
Pendant les années quarante, les politiciens et militaires français avant de quitter l’Afrique coloniale ont tracé les frontières des pays africains par des règles et des crayons d’école sur des cartes. Nul ne peut l’ignorer. Les militaires français l’ont reconnu et bien sûr la forme des tracés des frontières le prouve. Aucune considération, ethnique, géographique ou historique n’est prise en considération. Des peuples qui n’avaient pas l’habitude de vivre ensemble se retrouvent obligés de cohabiter; les frontières pour eux sont des fils barbelés. C’est le cas des Touaregs au désert africain qui existaient avant la constitution des Etats d’Algérie, du Mali, du Niger, de Mauritanie et du Maroc. C’est également la même situation en Ouganda. D’autres pays sont complétement annexés au Moyen orient culturellement et identitairement comme le cas des pays d’Afrique du Nord.
Aujourd’hui, cette situation a bien abouti à un échec. L’Europe n’est plus en sécurité avec une Afrique pauvre à ses côtés, cannibalisée par les Etas coloniaux européens et les chefs d’Etats mafieux africains. La France, l’avocat autoproclamé d’Europe en Afrique a semble-t-il compris qu’il y a un échec et un danger. Dans son éditorial du lundi 6 janvier 2014, le journal le monde, sous le titre l’action de la France en Afrique : un enjeu mondial, on lit : « Depuis son élection, le président de la République a souhaité tourner le dos à des décennies de Françafrique, c’est-à-dire au contrôle postcolonial des intérêts français sur ce continent Africain par l’entremise d’une génération de chefs d’Etats africains plus soucieux de leurs intérêts personnels que ceux de leurs populations » .
François Hollande a voulu changer de stratégie. Pour lui, rapporte toujours le journal, la France a bien vocation à un rôle africain, ne serait-ce que par son histoire en Afrique. Mais ce rôle doit être conforme à ses valeurs, celle de la démocratie, de l’Etat de droit, des droits de l’homme – et de la femme. Le président de la République a rapidement signifié cette nouvelle ligne à ses pairs africains, qui ont diversement apprécié ». Fin de citation.
De cette donne, on peut bien conclure deux données principales :
- que la France est bien consciente que tous les chefs d’Etats qu’a mis au pouvoir en Afrique –y compris bien sûr à la porte d’Afrique qui est Tamazgha ou l’Afrique du Nord comme la nomme la France- sont soucieux de leur intérêts personnels que ceux de leurs populations. Ce qui n’était pas conforme aux valeurs de la France selon Hollande. Mais la France a bien mis 70 ans pour le découvrir ! C’est scandaleux pour un pays qui a des valeurs «selon Hollande». Encore plus, la France n’a fait cette découverte qu’après les révolutions populaires partout en Afrique, œuvre de des populations que la France considérait comme indigènes, loin du fameux slogan « liberté Fraternité et démocratie ».
- que la France a décidé avec Hollande de rompre avec ce passé. Et qu’il a été signalé à ses amis Africains qui ont eux aussi apprécié la nouvelle stratégie.
Quant à nous les Amazighs, nous sommes bien des Africains. Tout cela nous concerne en premier lieu. Nous sommes bien les plus africains de toute l’Afrique puisque, premièrement, le nom du continent est bien celui de Tamazgha au début de l’histoire romaine (Africa), deuxièmement nous étions toujours attachés à nos racines africaines, même sous la tempête de l’arabo-islamisme qui a soufflé et continue à souffler en Afrique du nord depuis la création par la France et l’Angleterre de la ligue arabe à laquelle ils ont annexés toute le Tamazgha.
Partant de ceci, qui peut-on croire ? les chefs d’Etats africains qui sont des dictateurs reconnus par la France des droits de l’homme qui les a mis au pouvoir ou la France qui un siècle après a découvert que sa politique extérieure en Afrique n’était pas en concordance avec ses valeurs de droits de l’homme? Le choix est plus que difficile, il est impossible !
