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Parcours … La Passion d'un destin

 

 

Introduction. C'est le n'ième livre de El Manouar . Il est intitulé 'Parcours … La Passion d'un destin' (Imprimerie Al Maarif Al Jadida, Rabat, 2012). Il a été question de 'Parcours d'un combattu', 'Parcours d'un Amazigh' ou encore ''Parcours d'un Amazigh combattu'. Finalement, le titre retenu est, semble-t-il, celui qui convient  le mieux au caractère de l'auteur. Ce destin cruel, qui est le sien, il en est, quelque part, fier ; comme si c'était celui-là qu'il aurait lui-même choisi. Il a toujours su qu'il y avait danger mais, il n'a jamais accepté la compromission. Une preuve, de plus, est l'écriture de ce livre. N'écrit-il pas, dans son introduction

'La trajectoire est somme toute ordinaire et banale. Elle concerne tous ceux venus du bas-fond de zones 'périphérisées'. Dans leur majorité, ceux-ci la vivent et la ressentent profondément mais s'empêchent de l'exprimer vertement. Nous prenons volontairement ce risque, car le changement doit un jour passer par celui des mentalités'.

C'est l'esprit de cet écrit et c'est l'esprit dans lequel l'auteur a toujours travaillé.
Il est difficile de faire une lecture détaillée de ce livre d'El Manouar. Comment a-t-il pu concilier l'autobiographie, la narration, l'introspection ; et le rapport aride où il est, à la fois, juge et partie ? Nous allons essayer d'en faire ressortir certains aspects.

Première partie : Un clin d'œil nostalgique. En fait, on peut nettement distinguer deux périodes. La première (pp. 21-37) est un survol de la vie de l'auteur, de la naissance jusqu'à l'obtention du Baccalauréat ; 'ce grand diplôme'. Sur quoi la famille décide qu'il doit travailler. Il n'est pas si pathétique de voir que le petit garçon ait eu à faire le berger et à vaquer à divers travaux plus ou moins pénibles ; c'est le lot d'énormément de Marocains, même si ce sont les ruraux qui ont eu à en souffrir le plus. Cette période, si elle était développée, constituerait une autobiographie de l'enfance jusqu'au seuil de l'âge adulte. Ca qui en est dit l'est dans un style fluide qui dénote l'expérience de l'homme de plume qu'est El Manouar.

La deuxième période (pp. 39-50) se passe, certes, dans des conditions très difficiles. Mais l'aigle n'est pas encore blessé. Il est porté par la fougue de la jeunesse, l'enthousiasme et même l'optimisme. Le fait de voguer de pays en pays, de rencontrer des personnes bienveillantes, d'obtenir des résultats positifs le poussent toujours en avant. Mais, le piédestal n'est pas pour lui

'Il grimpe, non sans peine, les pénibles échelons de cet échafaudage compliqué et amer. Au fur et à mesure qu'il prend de  l'altitude, il se met, sans le savoir, dans le collimateur des professionnels de la chasse à la volée. Il ne savait pas encore qu'il allait devenir un singe qui ne saura et ne pourra pas voler' ; (p. 37).

En effet, le rêve est brisé ; c'est 'le départ forcé' (p. 49).
Cette première partie est écrite d'une plume légère. Elle aurait pu, à elle seule, constituer un petit livre. Le dernier chapitre 'De la prééminence au divorce' laissant au lecteur le chois de deviner la suite d'un parcours singulier. La phrase
'Après tout, il n'est qu'un vagabond invétéré'
Peut aider à orienter l'imagination.

On retrouve aussi, dans ce petit chapitre (deux pages), les idées clefs qui reviennent souvent dans cet écrit et qui expliquent tous les tracas qu'il aura à subir. Il joue du 'je' et du 'il' comme si, parfois, il posait en observateur pour encor mieux admirer son comportement. Ainsi écrit-il, lorsqu'un ministre lui demande de présenter sa démission, lors d'une réunion
'Il lui réplique qu'il est un commis de l'Etat qu'il a toujours servi loyalement, qu'il ne travaille pas chez lui et qu'il partira quand il l'aura lui-même décidé' ; p.49.

