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L’image de l’Islam entre la conférence du pape et le vécu des musulmans


Par Ahmed Assid, AmazighWorld.org
Date : 2006-10-29

 Article de Ahmed Aassid  traduit par fr Joël Colombel.

Les réactions dans le monde musulman provoquées par le discours du pape ont pris leur cours habituel sans dépasser les limites des cris, de la critique, du blâme et de la menace avec quelques violences prévisibles dans des sociétés écrasées par le poids des circonstances d’un retard qui fait désespérer leurs fils de sortir du sous-développement.

Les musulmans ne sont pas habitués à réfléchir à partir des critiques qu’on leur fait. La plupart du temps, ils semblent voués à exploser et à déverser leur colère sur un monde qui va de l’avant et face auquel ils ne sortent pas de défaites, d’échecs et d’humiliations depuis un siècle.

Le fait est que l’Islam - qui vit de nos jours une des périodes les plus malheureuses de son histoire – n’avait pas besoin des œillades et des insinuations du pape, car, quoi qu’on dise de cette religion qui emplit le monde et occupe quotidiennement les esprits non par la créativité de ses fils ou leurs grandes conquêtes dans les domaines scientifique, technique, économique, médical ou artistique, mais par leur propension aux actes de violence, au mépris de l’homme et aux discours enflammés, quoi qu’on dise donc de cette religion, cela n’amènera pas ses fils à faire retour sur eux-mêmes pour réfléchir et s’auto-critiquer, au point qu’on demeure stupéfait de ce que les musulmans n’aient point de mémoire ou qu’ils ne sachent distinguer l’avantage de la perte, le succès de la déroute, le bien du mal.

Et si le pape – compte tenu de la place qu’il occupe dans le monde comme chef de l’église catholique – pouvait se dispenser de faire état de telle expression dévalorisante pour le Prophète et la religion musulmane, fut-ce d’après un lointain empereur, oublieux, de son côté, du noir passé de l’église en fait d’oppression sauvage, d’institution de tribunaux d’inquisition, d’échafauds, de bûchers, les musulmans, eux, pourraient bien réfléchir sérieusement sur plusieurs points exprimés par le pape, signes de la grande perplexité des contemporains devant l’incurable situation où se trouvent les musulmans, situation qui pourrait, si elle s’aggravait, devenir sous peu source de sévères préjudices pour l’ensemble de l’humanité.

La conférence du pape contient quatre critiques faites à l’Islam et aux musulmans qui ne diffèrent en rien de ce que disent eux-mêmes nombre de penseurs musulmans d’avant-garde, soucieux de lumière et de renouveau, à savoir :

  1. L’Islam s’est répandu par le sabre et les expéditions militaires, non par la prédication et le dialogue pacifique et civilisé.
  2. L’Islam n’apporte rien de nouveau par rapport aux autres religions qui l’ont précédé ou aux civilisations et cultures anciennes.
  3. Dans la doctrine musulmane, la volonté divine occupe tout l’espace de la conscience et de la foi, ne laissant à la raison aucune occasion de respirer, marginalisant son rôle dans la société musulmane
  4. Il y a, dans les textes religieux musulmans, une quantité importante de violence ainsi que des contenus non humanistes.

L’examen de ces sérieuses critiques à la lumière de la raison et non de la complaisance envers soi-même qui permet aux musulmans de relire leur histoire, ni à celle de la littérature des maîtres en religion, mais à la lumière des textes et documents historiques qui reflètent l’évidence de la situation des musulmans d’hier et d’aujourd’hui, cette évidence qu’ils n’ont de cesse de fuir  pour des slogans chimériques et des convictions toutes faites qui se répondent en écho dans leur monde, depuis un millénaire.

Le fait que l’Islam se soit répandu par le sabre est une réalité qui ne se discute pas, à la lecture des chroniques des « Troupes victorieuses » qui, on s’en doute, ne pénétraient pas les terres des peuples divers, des fleurs ou des Corans à la main, étant donné qu’ils ne les soumettaient qu’après d’âpres combats dont certains ont duré tout un siècle, comme ce fut le cas pour l’Afrique du Nord. Pas plus qu’ils ne se souciaient, aussitôt après la conquête, d’enseigner aux gens les obligations de la nouvelle religion ni d’en discuter avec eux, occupés qu’ils étaient au partage du butin, dont les captifs : femmes et enfants. Et ce n’était pas le calife Omeyyade de Damas qui allait interroger ses généraux  sur la profondeur de l’Islam des convertis ni leur fidélité au droit chemin, mais il les interrogeait plutôt sur la quantité d’or et d’argent, de têtes de bestiaux et de captifs : témoins ses correspondances avec les gouverneurs. De même, l’aire géographique sur laquelle s’étendait l’empire musulman, au temps des Omeyyades, coïncidait avec celle des conquêtes musulmanes par la force et les campements des chevaux .