Croire en la nouvelle France qui s’est retrouvée, c’est pratiquement difficile, à ne citer que les évènements suivants
En juin 2011, une commission a été désignée et chargée de proposer une nouvelle constitution pour le royaume juste après les manifestations qui ont secoué toutes les villes du Maroc. La nouvelle France a bien eu l’audace de conseiller aux marocains de voter oui pour la nouvelle constitution. Avant même que ce peuple puisse lire les articles de la nouvelle constitution qui lui a été proposée ! Pire encore, un an après le vote par oui à 99% Mohamed Tozy un des membres de la commission chargée de la réforme de la constitution a déclaré au journal Al Ahdath Al Maghribia qu’il existe trois versions différentes de la même constitution : celle publiée dans la presse, celle votée et celle publiée dans le journal officiel !
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Les Amazighs au plais de Bab Laaziziya
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Le 19 Mars 2011 en Libye, pendant la guerre contre Kadhafi, la France qui a pris le dossier libyen en charge et qui a engagé sa force militaire contre le dictateur libyen était obligée d’utiliser les Amazighs Libyens contre Kadhafi. Bernard Henry Lévy, a eu l’idée de faire recours aux Amazighs de Jbel Nefoussa, après la destruction de l’armée de l’air de Kadhafi et l’impuissance des alliées avec leurs amis arabo-islamistes de Benghazi à descendre sur le terrain pour gagner la dernière bataille. Les Amazighs libyens qui ont reçus l’armement parachuté par l’OTAN sur leur montagne n’ont besoin que de quelques jours pour parcourir 300 km pour chasser Kadhafi de son palais de Bab-Laaziziya ! Quelques jours après, La France avec ses amis de Benghazi ont bien pris la peine pour annoncer dans la nouvelle constitution qui octroie aux Libyens le droit à se marier avec quatre femmes selon la Charia. En revanche, elle a ignoré le droits des Amazighs les plus élémentaires : l’école, l’information, la langue, la culture et la reconnaissance de l’identité Amazighe de la Lybie qui était jadis un pays Amazighs 100%. La nouvelle France a bien répétée le même scénario marocain : on utilise les Amazighs comme soldats et on les renvoie aux vestiaires une fois le travail accompli.
Le 11 janvier 2013, Mr François Hollande a lancé l’opération Serval qui vise -pour la France- à libérer le Mali de Ansar Eddine, une branche affiliée à Alqaida. Alors qu’avant l’arrivée de Ansar Eddine, ce sont bien les Touaregs maliens qui se sont révolté pour la énième fois contre l’occupation de leur territoire l’Azawad. La France de l’autodétermination des peuples, n’a pas reconnu leur Etat annoncé ni leur droits à l’autodétermination. Peut-être par ce qu’ils sont Amazighs !
Le 14 juillet 2013, les troupes armées africaines, maliennes et tchadiennes sont invitées à défiler fièrement aux cotés des militaires français sur les champs Elysées. La nouvelle France a bien montré son retour à l’Afrique de la même façon qu’avant ! Sinon on ne peut comprendre que l’actuel Mali et le Tchad soient bien conformes aux valeurs françaises celle de la démocratie, de l’état de droit, des droits de l’homme – et de la femme cités par Hollande.
Croire aux chefs d’Etats africains est l’impossible.
Aucune personne en Afrique ne peut même pas penser que des régimes dictatoriaux -de toute la gamme des échelles de la dictature- peuvent basculer vers les valeurs démocratiques. Surtout lorsque cela met leur pouvoir économique en péril et c’est ce qui est toujours le cas. D’ailleurs, il est pratiquement impossible de trouver et surtout en Afrique du nord des hommes d’affaires non introduits en politique. Car c’est le pouvoir qui alimente leur carnet de commande et le positionnement de leurs fils dans les postes stratégiques et non pas leur valeur ajoutée ou leur créativité.
Conclusion
Les Amazighs doivent savoir que s’ils peuvent trouver des partenaires qui partagent avec eux les mêmes intérêts et qui peuvent leur garantir leur droit à l’existence en tant qu’Amazighe, ce serait bien en dehors des deux acteurs cités plus hauts.