendant que les victimes du terrorisme survivent dans le dénuement et sont sommés de baisser les yeux au passage du bourreau et surtout
d'oublier. Voici le prix de la « paix » version pouvoir algérien, une paix qui n'est toujours pas là, puisque les « repentis » qui narguent l'opinion en déclarant publiquement n'avoir jamais renoncé à leur projet, ni n'avoir regretté leur « guerre sainte », ni n'avoir demandé pardon pour être considérés comme des « repentis », contribuent en fait à reconstituer les réseaux terroristes qui sont à bout de souffle et complètement isolés de la société. Certains auteurs des derniers « attentats suicides » étaient des « repentis »
Au mieux, ceux qui ont renoncé à la violence, adoptent une autre stratégie autrement plus intelligente et plus dangereuse ; consistant à reconnaître la défaite de l'action armée à laquelle ils substituent le jeu démocratique de circonstance pour arriver un jour, peu importe quand, à réaliser leur funeste projet : Abolir la démocratie et instaurer la charia. Hitler est passé par là
Vous parlez aussi de partisans du califat et des islamo-nationalistes qui seraient farouchement opposés l'un à l'autre et des règlements de compte qui se seraient produits entre ces deux phalanges. Les déchirements internes à la mouvance islamiste, survenus dans les maquis et qui se soldaient souvent par des accrochages où les uns et les autres enregistraient des pertes considérables dans leurs rangs, n'avaient, en fait, rien à voir avec la question d'un hypothétique califat qui n'étaient guère à l'ordre du jour du fait que la priorité était d'instaurer d'abord l'Etat islamique en Algérie, ce qui leur paraissait de plus en plus irréalisable du fait d'une farouche résistance citoyenne. En effet, plusieurs factions terroristes rivales, conduites par des délinquants, anciens repris de justice ou des fanatiques désespérés se livraient une guerre totale marquée par des règlements de compte qui eurent lieu entre eux et au sein des factions elles-mêmes, dont la seule et unique motivation était le control des territoires, du maximum de terroristes et du trésor du terrorisme. C'est une guerre de leadership provoquée par un large sentiment de désespoir de cause où les uns complotaient pour une reddition qui devaient passer par l'élimination des jusqu'au-boutistes qui désiraient, dans leur ultime effort, frapper les esprits par des attentats dont les limites de l'horreur seraient repoussées à chaque fois, et où les autres, pensaient déjà à leur « réintégration » et à celle de leur fortune amassée par le racket, le sang et le feu. Il y'a eu même des tentatives de réunification de ces hordes terroristes qui n'ont pu aboutir même sous l'égide des commanditaires politiques emprisonnés comme celle qui a eu lieu en mai 1994 où les émirs avaient discuté de la nécessité de s'unir pour rendre plus « efficaces » leurs terreur ; clé de voûte qui les rapprocherait de leur objectif initial (l'Etat islamique), mais à aucun moment, la question du califat n'eut été abordée.
Dans les nations européennes des tribunaux d'arbitrage religieux musulmans existent en Angleterre et prochainement en Ecosse. En Grèce la charia est appliquée en Thrace. En France une fatwa a été proclamée lors des émeutes de 2005, au Danemark au début de cette année, des émeutes ont eu lieu et des imams y ramenaient le calme. Ce fut aussi le cas en Hollande.
L'Organisation de la Conférence Islamique veut criminaliser la critique de l'islam et l'un de ses personnages influent le premier ministre Badawi avait demandé, il y a quelques mois, à ce que les musulmans en Angleterre puissent vivre sous la charia.
Comment regarde tu l'autre rive de la méditerranée et quelle est ta réaction quand on dit que le terrorisme n'a rien à voir avec les dogmes islamiques ?
Halim AKLI : Pas plus loin qu'en septembre dernier, je n'étais pas le seul à découvrir effaré une scène qui, une décennie auparavant, relevait de l'inconcevable ; un français né en France, d'origine nord-africaine, débarque de l'Hexagone, portant une barbe hirsute, un kamis et s'exprimant dans un français à l'accent provincial, faisait le prédicateur en s'approchant systématiquement de chaque groupe de jeunes rencontré au hasard de « sa mission ». Beaucoup de citoyen ayant constaté ces faits n'ont pas manqué d'exprimer leur surprise et j'avais entendu certains se dire : « Qui l'aurait cru ! Avant, ils (les fanatiques sermonneurs) arrivaient d'Orient et d'Afghanistan et ils rasaient les murs quand il s'adonnait à leur prosélytisme. Aujourd'hui, c'est la France qui devient exportatrice de l'islamisme !!! ». Ce sentiment, à la fois de déception et d'incompréhension, est largement partagé par beaucoup de personnes d'ici qui ont toujours cru à ces valeurs de liberté, de développement et d'émancipation propre aux sociétés du vieux continent et plus particulièrement de la France. En d'autre termes, il y'a de cela quelques années, quand une personne arrivait d'Europe, les gens tentaient de s'en approcher afin de s'imprégner de l'évolution technologique et des libertés qui y règnent, assouvissant du coup leur curiosité cognitive et leur grande frustration du fait d'une absence totale de liberté et d'un sous-développement chronique qui s'est durablement installé chez eux. Autre temps, autre murs, les citoyens d'Afrique du nord sont étonnés du degré de régression intellectuelle et humaine qu'ils constatent chez une bonne partie des jeunes nord-africains naturalisés, voire européens de souche, qui débarquent chaque année dans leurs hameaux. Ainsi, alors que le charlatanisme et autres pratiques archaïques marquent, plus ou moins, le pas, chez