Arabe
English
 
 
 
 Editoriaux
 Lu dans la presse
 Opinions publique
 Bréves
 Rendez-vous
 Interviews
 Flashs
 Courrier des lecteurs
 Sondages
 Forum
 Journal du rire

Contactez nous

Pour une langue amazighe uniforme


Par Mimoun ben Bouziane ben Rabah, AmazighWorld.org
Date : 2009-08-19

Nombreux sont les travailleurs Imazighen (Chleuhs, Rifains, Kabyles, Mzabis et autres), qui vivant à l’étranger n’arrivent pas à communiquer entre eux, sans parler de ceux, qui, arabisés de longue date, ont perdu toute notion de leur langue et de leur amazighité. Tous ces ouvriers sont donc obligés de faire usage, tant bien que mal, d’une langue étrangère, que souvent ils maîtrisent mal, notamment la première génération, en voie de disparition.


C’est ce constat amer qui m’a incité à écrire cette lettre à l’intention des spécialistes de la langue amazighe et à tous ceux qui, de près ou de loin, peuvent contribuer à son épanouissement. Je suis convaincu que d’autres Imazighen, ont le même souci et le même désir de faire renaître leur langue amazighe, pour quelle puisse devenir une langue de communication, de littérature et de sciences à tous les niveaux, qui n’a rien à envier aux langues qui l’ont toujours maintenue en second rang, sinon sous le joug de domination, pour les raisons évidentes que l’on connait. Mais pour que tous les locuteurs Imazighen se comprennent, il va falloir qu’ils acceptent un langage commun, quitte à l’inventer de toutes pièces et ce n’est pas Moh ou Kaddour, isolé dans leur bled ou dans leur montagne, qui pourraient y contribuer, mais cette tâche revient évidemment aux intellectuels et militants de la cause amazighe, à défaut de responsables et gouvernements qui tiennent à cœur le bien-être de leurs concitoyens amazighs.

A ce propos, oh combien est valable le proverbe français : « on n'est jamais si bien servi que par soi-même ». Mais c’est le proverbe ‘berbère’ qui est plus pertinent, car il est dit que « seul ton ongle pourrait te gratter la peau ». Il est bien évident que beaucoup de militants amazighs rejettent fermement l’idée d’une langue « commune » ou standard, compréhensible par tous les locuteurs amazighs à travers la Tamazgha et plaident pour la diversité et la non-standardisation, en somme le statu quo. Contre cet argument valable mais pas décisif, à mon avis, je ferais remarquer que la langue standard, ne porte aucun préjudice à la diversité, terme si cher au tenant du darwinisme. Au contraire, elle pourrait même l’enrichir, comme ce fut le cas pour d’autres langues européennes.

En outre, le langage étant considéré comme un phénomène social, parce qu’il reflète non seulement la vie intérieure de quelques uns, mais aussi celle de la communauté toute entière, on ne peut faire abstraction de cette diversité. Ainsi représente-t-elle une grande diversité, qui est conforme aux différences qui existent entre les différents milieux de locuteurs, qui composent une communauté de langues : différence de condition, degré de développement, âge, profession ou métier. La langue est aussi un phénomène régional. La différence dans l’expression dépend aussi de la région des différents locuteurs. A l’intérieur de chaque région ou aire linguistique, on rencontre des foyers locaux de langue plus restreintes, qui se différencient de ses voisins par la différence de prononciation, le choix de mots et construction de phrases. Tout cela est bien connu des spécialistes en la matière, pour avoir étudié depuis longtemps déjà, et parfois avec d’étonnants résultats.


Ce phénomène de diversité n’est que très évident à travers la Tamazgha, comme il l’est aussi dans les pays européens (Allemagne, Pays-Bas, Italie, Espagne, etc.). A la différence de la Tamazgha, chez les peuples développés, au dessus de ces langues locales existent une langue standard « cultivée ». C’est une sorte de mètre étalon idéal, la seule référence ou matière utilisable qui permet aux écrivains, aux scientifique de communiquer entre eux et dans les publications scientifiques. En Tamazgha, nous nous en sommes pas encore là, mais rien n’interdit d’espérer, qu’un jour les nouvelles générations arriveront à faire de leur langue, une langue de civilisation.
Est-ce de l’utopie ? Bien sûr que non ! Pour la simple raison que les éléments qui permettent une nouvelle vie à la langue amazighe sont déjà mis en place et visibles à tout le monde. Nous en sommes conscients ! Et c’est déjà quelque chose ! Il convient aussi de rappeler que partout dans le monde, la tendance à l’uniformisation semble être un facteur dans l’évolution des langues, sauf chez nous Imazighen. Pourquoi sommes-nous l’exception qui conforme la règle ? De toute évidence, le niveau de développement, en d’autre terme, la nécessité ne s’est jamais fait sentir, pour évoluer vers une uniformisation généralisée.

