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Au sujet du roman «Amazir» de Mustapha Bouhaddar
Selon la préface du livre, Pénétrer dans le texte de Mustapha Bouhaddar, c'est accepter de sillonner un univers fait de sables mouvants, de glissades, de brusques changements de perspectives et de contextes. C'est entrer dans un ouvrage qui fonctionne sur le mode de l'improvisation, porté par une écriture souveraine, absolument dégagée des contraintes formelles. C'est en somme comme s'abandonner à ces musiques free-jazz, insaisissables, qui passent par-dessus les murs de la raison pour toucher à l'intimité et aux secrets d'un coeur.Et pourtant rien ne destinait, du moins au début, Mustapha à devenir un écrivain. Et pour cause: Il a obtenu un doctorat de mathématiques à Jussieu Si ce n'est un DEA de littérature française à l'université Paris 8. Mustapha a rédigé un mémoire sur Mallarmé « L'écriture du désastre », et un autre intitulé : « la Mort » dans l'oeuvre de Villiers Adam. Il vient tout récemment de finir son deuxième livre intitulé « Exil Amer », où il parle dans des exilés qui quittent leurs pays pour tenter leur chance ailleurs. Ce livre sortira dans trois ou quatre mois. Mais laissons Mustapha nous raconter lui-même son parcours: Ma passion pour la littérature remonte à mon enfance. En effet, quand j'étais petit, mon grandpère, qui résidait à Tafraout dans l'anti-Atlas marocain, me racontait tous les soirs, des contes berbères. On dormait sur le toit de la maison qui faisait terrasse, et j'écoutais les histoires de mon grand-père. Le ciel était pur et magnifique à tel point qu'on avait la possibilité de compter les étoiles. J'ai découvert la littérature française à Paris où j'ai fait toute ma scolarité. J'avais de très bonnes notes en math mais, je préférais la littérature. Après pour des raisons économiques, j'ai opté pour des études scientifiques. J'adore l'écriture, car comme le disait Tahar Ben Jelloun c'est un outil pratique pour briser le silence. Écrire permet de suspendre le temps. En effet, quand on écrit, on crée un espace où l'impossible devient possible. C'est comme un rêve qu'on fait les yeux ouverts. Je me rappelle avoir lu quelque part un entretien d'Omar Khayyam (le poète, mathématicien persan) avec un jeune étudiant de Bagdad qui a fait trois mois de voyage à dos de chameau pour lui demander conseil : Khayyam lui a dit :« Rentre chez toi, oublie tout ce que tu as lu dans mes livres, et essaie d'en écrire un avec tes propres mots, ta sensibilité. Pour accéder à la connaissance, aie un regard d'enfant sur les choses. » En lisant cet entretien, je me suis dis : « Khayyâm a raison. Pourquoi n'écrirai-je pas un livre pour immortaliser les histoires que m'a racontées mon grand-père jadis ! Ce dernier ne savait ni lire, ni écrire ; il connaissait ces histoires par la mémoire. Alors je me suis lancé et j'ai écrit "Amazir". "Amazir" en berbère veut dire « Homme libre », j'ai crée ce personnage pour mon roman car, il me fallait un libre penseur, comme fil conducteur pour narrer tous ces contes berbères. Le narrateur n'est pas omniscient, on ne sait pas où il va. Dès qu'on lit la première page on ne peut plus s'arrêter, on veut connaître la suite, suivre ce « Amazir » qui ne sait pas où l'emmènerait les personnages qu'il croise sur sa route. On l'accompagne dans ses aventures et ses voyages. Ce roman est une sorte de « roadmovie » à la Marocaine. On y croise des vieux aigris par la vie, des sans gênes, des pauvres, des rebelles et des riches sans scrupules. On y croise aussi des êtres qui ont l'intelligence du coeur, des êtres exceptionnels. Honnêtement, quand j'ai envoyé mon manuscrit aux éditeurs, je ne pensais pas une seconde qu'il serait retenu par le comité de lecture. Ce livre était comme une bouteille jetée à la mer. Quand j'ai reçu des réponses positives, j'étais surpris ! Peut-être que les contes berbères retracés dans mon roman ont séduit les éditeurs par leur côté unique et mystérieux. Les berbères sont des gens qui ont été élevés à la dure. Ils vivent dans les montagnes où sévit un climat rude. Ce sont des personnes hors du commun. Ils ne se plaignent jamais et acceptent leur condition. Il leur manque le rationalisme et le pragmatisme européen, pour eux le pire n'est jamais déçu. Ils croient au destin, au « mektoub ». Mais quoi qu'il arrive, ils restent
dignes, ce sont des « amazirs »
des hommes libres..
Pour en savoir plus sur Mustapha,
visiter son site WEB à :
mustaphabouhaddar.
publibook.com
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