Ou encore
'Il aime innover ? Il aime transcender. Il porte en lui le germe de  la plénitude et de l'excellence' ; p. 50).

Deuxième partie : Le mont des vautours. Elle concerne le passage de Moha au Crédit Agricole (x années). Il est fasciné par le premier patron (p. 53). Les gens succombent au charme de ce dernier. Sans le dire clairement l'auteur est enthousiaste. Il semble avoir trouvé chaussure à son pied. Mais il finit par exprimer son entière déception. C'est même le titre 'La déception' d'une demi-page (p. 115) qui fait écho à l'autre demi-page (p. 53) du début de cette partie. Entre  les deux, se déroulent x années de carrière.
Les entrailles de l'institution sont fouillées de fond en combles. Sont minutieusement rapportées les belles idées débattues, les résistances, les travaux de commissions, les coups bas, etc. Le tout est nettement présenté. Des titres et de nombreux sous-titres, bien choisis et percutants, guident le lecteur, pas à pas, à travers une matière riche ; où il serait, autrement, facile de se perdre.

Exemples

El Manouar a fait preuve d'une pédagogie certaine. De plus, comme partout dans le livre, le texte est émaillé d'anecdotes, de mots de l'esprit et de jeux de mots qui en rendent la lecture attrayante.

On ne peut rapporter toutes les réponses cinglantes que Moha a faites à toute personne qui osait se frotter à lui. De l'entrevue avec un  nouveau Directeur malveillant, on doit retenir (p. 97) ce qui suit. Après un face-à-face silencieux, mais plein de gestes significatifs, c'est la parole

  • On doit travailler, lui lance-t-il suffoqué.
  • Oui bien sûr, répondit Moha.
  • Vous avez des dossiers, lui confie-t-il brutalement.
  • Non.
  • C'est comme ça que vous travaillez.
  • Non. Mais si vous avez un dossier qui vous préoccupe, je peux de mémoire en discuter. […]. J'ai compris que vous vouliez me voir. Eh ben ! Je suis là.
  • Nous allons organiser une séance de travail en présence de vos collaborateurs, quand vous serez prêt, réplique-t-il.
  • Mais je suis prêt, et je l'ai toujours été.
  • Au fait, vous étiez où, avant de venir ici ?

Voici une partie d'un dialogue surréaliste qui n'augure de rien de bon. C'est une déclaration de guerre grossière, grotesque et indigne !
Troisième partie : Le mal des siens. Après aventures et aventure, c'est le retour vers le terroir, vers les siens. Il s'agit, certainement, d'un besoin de ressourcement après des expériences qui vous pompent la sève et peuvent finir par vous endurcir et même vous assécher le cœur. El Manouar a peut être voulu recommencer, dans un milieu supposé favorable, comme à ses débuts avec l'optimisme et la sincérité qui portent les bonnes actions des humains. Il exprimerait ceci, dans une phrase, au tout début de cette partie (p. 119)

'Moha raconte. Je quitte, meurtri par toute la recrudescence dont j'étais victime, les entiers de cette amertume dans l'espoir de réapprendre les bienfaits de  la proximité qui m'a tant hanté'.

Rejetant le 'désintéressement envers la chose publique' et considérant que 'la politique est un phénomène sociologique qui doit se construire par  la base', il décide de se présenter au niveau de sa commune. Il est élu. Il décrit, en détail, toutes les machineries, les bâtons dans les roues, les médisances ; et les échecs qui s'en suivent.

Cependant, El Manouar nous parle de 'La contribution ; entendez, sa contribution. C'est le titre d'un chapitre. Je me suis dit : Voilà, au moins, un franc succès. Ce n'est pas exact. C'est le en fait ce qu'il aurait voulu être sa contribution, une fois réalisée. Il écrit
'Mais ce n'est encore que peine perdue'.
Il s'agit de trois projets

  • Une monographie socio-économique de la commune.
  • La rénovation de la fête des roses.
  • La mise en place d'infrastructures sportives au profit des jeunes.

Tout est passé au crible fin : Le constat, la conceptualisation, les objectifs, le financement, etc.