L’évolution des langues modernes, telles que l’anglais, l’espagnol, le français, l’arabe, entre autres, a été bien étudiée. Les facteurs qui ont contribué à faire évoluer ces patois ou langues locales vers des langues mondiales ont été souvent d’ordre politique et de rapport de forces qui ont agi en leur faveur. Ce qui a toujours fait défaut à la langue amazighe, durant sa longue histoire, même pendant l’époque Almohade ou Almoravide. On ne saura peut-être jamais, pourquoi ces dynasties n’avaient pas eu ni la volonté ni l’intelligence d’imposer leur langue en une langue nationale, lui préférant la langue arabe, langue de liturgie et de culte. N’est-ce pas le « syndrome berbère », certains diront le talon d’Achilles berbère ! De nos jours, la langue amazighe ne peut nullement compter sur les pouvoirs mis en place pour la faire évoluer en une langue nationale, puisqu’ils n’ont que mépris et dédain pour elle. Elle ne peut compter que la force et l’espoir des militants amazighs, qui la tiennent en haute estime.

Ceci étant, nous devons, à mon humble avis, apprendre de l’expérience des autres peuples en la matière et analyser le processus du développement de leur(s) patois, dialecte(s) en une langue nationale. A cet égard, j’inviterai les intellectuels, linguistes et spécialistes de la langue amazighe à étudier l’exemple de la langue néerlandaise – dans ses deux versions hollandaise et flamande - pour en tirer des leçons, car elle enrichissante et édifiante à plus d’un titre. J’ai eu la chance et le privilège d’étudier cette langue, pour avoir vécu en Flandre, pendant plus de quarante-cinq années. Il va sans dire, que j’ai eu assez de temps pour méditer sur la relation de la langue néerlandaise (flamande) avec ses voisines (impérialistes), à savoir le français, au Sud, l’allemand à l’Est et l’anglo-saxon à l’Ouest, pour sa survie et son épanouissement en tant que langue vivante. Le combat que l’on appelle ici « question linguistique » a toujours été mené avec vigueur et rigueur, vif dans le pays et n’est pas prêt à disparaître dans un proche avenir. Aussi ai-je été un témoin privilégier non seulement de cette confrontation linguistique, mais aussi de l’évolution du flamand en une langue vivante qui n’a rien envié à la langue française. C’est une langue qui s’apprête mieux que les langues latines à exprimer les idées philosophiques, et qui par sa structure, arrive facilement à créer de nouveaux mots.

Pour la formation de mots, le français fait souvent appelle à l’une des langues mortes, le grec ou le latin, la langue néerlandaise n’en a pas besoin, mais peut aussi le faire, le cas échéant, sans aucun complexe et s’en sert pour exprimer des nuances, ce qui enrichit encore d’avantage son vocabulaire. Révolu est le temps, où l’on clamait que le flamand était la langue des « boers » ou paysans, et que dans les livres de géographie, que l’on nous enseignait au collège que « le français gagnait du terrain sur le français et tend à l’implanter ». Et comme conséquence de cette uniformisation, et c’est là le revers de la médaille, il faut bien le concéder, les dialectes régionaux sont en train de disparaître et remplacés par la langue dite « langue de culture » ou langue standard. Il est vrai aussi, qu’auparavant, en l’absence d’une langue uniforme, un Limbourgeois avait du mal comprendre ou ne comprend pas du tout un locuteur de la côte, pour les motifs ci-dessus énumérés. Le Français aura aussi du mal à comprendre le wallon ou le dialecte luxembourgeois, comme un napolitain aura du mal à comprendre un dialecte sicilien.

