
Asfidjet
Abdelmottaleb ZIZAOUI (faculté des lettres -Oujda-)
Asfidjet(*),présage en berbère, est le nouveau recueil de nouvelles de l’auteur Saïd BELGHARBI. Ces nouvelles demeurent un présage du passé vers le présent et vers le futur. Un nouveau né de la littérature berbère de l’auteur juste une année après « aswad yebuyebhen » (le regard enroué) qui vient enrichir le champ de la littérature amazighe.
Beaucoup de ces nouvelles ont été écrites dans l’autre rive de la méditerrané, c’est pour cela qu’on y retrouve la thématique de l’immigration et les problèmes qui y sont liés à ce phénomène, on y découvre aussi la nostalgie de l’immigré envers son pays natal. Ce recueil dépeint les traits des villages perdus du Rif (région berbère du nord du Maroc), ainsi que "l’errance" de ces berbères rifains dans les pays étrangers.
Saïd BELGHARBI procède d’un style d’écriture qui s’inspire de la tradition des contes, de telle sorte qu’on se croit en présence de nos grands mère berbère, réputés être les plus grandes conteuses du merveilleux. L’auteur en écrivant les nouvelles le fait dans la plume du poète, qu’il est également ce qui embellit davantage cette œuvre d’ Asfidjet.
Dans ces nouvelles on retrouve des thématiques universelles liées à l’humanité, au Rif en balancement entre hier et aujourd’hui ainsi que les questions de l’Histoire perdue, de l’identité tatouée.
Ce recueil constitue encore une fois une fibule accrochée sur le corps de la littérature amazighe, un message d’amour du cœur enflammé par la brûlure de l’écriture, et un acte de résistance pour la survie de tamazight. On entend presque le chuchotement de l’auteur qui dit à travers ses nouvelles :
Tu es mon soleil et ma lune, tu es mon âme, tu es ma mère ô ma terre, tu resteras toujours un tatouage indélébile dans mon cœur, ô chère tamazight.
Tghuyyit
Rxezrat tegga afriwen ghar ujenna yuyem-d usqinfed zi radjagh n wanuten n wul-nnes iffegh-d usqinfed-nni d iâerbab n tghuyyitin.
Zegga tugha isenned ad issummet irajan-nnes yufa tudart am tghennantt tarezz’em-d ghar-s aqemmum am yifis iffuden tisessi.
Ighuyyan, ighuyyan, ighuyyan…
Min imsaren? Isseqsa tiri-nnes umi tugha ittarem timewwa s taycitin-nnes.
Tarr-d xaf-s:
D rmexzen issexsay ighuyyan-nnegh issesghad isutar-nnegh isug-d s taqsuh’i-nnes ghar imez’rad’-nnegh yarezzu ad issexsi tagrawla di idammen-nnegh…
Tagrawla n ughrum di tbeqiyin illu,en iggwa inuda ggin ixemrawen jar aghrawen-nsen` tacnift tedwer d tarja ghar imez’rad’.
Rmexzen israz’a aydud uca ixezzar, ma ad yini nelluz’ di ighuyyan, nigh ad yini d laz’ id yusin am twasit n tzawa.
Isijj-d imal zi tburjet n umd’el-nnes, yufa âad aydud ittemrucca x ireqwaz n weghrum, yufi-t âad ittmengha akd zzman.
Saïd BELGHARBI , Asfidjet. Imprimerie Triphagraph, Berkane 2008, p: 74.
Le cri
Le regard s’est fait des ailes vers le ciel, il a puisé le soupir du fond des puits de son cœur, un soupir sorti des silhouettes des cris.
Depuis qu’il s’est adossé pour mettre la tête sur ses attentes, il a trouvé la vie comme de l’obstination, elle (la vie) ouvre sa gueule vers lui comme l’hyène assoiffée.
Des cris, des cris, des cris...
Qu’est ce que qui s’est passé ? Il a interrogé son ombre quand il cousait de ses sentiments les rivages.
Il lui a répondu :
C’est le Makhzen(**) qui éteint nos cris, il fait taire nos revendications, il a attaqué nos pauvres par sa rudesse, il veut éteindre la révolution dans notre sang.
La révolution du pain dans les cuvettes qui ont faim de pétrir, il y a les toiles (d’araignée) entre les mains des vans, le pain est devenu un rêve pour les pauvres. Le Makhzen affame le peuple, et il regarde est ce qu’il va affirmer qu’il a faim de crier, ou va-t-il dire que c’est la famine qui est arrivée comme la sécheresse ?.
L’avenir a jeté un coup d’œil par la fenêtre de sa tombe, il a trouvé encore le peuple se dispute sur les rogatons du pain, il l’a trouvé en train de faire la guerre a contre temps.
Email : amazigh39@yahoo.fr
* - Saïd BELGHARBI ,
Asfidjet. Imprimerie Triphagraph, Berkane 2008. 83 pages. Préface de Omar DEROUICH & Abdelmottaleb ZIZAOUI.
Auteur: Abdel Mottaleb ZIZAOUI