Quatrième Partie : La descente aux enfers. De la présentation de cette partie (p. 188), je retiens seulement le premier paragraphe
'Moha a fait un beau rêve qui s'est transformé soudain en un vilain cauchemar. Une histoire à faire dormir debout. Il s'est investi pleinement et avec ses tripes. Ils nous croyaient intéressés par leurs simulacres. Ils projettent sur le nous, singulier, ce qu'ils n'osent dire dans leur pluriel'.

Enfin, avec un nouveau Directeur, c'est la commission de discipline ; 'dite de discipline'. Il y voit l'occasion
'd'user de ses droits de défense qui m'ont, jusqu'alors, été confisqués de manière abjecte et inattendue' ; p. 189.
Il en appelle alors à témoins ; tous les membres de la commission dont, en particulier, des collègues bien au fait des dossiers, vu qu'ils en étaient eux aussi en charge. Il souhaite que leur attitude soit positive et objective. Il insiste (p. 189)

'Je les prends volontiers et avec eux tous les cadres de cette institution pour témoins'.
Ainsi, c'est le cri d'un Amazigh qui en appelle à la communauté professionnelle. Chez Imazighen, on écoute le fauteur, selon la faute dans l'espoir de le voir s'amender, mais on n'aime pas le menteur.

Et le voilà, Moha, qui instruit l'affaire, devant la commission, tel un juge impartial et compétent. Il rappelle les faits, avec une datation précise (La liste est longue). Après quoi il examine les fondements juridiques, les fondements stratégiques, les procédures administratives, etc. Il finit par une conclusion où il relève toutes les contradictions, les aberrations, les irrégularités, etc., qui entachent sa mise ne accusation. En fait une accusation déguisée, précédée par de nombreuses décisions arbitraires, voulues humiliantes, qui ne visaient toutes qu'une seule et même chose : La destruction d'un homme. Mais pourquoi ? Moha nous l'apprend

'Jouer dans la cour des grands' ;
Cinquième partie ? Le chapitre 'La révocation' est inclue dans la quatrième partie. Il me semble qu'il aurait pu constituer, avec les six autres qui le suivent, une autre partie ; disons la cinquième.
…………………………………….
Conclusion. On ne peut, dans une lecture, donner une idée des préjudices subis par El Manouar. Son livre 'Parcours … la passion d'un destin' est dense. Seul le style en rend la lecture aisée. Une enquête, des plaidoyers, des contre-plaidoyers. Il est presque impossible de démêler les fils de la toile ourdie. Les faits sont pétris d'arguments juridiques et administratifs. Cependant il parait, à la lecture, que, du côté Moha, ce qui prévaut c'est la loi, la jurisprudence, le respect de la fonction et du fonctionnaire. De l'autre côté, c'est le passé-outre, le mépris du droit et, encore plus, l'abus de pouvoir pour des raisons non avouées.

Tout un chacun peut parler de son parcours. Mais l'associer à la passion d'un destin est très significatif. L'auteur ne se plaint pas ; il se réclame et assume. Il constate et analyse. Il rapporte les faits et débusque les embuches. Il n'en veut même pas à ses antagonistes ; ils les dénoncent. Il décrit leurs comportements et manigances ; en dégageant les véritables raisons qui, assez souvent, les dépassent eux-mêmes. Ils ne sont que des instruments d'un système auquel, bien entendu, certains sont totalement acquis. Les scènes, parfois kafkaïennes, rapportées, ne sont là que parce qu'elles ont bien eu lieu. Elles sont là, à titre d'illustration. Elles concernent des réunions d'orientation, de passation de pouvoir, de séances de travail, de convocation par un supérieur ou par  la justice.

Le parcours, bien atypique, n'a pas réussi à anéantir Moha El Manouar. Il faut l'entendre en rappeler des épisodes, en plaisantant ; et parfois même, avec des rires bien sonores. C'est qu'il avait en lui, consciemment ou non, la conviction de Nietsh que

'Tout ce qui ne nous tue pas, nous rend forts'.




Auteur: M. Oudadess


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