Pourtant la langue néerlandaise n’a pas évolué sans coup férir. Au contraire, le peuple flamand a du consentir d’énormes efforts et sacrifices pour arriver au résultat actuel. Eu égard à la langue, les philologues vous diront que cette langue appartient au groupe germanique. Sans entrer dans l’histoire détaillée de cette langue et de sa séparation de la langue germanique primitive, que les Allemands eux-mêmes regardaient avec dédain, la considérant comme dialecte ou « mauvais » allemand, on constatera que cela ne l’a empêché d’évoluer en une langue vivante, qui n’a rien à envier aux autres langues européennes. Et, à ce propos, je me contenterais d’en donner ci-après un aperçu succinct des phases de développement de la langue dans l’aire néerlandophone, c’est-à-dire les Pays-Bas avec leurs composantes Flamande et Hollandaise. Avant le 19eme siècle, il y avait très peu d’unité relative dans l’orthographe du NL. Au moyen-âge il n’y avait pas de règles fixes du NL. Les premiers écrivains étaient des gens du culte (clergé) qui pour coucher par écrit des textes dans la langue maternelle, utilisaient les caractères latins qu’ils maitrisaient, bien qu’ils fussent confrontés à des difficultés multiples. Toutefois, les copistes en faisaient usage, liant plusieurs signes, sans avoir pour autant un système unifié. Chacun utilisait une orthographe et écriture à sa manière propre.

- La renaissance apporta une certaine uniformité dans l’orthographe et au 16ème siècle, il y eut même quelques systèmes d’orthographe. Aux 17 ème et 18 ème siècles on faisait usage plus ou moins des mêmes systèmes inchangés ou bien on suivait l’exemple des écrivains ayant une certaine autorité. Ce n’est qu’au 19ème siècle que l’on s’orienta résolument et consciemment vers l’uniformité d’orthographe sous l’ingérence officielle. Ce fut en 1804, que le gouvernement néerlandais chargea Prof. Siegenbeek de mettre au point un système orthographique, qui fut généralement appliqué.

- En 1863 De Vries et te Winkel eurent l’idée de faire une liste de mots néerlandais dans un dictionnaire néerlandais. Ce fut le début d’uniformisation de l’orthographe aux Pays-Bas et en Belgique. Pourtant l’orthographe des deux savants présentait des difficultés dont on pouvait bien s’en passer et donc inutiles. Après une cinquantaine d’années de « luttes orthographiques », on décida en 1946 de simplifier officiellement l’orthographe. Et c’est en 1954 que fut publiée une nouvelle liste ou dictionnaire, composé sur ordre des gouvernements des deux pays.

Il va s’en dire que l’uniformisation de la langue ne peut connaître la même évolution ni le même processus, chaque langue ayant ses caractéristiques, puisque l’évolution et le développement des locuteurs des deux langues sont différents et ne peuvent être comparés. En résumé, pour s’exprimer, les imazighen doivent disposer d’une langue, qui est souple, fraiche, pour exprimer et refléter leurs pensées les plus profondes, dans toutes leurs subtilités. Comme règle et caractéristiques de la langue, il faut rechercher la simplicité comme l’espagnol et non le français ou l’anglais qui sont conservateurs. Humanité, bon sens et la bonne mesure dans toute chose, sont les normes, qui devraient régir leurs pensées et aspirations. C’est bien cela la tâche actuelle et le but de la lutte des militants amazighs, puisque c’est à eux qu’il incombe de défendre cette langue. Et ce n’est pas sur nos gouvernants actuels qu’il faut compter pour rétablir la langue amazighe dans ses droits. En conclusion, je citerai un écrivain néerlandophone qui a dit : « Le monde est une scène de théâtre, Chacun joue un rôle et reçoit sa part ».



Suivez-nous sur notre nouvelle page Facebook
 

 
Communiquer
Partager sur Facebook avec vos amis-es
 
Les autres articles de Mimoun ben Bouziane ben Rabah
Envoyer l'article à un ami
Article lu 22495 fois

 

Les commentaires : Important :Prière de noter que les commentaires des lecteurs représentent les points de vue de leur auteurs et non pas d’AmazighWorld; et doivent respecter la déontologie, ne pas dépasser 6 à 10 lignes, critiquer les idées et non pas les personnes, êtres constructifs et non déstructifs et dans le vif du sujet.