eux, celles-ci retrouvent carrément une autre vie chez ces européens « tiers-mondistes ». Quand les islamistes s'y font, plus ou moins, discrets, on découvre, en boucles, des quartiers entiers de barbus et de femmes tchadorisées en France, à Londres et ailleurs ! Ceci est l'impression générale qui prévaut parmi les miens. En ce qui me concerne, je suis moins surpris ; pour tout vous dire, je crains le pire. Et pour cause : à la mi-septembre, deux jeunes surs anglaises, d'origines kabyles, intelligentes, militantes des droits des femmes et émancipées, sont sauvagement assassinées à Londres par un individu que la presse londonienne et la Scotland Yard avaient tenu à présenter comme un ex petit ami de l'une d'elles en évitant de révéler son origine moyen-orientale. Les procédés du crime semblables, à bien des égards, à ceux des GIA, n'ont rien à voir avec un crime passionnel. Pour autant, le Royaume Uni a décidé de fermer les yeux sur le caractère « religieux et politique» de l'acte. Le Londonistan n'est pas une vue de l'esprit, il est en train de se réaliser doucement. Vous avez évoqué les tribunaux d'arbitrage religieux musulmans qui y sévissent mais c'est loin d'être l'unique transgression à la loi et à la dignité humaine que l'ignorance de la nature de ce fléau par les autorités anglaises, aura permis jusque là. Les algériens gardent encore en mémoire que, durant les années 90, les fonds destinés aux terroristes algériens se récoltaient, sous le regard amusé des policiers de sa majesté, sur les places de Londres et d'autres villes du royaume. Pire encore, l'organe central du GIA, « Al Ansar » y était publié des années durant en toute impunité. Salman Rushdie vit persécuté en pleine capitale anglaise. Le plan du futur stade olympique londonien a d'ores et déjà réservé un espace de prière et des sanitaires pour les musulmans ! Les intégristes crient déjà victoire devant autant de compromissions et de désinvoltures des autorités britanniques qui croient, à tort, faire face à une religion ou à une communauté culturelle et arriver, par de tels procédés à apprivoiser une idéologie liberticide, fasciste qu'est le dogme islamique qui porte en lui les germes de la violence et du crime. Cette situation est certes, moins intense dans les autres pays d'Europe mais, n'est-ce pas qu'étant dans une logique de conquistadors, les islamistes considèrent que chaque pays est une spécificité qui appelle une islamisation appropriée, car, au demeurant, les européens doivent se rendre compte que l'internationale islamiste est convaincue d'arriver à islamiser toute l'Europe en exploitant les défaillances de ses lois et les connivences de ses dirigeants. Quand le mégalomane Kadafi prédisait récemment une islamisation totale de Bruxelles dans quelques années, certains crédules des sphères dirigeantes en Europe en avaient tout simplement ri.
Qu'on se détrompe, le propos qui va suivre n'est pas un clin d'oeil aux socialistes français qui n'ont pas manqué de zèle lorsqu'ils étaient de précieux soutiens aux terroristes islamistes qui sévissaient en Algérie, notamment par une offensante amplification du funeste « Qui tue qui ? » qui s'est révélé en fin de compte un pur produit de la propagande terroriste elle-même. Comme ailleurs en Europe, la France n'a pas dérogé à la règle, puisque la même démarche ; empreinte de confusion et de conciliation implicite propre au capitalisme ambiant, y est adoptée vis-à-vis du fascisme vert. Vous avez raison d'évoquer le cas des émeutes qui ont eu lieu au début de cette année au Danemark et qui ont vu des imams intervenir pour ramener le calme. N'est-ce pas un exemple frappant de cette incroyable similarité entre les actions des dirigeants européens dans le traitement de la question islamiste ? Je vous rappelle que Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, n'avait pas fait mieux puisqu'il avait, lui aussi, convoqué l'islam pour pacifier les banlieues. Ainsi, de dérive en bouleversement, de reniement en capitulation, la France officielle aura foulé au pied Jules Ferry, Condorcet, Jaurès , Aristide Briand, Gambetta, Maurice Allard, Paul Bert, Maria Deraismes
ainsi que ce qu'elle a produit de plus éblouissant, à savoir la loi du 09 décembre 1905. Sarkozy vient de révéler qu'une centaine d'imams sont ramenés d'Algérie, pour la seule année en cours, pour prêcher dans les mosquées de France. Il trompe énormément l'opinion en affirmant avoir établi des critères qui auraient présidé au choix de ces imams qui seraient respectueux des lois françaises, car, pour ma part, je peux affirmer que je connais au moins un cas où l'un de ces imams que le contribuable français paye, est un intégriste notoire ayant fait l'objet de mise en garde de la part de la police algérienne au milieu des années 90 et ce, pour activités subversives de soutien au terrorisme
Ce que fait depuis quelques temps la psychanalyste américaine d'origine Syrienne Wafa Soltan et bien d'autres encore comme Taslima Nasreen et l'auteur égyptienne de l'uvre « Dieu présente sa démission » jugée blasphématoire et condamnée à mort par les « frères musulmans », Nawal El-Sadaoui en l'occurrence, à savoir la sensibilisation des occidentaux contre le péril islamiste qui guette leurs pays et partant, sur le retour du religieux dans l'espace public et institutionnel, est doublement important. Cela démontre que l'islamisme, n'ayant plus pignon sur rue dans certains pays dits musulmans où sa nature abjecte y est désormais établie, a jeté son dévolu sur une Europe crédule, complètement désorientée et extrêmement vulnérable. Par ailleurs et contrairement aux spéculateurs qui leur reprocheraient de s