Que l’Islam n’ait rien apporté de nouveau, il est facile de s’en convaincre en interrogeant la législation ou la doctrine qu’il offrit et qui ne se trouvât pas déjà dans les religions et les doctrines antérieures. ce qui empêche les musulmans de réfléchir en toute honnêteté sur de tels sujets, c’est leur compréhension de l’Islam hors de tout sens historique. Pour eux, l’Islam est le commencement absolu. Avant lui, rien qui vaille. Ignorance et ténèbres. La connaissance des musulmans sur ce qui précède l’Islam, les religions et les civilisations anciennes est d’une pauvreté affligeante, bien que des penseurs et des chercheurs éclairés parmi eux aient pu établir le lien entre chaque élément du droit islamique et ses sources anciennes. Cela étant, ce que l’Islam a pu apporter de nouveau ne dépasse pas ce rattachement systématique aux éléments antérieurs.

Quant à la marginalisation du rôle de la raison dans l’Islam, il n’y a pas lieu de le démontrer et d’argumenter là-dessus. La situation actuelle des musulmans,  leur a-parte dans le monde, l’absence d’une collaboration de leur part, si simple fut-elle dans les révolutions scientifiques contemporaines, leurs extravagances  en politique, au point de manquer de réalisme, ce qui leur vaut, à tout coup, d’aboutir à l’échec, sont des phénomènes suffisants pour comprendre le degré d’asphyxie de la rationalité dans les espaces de l’Islam. Cela ne vient pas « du manque d’application par les musulmans des enseignements de leur religion qui appelle à la raison », comme le prétendent les propagandistes de clichés tout faits, mais du fait que le discours de la foi qui règne depuis le début - pour lequel autorité et contrôle furent mis au point au temps des califes – et  qui dure, sous l’égide de la nation islamique, jusqu’à nos jours, maintient la suprématie de la lettre sur l’esprit, du conformisme et de l’idolâtrie du passé sur l’effort de réflexion et la créativité. Y a-t-il meilleure preuve à cela que le musulman qui persiste à refuser l’égalité juridique de l’homme et de la femme en se référant à des « textes immuables ».

Concernant la violence, à l’instar de toutes les religions terrestres et célestes, les textes islamiques comportent leur dose de violence et nécessitent une re-lecture, une ré-interprétation, une exégèse pour que l’étincelle de la violence ne soit plus attisée entre musulmans ou contre les autres. Les versets qui parlent de combat – qital, muqatala – de décapitation, d’amputation des mains et des pieds, représentent un arsenal impressionnant de passages sur lesquels s’appuient les extrémistes pour faire avorter toute évolution vers un mieux. Il ne sert à rien à l’Etat de dépenser des millions de dirham dans une campagne contre la violence à l’égard de la femme tant que subsistera un individu pour qui le verset :  « Frappez-les » constituera son propre droit et un feu vert à l’exercice d’une violence « légale ».

On ne peut mettre en doute qu’il y ait dans l’Islam, comme dans les autres religions, bon nombre de contenus humanistes sur lesquels sont aveugles les extrémistes qui appellent au terrorisme et les fanatiques de l’Islam salafi qui mènent le monde à la catastrophe, mais l’ordonnancement de la pensée et de l’éducation régnant dans les pays musulmans ne peut conduire qu’à la sélection de contenus qui entraînent de graves problèmes car ils ouvrent la porte à l’extrémisme et à la violence.

Quelqu’un dira :  « Comment le pape peut-il être aussi aveugle sur bien pire encore dans le christianisme ? ». En fait, ce qui plaide en sa faveur, c’est qu’il ne retourne pas au christianisme tel qu’il a été dans le passé ni ne se vante de ses heures noires, pas plus qu’il n’appelle – comme le font les musulmans – à la nécessité d’un retour, aujourd’hui, aux modes de compréhension et d’interprétation d’hier, à leur adoption et à leur application tels quels, sans tenir compte de la réalité et de l’histoire. Il s’insère plutôt dans le courant du contexte actuel selon lequel les occidentaux  ont compris leur christianisme, à la lumière de leurs révolutions, intellectuelle, sociale et politique et dans des pays dont les croyants en ont assez du mal de la guerre au nom de la religion, après avoir séparé l’état de la religion et abandonné à jamais les causes de l’injustice et du sous-développement.

L’Islam a besoin, plus qu’à aucun moment du passé, d’un effort de réflexion de ses fils en faveur de la prédisposition humaine, selon la manière propre à leur foi, dans leur religion, pour les sauver des griffes des traditionalistes et des terroristes et propager une conscience éveillée au développement à l’intérieur d’une doctrine musulmane qui fasse place à la raison et permette au musulman de respecter autrui.



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