 
Commentaire N° : 1
Par: Oul-hadj Hamid Le : 2010-05-26
Titre: ces cons qui se chamaillent !!!..
Pays: Morocco  

je trouve l\'uniformisation de tous les parlers berb?rophones une utopie.a moins que Dieu le tous puissant nous envoi un proph?te du calibre de Sidna Mohammed صلى الله عليه و سلم.ce qui est hors de question!..
je parle bien en connaisseur de ce probl?me.j\'ai assez rouler ma bosse a Souss d\'o? je suis originaire ,tripoter en moyen Atlas et le Rif chez mes cousins au Maroc,et en parfait connaisseur de l\'Alg?rie,Tunisie et la Libye.donc je suis un Maghrebin cosmopolite !..
en r?sum?:
le meilleur choix pratique,raisonnable,authentique,et sans complication..
-1- faire table rase de ce pseudo Alphabet Tifinagh \"barbaro-b?rb?re\"!..fardeau p?dagogique,sans utilit? en vie active,perte de temps pour l\'?l?ve.
-2-Re-adopter l\'alphabet Arabe de nouveau en ?criture des parlers Berb?res,puisque il y a ?norm?ment de racines commune avec l\'arabe litt?raire et dialectale et mieux assimil? .
-3-Lutter politiquement pour la g?n?ralisation de la scolarit? pour tous les enfants du Maghreb surtout dans les campagnes .
-4-lutter politiquement pour instaurer l\'?tat de droit avec une vrai d?mocratie et libert? dans les pays du Maghreb.
En cons?quence, il faut que les berb?rophones se positionnent vis a vis de leur concitoyens arabophones,loin de tous chauvinisme,pseudo sup?riorit? ethnique!..en fin de compte la pr?sence de la pure race ethnologique Arabe au Maghreb est une fiction entretenu par des indig?nes politicards ,poltrons ,appoint?s par leur maitres,les uns ont des vis?es post-coloniale encore vivace,les autres r?vent d\'une \"Numedia Catholica\" ;les dernier -amerloques- ont tous simplement les yeux sur les richesses du sous sol du Maghreb et l\'occasion favorable de s\'en emparer a la faveur du bordel :\"Berb?rophones contre Arabophones\"!!! .. mais ces cons Maghr?bins qui se chamaillent continuellement, en v?rit? ont des origines ethniques communes!.
 
 
 

 
Commentaire N° : 2
Par: D.Messaoudi Le : 2010-06-13
Titre: L\'alphabet arabe est inadapt? pour tamazight
Pays: Algeria  

L\'alphabet arabe est inadapt? pour tamazight et pour te le d?montrer, je t\'oriente vers cet article (?crit en arabe) qui l\'explique:
http://www.scribd.com/-/d/14339607
 
 
 

 
Commentaire N° : 3
Par: latahy choukri Le : 2010-06-17
Titre: J\'ai une langue;je ne suis ni arabe ni europ?en
Pays: Morocco  

LA Langue Amazigh;aide l\'enfant Marocain ? apprendre les autre langues ?trang?re arabe;Fran?ais.
 
 
 

 
Commentaire N° : 4
Par: moufaddal ali Le : 2010-08-15
Titre: pourquoi une langue uniforme ??
Pays: Morocco  

au maroc il y a trois langues issues de l\'amazighe. les gens de sud qui parlent tachelhit ne comprennent aucun mot en ecoutant le rifain ou le zayanais , ces derniers eux memes sont oblig?s de traduire en leurs vraiantes les films fais par les chleuhs . il ne faut pas continuer ? chercher ? les rassembler ces vraiantes sont bel et bien differentes , mais s\'elles ont un certain vocabulaire partag?e. je pense que la distinction en 3 langues ferait du bien ? toutes.  
 
 

 
Commentaire N° : 5
Par: D.Messaoudi Le : 2010-08-29
Titre: La graphie arabe est inadapt?e ? tamazight
Pays: Algeria  

De la graphie arabe pour tamazight ?
R?ponse ? Lahouari Addi
Par : Djaafar Messaoudi

Article de Lahouari Addi :
(http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/08/16/article.php?sid=104617&cid=41)


Dans votre ?dition du lundi 16 ao?t 2010, monsieur Lahouari Addi a dit, en parlant de tamazight, que ? Son avenir se joue dans sa formalisation en langue ?crite avec l?alphabet arabe ?, se positionnant ainsi ? c?t? des islamo-arabistes [1] qui n?ont jamais cess? d?exercer de la pression afin d?amener l??tat alg?rien ? officialiser un syst?me que ni les vrais praticiens de la langue amazighe, ni les linguistes berb?risants n?ont choisi et ce pour des raisons que nous allons exposer ci-dessous.

1. L?inadaptabilit? du syst?me d??criture arabe ? tamazight :

Le syst?me phonologique de la langue amazighe contient des oppositions impossibles ? repr?senter par le syst?me d??criture arabe. ? titre d?exemple, comment repr?senter avec les caract?res arabes ce qui signifie en tamazight ? j?ai laiss? ? / ? j?ai gu?ri ?, ? elle a plant? ? / ? elle a grill? ?, ? tu as rassasi? ? / ? tu as troubl? ? ? En caract?res purement arabes, on ?crira respectivement : ? اجيغ ? / ? اجيغ ?, ? ثزا ? / ? ثزا ?, ? ثرويض ? / ? ثرويض ?. L?on voit bien que les ?nonc?s donn?es en paires sont ?crites sans distinction aucune, ce qui provoque de l?ambigu?t?. Certains diront qu?on peut modifier les caract?res arabes d?une fa?on ? les rendre adapt?s au syst?me phonologique amazigh, comme cela s?est d?j? fait pour certaines langues indo-europ?ennes comme le kurde, le persan, etc. Sachant que les caract?res arabes sont d?j? charg?s de signes diacritiques, tout ce que l?on y rajoute ne sera qu?une charge de plus qui rendra lesdits caract?res tr?s lourds et surtout inesth?tiques, voire illisibles sous une forme r?duite de l??criture. Pour ceux qui s?appuient sur l?argument selon lequel les Kurdes, les Perses, les Pakistanais, etc., ont adopt? l?alphabet arabe modifi? sans probl?me, la r?ponse est que les syst?mes phonologiques de ces langues sont d?pourvus de phon?mes emphatiques et de certaines affriqu?es qui posent probl?me dans la tentative d?adapter l?alphabet arabe ? tamazight.

Contrairement aux caract?res arabes, les caract?res gr?co-latins sont l?gers en ce sens qu?ils ne contiennent pas de signes diacritiques, ce qui les rend facilement modifiables et sans cr?er des lettres lourdes, moches et illisibles et surtout sans risque d?ambig?it?. Cela est observable dans des ?nonc?s comme celles donn?es plus haut, regardez: ? ǧǧiγ ? / ? jjiγ ?, ? yeẓẓa ? / ? yezza ?, ? teṛwiḍ ? / ? terwiḍ ?.

En plus de cela, ne repr?sentant pas les voyelles graphiquement et ne d?marquant pas avec pr?cision les limites des mots, le syst?me d??criture arabe adapt? ? tamazight engendrerait de nombreux faux homographes et / ou faux homophones que m?me le contexte ne pourrait parfois ?claircir, ? c?t? de nombreux mots difficilement identifiables. ? titre d?exemple, comment ?crire sans confusion, en caract?res arabes, les mots et la phrase qui signifient en kabyle ? ?crire / enfanter ?, ? il lui a enti?rement troubl? le cerveau avec de mauvaises id?es ? ? Pour les deux premiers mots, vous obtiendrez deux formes similaires donc ambig?es; pour la phrase, vous obtiendrez tant?t une succession de fragments de mots m?l?s ? leurs affixes, en raison de la cursivit? tr?s imparfaite de la graphie arabe, et tant?t une agglutination de plusieurs mots, ce qui rend ceux-ci difficilement identifiables dans la cha?ne parl?e et le lecteur, m?me le plus averti, ne peut alors qu??tre ?gar?. [2]

2. L?anciennet? de la tradition d??criture en caract?res gr?co-latins :

L?usage du syst?me d??criture ? base latine remonte ? plus de 150 ans. Depuis les premi?res ann?es de l\'invasion fran?aise de l\'Afrique du Nord, des sociologues et des linguistes venus d\'Europe et travaillant sous les ordres des autorit?s militaires, sillonnaient les territoires berb?rophones dans le but de conna?tre la soci?t? et la langue amazighes pour mieux ma?triser les Berb?res qui leur montr?rent une farouche r?sistance. Comme r?sultat des missions effectu?es par ces Europ?en-l?, beaucoup d?ouvrages (recueils de textes en berb?re, manuels de grammaire, dictionnaires bilingues) transcrits en alphabet latin modifi?, virent le jour.

Apr?s l\'ind?pendance, des intellectuels kabyles - tous francophones - prirent la rel?ve et se lanc?rent dans l\'?criture en leur langue en utilisant des caract?res latins ou gr?co-latins. Et au fur et ? mesure de la pratique, le syst?me s?am?liorait jusqu?? devenir de nos jours tr?s homog?ne, du moins parmi les praticiens kabyles. Pour cette raison, et de surplus en raison de l\'absence sur le terrain de tout autre syst?me d??criture concurrent s?rieux [3], le syst?me ? base gr?co-latine s\'impose par lui-m?me. Il va de soi que le choix de tout autre syst?me signifierait un retour en arri?re de plus d?un si?cle et demi.

Telles sont donc, monsieur Addi, les raisons pour lesquelles l?avenir de tamazight ne pourra jamais se jouer dans sa formalisation en langue ?crite avec l?alphabet arabe. Le choix du syst?me d??criture gr?co-latin ne nous a ?t? dict? ni par la francophilie, ni par l?arabophobie. C?est un choix bas? sur la continuit? d?une tradition ; c?est un choix bas? sur plusieurs ?tudes linguistiques et soutenu par la pratique des locuteurs de tamazight. Vous n?avez qu?? faire un tour dans les biblioth?ques et les librairies pour re-constater cette r?alit? que vous voulez ? tout prix et malhonn?tement dissimuler aux Alg?riens pour des consid?rations id?ologiques. Et puis d?autres peuples musulmans, comme la Turquie, la Bosnie et l?Indon?sie ne nous ont-ils pas pr?c?d? dans l?adoption de ce syst?me universel que vous et vos semblables nous ressortez ? chaque fois comme une preuve de notre haine pour tout ce qui est arabe ?

_________________________

1. La position de Addi n?est donc pas diff?rente de celle de certains islamo-arabistes qui, ? d?faut de ne plus pouvoir emp?cher l??mergence de tamazight ?crite en Alg?rie en raison des pressions des mouvements berb?ristes, veulent entraver son d?veloppement avec un syst?me graphique archa?que et inadaptable. En 1989 d?j?, des djaballah et des Chadli ont d?clar? hypocritement que ? nous ne sommes pas contre tamazight, mais qu?elle soit ?crite en arabe ?, la raison selon eux ?tant que ? nous sommes des berb?res arabis?s par l?islam ? !
2. Le probl?me avec la graphie arabe ne se limite pas uniquement ? l??criture cursive, mais s??tend ?galement au script qui est g?n?ralement produit avec une machine. Ainsi, les mots et la phrase susmentionn?s seront ?crits approximativement de la mani?re suivante : ?أرو / أرو ?, ? يروياس أك ألاغيس سير ثكثوين?. Or, de tels probl?mes ne se posent pas avec la graphie gr?co-latine, observez : ? aru / arew ?, ? yerwi-as akk allaγ-is s yir tiktiwin ?.
3. L?usage actuel par l??tat alg?rien de graphie arabe sur la cha?ne ? amazighe ? TV-4 n?est fond? sur aucune ?tude et n?est guid? par aucune norme. Cette graphie ne peut ?tre consid?r?e comme une concurrente de la graphie gr?co-latine et l?initiative des autorit?s alg?riennes n?est destin?e que pour semer la zizanie entre les usagers de tamazight dans l?espoir de retarder encore le d?veloppement de celle-ci.
 
 
 

 
Commentaire N° : 6
Par: Hammou Le : 2011-12-27
Titre: La langue Berb?re et son uniformisation
Pays: Algeria  

Je ne crois pas qu\'il y a lieu de chercher ? uniformiser la langue et ainsi la restreindre, la grammaire ?tant la m?me pour les diff?rentes variantes de la langue Berb?re les diff?rents appellations d\'objets seront consid?r?s comme des synonymes .  
 
 

 
Commentaire N° : 7
Par: Olivier Le : 2012-02-21
Titre: Hello, merci pour ton arictle.J\'ai un blog sur wordpresse, et je voulais savoir si cree un 2iem blog sur Monsitefr.com/eng/ avec simplement un autre blog remplis plus ou moin de la meme maniere ca aurai quel impact SEO ?Merci pour vos arictles !
Pays: Australia  

Hello, merci pour ton arictle.J\'ai un blog sur wordpresse, et je voulais savoir si cree un 2iem blog sur Monsitefr.com/eng/ avec simplement un autre blog remplis plus ou moin de la meme maniere ca aurai quel impact SEO ?Merci pour vos arictles !  
 
 

 
Votre commentaire ici :
Nom
Email (votre email ne sera pas affiché)
Titre
Commentaire
  Sécurité : copier le code suivant egh6xemv ici :  
 
 

 

D'autres articles :

Manuel 'ADLIS INU N TIFINAGH'
Auteur: Afoulki - Date : 2021-09-06

Enseigner Tamazight en Chine
Auteur: El Watan - Date : 2021-03-23







Une école pour demain
Auteur: id Bawziki - Date : 2015-11-08








 

Headquarters : Amazigh World  (Amadal Amazigh), North America, North Africa

  amazighworld@gmail.com

Copyright 2002-2009  Amazigh World. All rights reserved.